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Jürgen Habermas et John Rawls, Débat sur la justice politique, Paris , Cerf, 2005.

Publié le 03/09/2014

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Jürgen Habermas et John Rawls, Débat sur la justice politique, Paris , Cerf, 2005. L’extrait que nous allons commenter est tiré de Débat sur la justice politique, texte qui rassemble deux articles de Jürgen Habermas et un de John Rawls. Les deux auteurs se livrent à une sorte de querelle de famille, étant tous deux issus de la tradition kantienne, chacun à sa manière. Le premier se réclame d’un républicanisme kantien tandis que le second se revendique d’un libéralisme politique. Les deux auteurs ne sont pas si éloignés que l’on pourrait le croire, mais il est intéressant de suivre leur discussion argumentative tout au long de l’ouvrage puisque cela permet de clarifier certains points de leurs positions respectives et de mieux apercevoir leurs points communs. Notre commentaire concerne plus exactement les pages 12 à 26, qui correspondent à la première critique de Habermas, concernant la position originelle chez Rawls. Le texte commence en effet par reprendre trois points de la théorie de la justice de Rawls, critiqués tour à tour par Habermas: la position originelle, le pluralisme et le consensus par recoupement avant d’aborder la différence entre public et privé. La première partie à propos de la position originelle est elle-même subdivisée en trois grandes sous-parties correspondant à trois questions fondamentales selon Habermas: L’égoïsme rationnel des partenaires est-il compatible avec la prise en compte des intérêts prioritaires de ceux qu’ils défendent? Doit-on assimiler les droits et les biens fondamentaux? Le voile d’ignorance garantit-il l’impartialité du jugement?  Mais Habermas commence par récapituler sa façon de voir la position originelle de Rawls. Il s’agit d’une image utilisée par ce dernier pour créer une situation fictive durant laquelle les représentants des citoyens seraient soumis à certaines restrictions qui leur permettraient d’accéder à une parfaite impartialité par rapport aux questions de justice dans la cadre de prises de décisions rationnelles. Ces représentants ne bénéficieraient donc pas comme les citoyens de leur pleine et entière autonomie, celle ci ne pouvant s’exercer que dans une société déjà bien ordonnée. Pour en arriver au concept de position originelle, Rawls reprend le concept d’autonomie politique, qui se compose pour lui des «propriétés moralement neutres de partenaires en quête de leur avantage rationnel» et des «restrictions moralement pertinentes de la situation». Les restrictions sont telles que les représentants ne possèdent que deux qualités: «la capacité d’être rationnel et d’agir en fonction de la conception déterminée du bien que nous avons à un moment donné». Ceux qu’il appelle les partenaires (les représentants dans cette position originelle) prennent leurs décisions selon leurs propres valeurs, ou celles des citoyens qu’ils représentent, et non selon un point de vue moral, puisque cela impliquerait de prendre l’intérêt de tous en compte. Or leur impartialité leur vient du fait qu’ils ne soient pas intéressés les uns par rapport aux autres. Ils se trouvent derrière un «voile d’ignorance» qui les rend impartiaux et égaux. Ce voile d’ignorance cach...

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« Doit-on assimiler les droits et les biens fondamentaux? Le voile d'ignorance garantit-il l'impartialité du jugement?     Mais Habermas commence par récapituler sa façon de voir la position originelle de Rawls.

Il s'agit d'une image utilisée par ce dernier pour créer une situation fictive durant laquelle les représentants des citoyens seraient soumis à certaines restrictions qui leur permettraient d'accéder à une parfaite impartialité par rapport aux questions de justice dans la cadre de prises de décisions rationnelles.

Ces représentants ne bénéficieraient donc pas comme les citoyens de leur pleine et entière autonomie, celle ci ne pouvant s'exercer que dans une société déjà bien ordonnée.

Pour en arriver au concept de position originelle, Rawls reprend le concept d'autonomie politique, qui se compose pour lui des «propriétés moralement neutres de partenaires en quête de leur avantage rationnel» et des «restrictions moralement pertinentes de la situation».

Les restrictions sont telles que les représentants ne possèdent que deux qualités: «la capacité d'être rationnel et d'agir en fonction de la conception déterminée du bien que nous avons à un moment donné».

Ceux qu'il appelle les partenaires (les représentants dans cette position originelle) prennent leurs décisions selon leurs propres valeurs, ou celles des citoyens qu'ils représentent, et non selon un point de vue moral, puisque cela impliquerait de prendre l'intérêt de tous en compte.

Or leur impartialité leur vient du fait qu'ils ne soient pas intéressés les uns par rapport aux autres.

Ils se trouvent derrière un «voile d'ignorance» qui les rend impartiaux et égaux. Ce voile d'ignorance cache en fait aux partenaires leur position dans la société qu'ils doivent ordonner.

Ils n'ont aucun indice sur ce qu'ils seront dans cette société.

Le fait qu'ils soient dans le flou implique qu'ils s'attachent à réfléchir ce qui serait «également bon pour tous» de manière tout à fait égoïste: si je ne sais pas ce que je vais être, je tendrai à vouloir une société qui propose une égale répartition des biens, pour que qu'elle. »

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