«Justice-Force»: PASCAL,Pensées
Publié le 24/03/2020
Extrait du document
«Justice-Force»
«Il est juste que ce qui est juste soit suivi ; il est nécessaire que ce qui est fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante : la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants ; la force sans ia justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force et pour cela faire en sorte que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste.
La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste. Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste...
Ne pouvant faire qu'il soit force d'obéir à la justice, on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien.»
PASCAL,Pensées {298-299).
Approche du texte
A. Le thème :
Il s’agit du problème des rapports entre la justice et la force.
B. Question implicite à laquelle le texte répond :
La justice idéale respectant la dignité de l’homme peut-elle s’incarner dans les individus et les institutions ?
paraître avoir le droit de son côté. En ce sens, Rousseau affirmait : «Le plus fort n'est jamais assez fort s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir.» Autrement dit, la force ne peut durer. si elle ne se trans-. forme pas en situation juridique et morale. Justice et force s’appellent donc mutuellement : «Il faut faire en sorte, que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste» ; dans le premier cas il s’agit de la justice idéale, dans le second cas, d'un simulacre de justice destiné à faire accepter la force, c'est alors une justice conventionnelle, une justice extérieure qui a cependant pour Pascal le mérite de faire régner l'ordre dans la société.
«
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�··�à ..
·-··,
.
a)
Idée générale :
1 La
justice ré�ant d�s .l'humanité n'est qu'une fo
rce que
l'on considère comme légitime.
b) Structure logique du texte
_:
«Il est juste •..
ce qui est fort soit juste» : démonstration du
besoin réciproque de la justice et de la force.
«La justice est sujette à dispute ...
ce qui est fort soit juste» :
la justice authentique ne peut pénétrer dans les institutions.
«Ne pouvant faire ...
souverain bien» : la paix même impar
faite doit'être protégée.
1 Analyse du texte
A.
Explication commentée :
a) «Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire
que ce qui est fort soit· suivi» : Pascal oppose icî une
évidence de droit à une évidence de fait.
te premier
membre de phrase fait allusion à la justice idéale, l'auteur
avance l'exigence d'une conscience droite posant comme
devoir la réalisation de ce qui est juste, sil 'démonstration
souligne qu'en réalité cette justice idéale n'est pas «suivie».
Le second membre de phrase est alors une constatation
de fait : la force présente une contrainte telle qu'il est
impossible à l'individù de s'y dérober : céder à la force est
donc un acte de nécessité.
«La justice sans la iorce est impuissante, la force sans la
justice est tyrannique» .' Si le sujet du droit est sans force
et s'il a affaire à des «méchants», le pouvoir moral lié à la
jÙstide n'est ·pas reconnu car il suppose de la parf d'autrni
une volonté bonne, si cette volonté n'existe.
pas, le pouvoir
moral lié à la justice n'est que faiblesse.
D?
autre part, si la
force pure, séparée de la justice s'installe, ·on aboutit à la
tyrannie, gouvernement despotique, irijuste, souvent cruel ;
c'est ainsi que la force pure, «la force sans la justice est
accusée», ce qui !1tieste une secrète insuffisance de la force :
la fo
rce pure peut toujours en effet être renversée par
une force plus grande, cèlà explique que par instinct, mais
aussi quelqut:f o
is par .préméditation, le plus fort veut
61.
»
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