« J'ose presque assurer que l'état de réflexion est un état contre nature et que l'homme qui médite est un animal dépravé. » Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1754. Commentez.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
304 / Dépravation • 60 ·
affirmait que l'homme n'était qu'un roseau, mais qu'il
-était un roseau pensant et que sa dignité, sa_grandeur
tenaient
dans cette aptitude à penser.
Rousseau ren
verse complètement les termes de
l'équation.
Il con
serve l'idée, difficile
à nier, d'une part d'animalité dans
l'homme, mais la vie en société et la pensée elle-même
sont envisagées d'une façon négative.
Sentant
la relative énormité de ce qu'il va avancer, Rous
seau prend ses précautions
(«.,,ose presque assurer ...
») ;
il n'en reste pas moins que le fait de penser est assimilé
à
une dépravation, c'est-à-dire à un égarement hors des
voies qui conduisent
au bien.
La suite du développement
permet d'expliquer cette formule provocante:
« Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingé
nieuse
à qui la nature a donné des sens pour se rèmon
ter elle-même, et pour se garantir, jusqu'à un certain
point, de tout
ce qui tend à la détruire, ou à la déran
ger.
J'aperçois précisément les mêmes choses dans la
machine humaine, avec cette différence que la nature ·
seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que
l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent .
libre.
L'un choisit ou rejette par instinct, et l'autre par un
acte de liberté; ce qui fait que la bête ne peut s'écarter
de la règle qui lui est' prescrite, même quand il foi serait
avantageux de le faire, et que l'homme s'en écarte sou
vent
à son préjudice.
C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un
bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur des
tas de fruits, ou de grain, quoique l'un et l'autre pût
très bien se nourrir de l'aliment qu'il dédaigne,
s'il
s'était avisé d'en essayer; c'est ainsi que les hommes
dissolus se livrent
à des excès, qui leur causent la fièvre,
et la mort; parce que l'esprit déprave les sens, et que
la volonté p~rle encore, quand
lz nature se tait.
»
Sur un plan purement physique, la pensée altère la
pureté de l'instinct et ~mit de ce fait à la santé.
Sur le
.
-------,.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- j'ose presque assurer que l'état de réflexion est un état contre nature, et que l'homme qui médite est un animal dépravé. Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes Rousseau, Jean-Jacques. Commentez cette citation.
- « C'est la raison qui engendre l'amour-propre, et c'est la réflexion qui le fortifie ; c'est elle qui replie l'homme sur lui-même ; c'est elle qui le sépare de tout ce qui le gêne et l'afflige [...]. » Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1754. Commentez.
- Rien n'est si doux que lui (l'homme) dans son état primitif, lorsque, placé par la nature à des distances égales de la stupidité des brutes et des lumières funestes de l'homme civil et borné également par l'instinct et par la raison à se garantir du mal qui le menace, il est retenu par la pitié naturelle de faire lui même du mal à personne, sans y être porté par rien, même après en avoir reçu. Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Commentez
- Il y a une autre qualité très spécifique qui les (l'homme et l'animal) distingue et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c'est la faculté de se perfectionner. Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. 1755. Commentez cette citation.
- LA NATURE DE L'HOMME "Tant que nous ne connaîtrons point l'homme naturel, c'est en vain que nous voudrons déterminer la loi (...) qui convient le mieux à sa constitution." Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité, 1754. Commentez cette citation.