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JOHN LOCKE: « Essai sur la compréhension humaine » - l'homme comme une page blanche, une "tabula rasa"

Publié le 29/12/2022

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« INTRODUCTION Le philosophe et théoricien politique anglais John Locke (1632-1704) a jeté une grande partie des bases des Lumières et a apporté une contribution centrale au développement du libéralisme.

Formé en médecine, il a été l'un des principaux défenseurs des approches empiriques de la révolution scientifique.

Dans son « Essai sur la compréhension humaine », il a avancé une théorie du soi comme une page blanche, avec la connaissance et l'identité découlant uniquement de l'expérience accumulée.

Sa théorie politique du gouvernement par le consentement des gouvernés comme moyen de protéger les trois droits naturels que sont «la vie, la liberté et la succession » a profondément influencé les documents fondateurs des ÉtatsUnis.

Ses essais sur la tolérance religieuse ont fourni un premier modèle pour la séparation de l'Église et de l'État. I. LA BIOGRAPHIE ET LA BIBLIOGRAPHIE DE JOHN LOCKE 1- La biographie de John Locke Philosophe anglais, John Locke est né à Wrington (Angleterre) dans le comté du Somerset le 29 août 1632.

Fils d'un greffier de justice, capitaine de l'armée parlementaire, il fait ses études à Westminster puis à l'université d'Oxford.

S'il souhaite d'abord se lancer dans la médecine, la découverte des écrits de Descartes, puis ceux de Thomas Hobbes et Francis Bacon vers 1659 le pousse vers la philosophie.

Il se lie alors d'amitié avec lord Ashley Cooper, futur chancelier d'Angleterre, qui lui confie l'éducation de son fils et lui offrira plusieurs missions diplomatiques.

John Locke passe une partie de sa vie en voyage, s'installant notamment pendant quelque temps en France, à Montpellier.

Suite aux suspicions d'implication de lord Ashley dans la tentative d'assassinat du roi Charles, John Locke est contraint à l'exil aux PaysBas, exil dont il ne reviendra que six ans plus tard.

Jamais marié, ni père, il meurt le 28 octobre 1704 et repose au cimetière de l'église de High Laver (Angleterre), où il résidait depuis 1691. 2- Bibliographie de John Locke Ses premières œuvres sont publiées à la fin des années 1660, mais ses principaux essais que sont "Lettre sur la tolérance", "Essai sur l'entendement humain", "Les deux Traités du gouvernement civil" et "Pensées sur l'éducation" datent de 1689 à 1693.

À travers ces ouvrages influencés par le rationalisme cartésien, John Locke s'oppose à la scolastique de ses études à Oxford et devient le fondateur de l'empirisme philosophique.

L'empirisme définit l'homme comme une page blanche, une "tabula rasa" qui acquiert la connaissance par l'expérience.

Sa théorie politique connaîtra par la suite une importance considérable sur la pensée du libéralisme, notamment sur la notion d'État de droit. Essai sur la tolérance, GF Flammarion, Paris, 2007 Lettre sur la tolérance, GF Flammarion, Paris, 2007 Essai sur l’entendement humain, le Livre de poche, Paris, 2009 Les deux Traités du gouvernement civil, GF Flammarion, Paris, 1999 I. PHILOSOPHIE DE JOHN LOCKE 1- Sa philosophie a.

Attention volontaire et attention non volontaire Avant de nous concentrer sur les seules idées, exposons d’abord la manière dont Locke pense que l’attention peut être dirigée par le corps, et plus précisément la manière dont elle peut être volontairement dirigée par les efforts combinés des forces de l’esprit et du corps : Quand je tourne les yeux d’un autre côté, quand j’écarte mon corps des rayons du soleil, je suis vraiment actif, car, de mon propre choix, par un pouvoir qui est en moi, je me mets moimême en mouvement ; une telle action est le fait d’un pouvoir actif. La seule manière pour l’esprit d’être actif dans la réception des idées sensibles est d’être attentif, de manière générale, à ce que les sens peuvent livrer.

Nous pouvons nous efforcer à rester vigilants, à diriger notre regard d’un côté ou de l’autre, à nous concentrer sur les goûts plutôt que sur les sons, etc.

(voir IV.xiii.12).

Locke peut bien admettre une telle activité interne, mais en ce qui concerne le processus réel de formation des idées, les choses externes entrent toujours de force dans l’esprit (II.i.6). Nous disposons aussi du pouvoir de choisir parmi les pensées qui entrent dans l’esprit celle « sur laquelle il portera sa pensée et [ainsi que du pouvoir] de poursuivre l’examen de tel ou tel sujet avec application et attention ».

En divers passages, Locke parle de ce genre de pensée réflexive comme étant clairement active.

Ainsi, il caractérise parfois la réflexion comme nécessitant un certain effort (taking pains : I.ii.11 ; II.vi.2 ; II.ix.10) et parle d’une « réflexion considérable » (considérable réflexion : II.i.8) ou du fait de réfléchir « plus ou moins ».

De tels passages renvoient à un type d’état réflexif que Locke appelle contemplation.

Celle-ci relève d’un certain type de réflexion au sens où elle implique le fait de diriger ou de focaliser son attention.

Mais la différence majeure qu’il y a chez Locke entre sa notion technique de réflexion et celle de contemplation est que cette dernière prend les idées pour objets sans être elle-même une source d’idées [10][10]Voir Daniel Mishori, « Locke on the Inner Sense and Inner….

L’esprit peut réflexivement se prendre lui-même pour objet si des objets potentiels d’attention lui sont déjà accessibles dans l’expérience.

Ces objets potentiels sont « les idées que les sens et la réflexion lui ont offertes à contempler »: b.

l’attention pleinement volontaire et les actes propres de l’esprit Nous avons vu que Locke admet qu’il existe une attention non volontaire lorsqu’une idée est assez puissante pour être remarquée et laisser une trace dans la mémoire.

Nous prenons pour conceptuellement établi que les deux formes d’attention impliquent que leurs objets potentiels soient déjà accessibles dans l’expérience.

Si l’attention pleinement volontaire se trouve être au cœur même de l’enquête de Locke, c’est que seuls les objets externes – et non les objets internes – peuvent être suffisamment puissants pour forcer l’esprit à leur porter attention.

Le parallèle indiqué entre rapport de l’esprit aux idées des choses externes et son rapport aux idées des choses internes s’arrête précisément ici – ce qui est particulièrement instructif quant au projet général de l’Essai. La condition selon laquelle l’esprit peut volontairement porter son attention sur n’importe quel objet pourvu qu’il en ait des idées – qu’elles soient fournies par la réflexion ou la sensation – vaut tant des idées des choses externes que des idées des choses internes.

Et auparavant, nous avions déjà noté qu’il y avait un profond parallélisme entre la sensation et la réflexion en tant que sources des idées.

Notons cependant que la condition mentionnée ne concerne que l’attention volontaire.

Et rappelons pour finir que l’attention volontaire comprend un élément non volontaire, à savoir que c’est l’objet de l’attention qui affecte l’esprit plus que l’esprit qui saisit cet objet.

Le parallélisme s’arrête précisément à la considération de cet élément non volontaire : Locke ne pense pas que cet élément concerne les opérations mentales.

Les idées externes peuvent bien entrer dans l’esprit avec une telle force ou vivacité qu’elles captent l’attention – par exemple, les sens peuvent nous faire remarquer ce qui est confortable ou non pour le corps – mais les opérations mentales ne le peuvent pas. c.

l’esprit passivement réflexif Tournons-nous d’abord vers la façon dont Locke caractérise la passivité de l’esprit afin de pouvoir déterminer ensuite en quel sens il peut être attentif.

Comme on le sait, Locke ne reconnaît que deux sources exclusives des idées : la sensation et la réflexion.

La sensation fournit à l’esprit les idées des objets externes et des qualités sensibles, du mouvement, du repos, etc.

(II.i.3), et la réflexion fournit à l’esprit les idées de ses propres opérations, c’est-àdire les idées des actes mentaux en tant qu’actes, à savoir les actes de la perception – voir, entendre, etc.

– et les actes de la volonté – juger, désirer, imaginer, etc.

(II.i.4).

Il y a une similitude d’ensemble entre la sensation et la.... »

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