John Stuart Mill, La Nature.
Publié le 15/09/2014
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Si le cours naturel des choses était parfaitement bon et satisfaisant, toute action serait une ingérence inutile qui, ne pouvant améliorer les choses, ne pourrait que les rendre pires. Ou, si tant est qu'une action puisse être-justifiée, ce serait uniquement quand elle obéit directement aux instincts, puisqu'on pourrait éventuellement considérer qu'ils font partie de l'ordre spontané de la nature ; mais tour ce qu'on ferait de façon préméditée et intentionnelle serait une violation de cet ordre parfait. Si l'artificiel ne vaut pas mieux que le naturel, à quoi servent les arts de la vie? Bêcher, labourer, bâtir, porter des vêtements sont des infractions directes au commandement de suivre la nature.
[„..] Tour le monde déclare approuver et admirer nombre de grandes victoires de l'art sur la nature: joindre par des ponts des rives que la nature avait séparées, assécher des marais naturels, creuser des puits, amener à la lumière du jour ce que La nature avait enfoui à des profondeurs immenses dans la terre, détourner sa foudre par des paratonnerres, ses inondations par des digues, son océan par des jetées.
Mais louer ces exploits et d'autres similaires, c'est admettre qu'il faut soumettre les voies de la nature et non pas leur obéir ; c'est reconnaître que les puissances de la nature sont souvent en position d'ennemi face à l'homme, qui doit user de force et d'ingéniosité afin de lui arracher pour son propre usage k peu dont il est capable, et c'est avouer que l'homme mérite d'être applaudi quand ce peu qu'il obtient dépasse ce qu'on pouvait espérer de sa Faiblesse physique comparée à ces forces gigantesques.
Tout éloge de la civilisation, de l'art ou de l'invention revient à critiquer la nature, à admettre qu'elle comporte des imperfections, et que La tâche et le mérite de l'homme sont de chercher en permanence à les corriger ou les atténuer,
John Stuart Mill,
De plus, c'est une « ingérence « parce que la cause initiatrice de l'action n'est justement pas la nature elle-même, qui, elle, est censée suivre son cours ordonné. Et c'est justement sur ce point que l'on peut faire, à la limite, une concession.
Pour qu'il n'y ait pas perturbation, il ne faut pas qu'il y ait ingérence. Autrement dit, toute « action « justifiée dans le cours naturel des choses doit faire partie de ce dernier. Elle doit être faite en conformité avec la loi propre de la nature. Ce pourquoi Mill évoque « l'instinct «.
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