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Jusqu'où peut-on opposer l'artiste et l'artisan ?

Publié le 20/09/2005

Extrait du document

Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche. Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté. Et cette subordination n'est pas momentanée. L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté. Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot qu'il est moins attrayant. »Marx, « Le Capital »,I, 3ième section, chapitre 7.Les premières lignes du texte soulignent le caractère formateur du travail pour l'humanité.

Observation. — Le terme hypothèse est susceptible de bien des sens différents. A notre avis, il y a lieu d'insister surtout ici sur le sens expérimental Introduction. Étymologiquement, le terme hypothèse désigne un principe qui est mis à la base (hypo, sous) d'une construction intellectuelle. Au sens logique, une proposition est hypothétique lorsque l'assertion qu'elle renferme est soumise à une condition (par ex., si telle cause est donnée, tel effet s'ensuivra), tandis que, dans les propositions catégoriques, l'assertion n'est subordonnée à aucune condition. Dans la science, ces divers sens se rencontrent.

 

« sensible d'un contenu spirituel" ou encore "le milieu entre le sensible et l'intelligible".

Dans des notes de cours qui ont reçu le titre d' « Esthétique » (posthume), Hegel (1770-1831) écrit: « L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure. » Une formule plus rigoureuse précise: « Le contenu d'une oeuvre d'art est tel que, tout en étant d'ordre spirituel, il ne peut êtrereprésenté que sous une forme naturelle. » Il s'agit, pour l'auteur de la « Phénoménologie de l'esprit » et de la « Logique », de montrer la haute valeur spirituelle de l'art, de souligner ses affinités avec la religion et la philosophie, mais aussi- d'en assigner les limites:« L'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé.» Contre tous ceux qui font de l'art une activité opposée à la pensée et auconcept, que ce soit au nom de l'enthousiasme, du génie, de l'inspiration,Hegel réaffirme la valeur spirituelle de l'art.

L'art ne s'oppose pas à laphilosophie, à la science, à la religion.

Il ne se réduit pas à l'exaltation dusentiment, au jeu, à l'expression personnelle.

Si l'oeuvre d'art s'offre auxsens, agit sur notre sensibilité, elle n'en présente pas moins, bien aucontraire, une valeur intellectuelle.

« L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure » signifie d'abord que si l'oeuvre d'art se présente comme un objet, offert aux sens, elle vise la pensée et possède un contenuspirituel de la plus haute importance.

Si: «L'homme s'est toujours servi de l'art comme d'un moyen de prendre conscience des idées et des Intérêts les plusélevés de son esprit, les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l'art, les ontexprimées et en ont pris conscience par le moyen de l'art. » C'est que: « la plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie ». Il suffirait pour s'en convaincre de se souvenir de ce que furent la tragédie grecque ou l'architecture médiévale.

Formidable moyen d'éducation, l'art religieux manifeste l'expansion du christianisme comme il permet d'apprendre à lapopulation illettrée l'histoire sainte.

La tragédie grecque, véritable institution politique (la totalité des citoyensassistait aux concours tragiques), représente un moyen pour la cité de s'interroger sur elle-même, sur ses mythes,sur ses valeurs, sur la place respective des dieux et des hommes, sur la responsabilité humaine, etc. Dans l'art véritable n'apparaît pas seulement l'expression personnelle du génie de l'artiste, mais aussi toutes lesinterrogations et les conceptions d'une époque qui se donnent une forme objective (celle de l'oeuvre); l'oeuvre estmoyen pour l'esprit de se contempler lui-même. Le génie d'un peuple, « ses idées et ses intérêts les plus hauts » sont extériorisés par le moyen de l'oeuvre d'art.

Les pensées s'y donnent une forme objective, sensible, qui permet à nos conceptions de devenir lisibles,accessibles. Hegel y voit la source du besoin d'art.

Toutes les sociétés humaines, aussi « primitives » qu'elles paraissent, onttoujours connu une activité artistique, parce que: « l'oeuvre d'art est un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est », c'est-à-dire prend conscience de ce qu'il est.

Ainsi, quelle que soit la part d'apparence et d'emprunt au sensible qui se manifeste dans l'oeuvre: « ces formes ou ces sons sensibles, l'art les crée non pour eux-mêmes et tels qu'ils existent dans la réalité immédiate,mais pour la satisfaction d'intérêts spirituels supérieurs ». Si l'on voit alors clairement pourquoi: « l'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure », reste à lever deux objections.

Celle qui fait de l'activité artistique une simple imitation de la nature, ou celle qui ne voit dans l'artqu'un simple jeu d'apparence et d'illusion. Hegel n'a pas de phrases trop dures pour ceux qui font de l'art une simple imitation de la nature.

« Il y a des portraits dont on a dit spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. » Si l'oeuvre n'était qu'une simple copie de la nature, elle n'aurait aucune valeur.

En effet, créer se réduirait à une simple routine, à une habileté,puisque le contenu de l'oeuvre et sa matière seraient fournis par le modèle.

L'homme n'y produirait rien de lui-même.

En ce cas, l'homme pourrait « être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, car ce sont des inventions originales et non imitées ». De même, voir dans l'oeuvre un simple jeu, un simple travail d'illusionniste est méconnaître l'activité artistique.

Endéclarant: « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable d'une part, et le contenuvrai des événements de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute, celle de. »

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