John Locke, Deuxième traité du gouvernement civil
Publié le 19/04/2014
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LOCKE: « Il est certain que la fin d’une loi n’est pas d’abolir ou de restreindre la liberté mais de la préserver et de l’augmenter. Ainsi, partout où vivent des êtres créés capables de lois, là où il n’y a pas de lois il n’y a pas non plus de liberté. Car la liberté consiste à n’être pas exposé à la contrainte et à la violence des autres ; ce qui ne peut se trouver là où il n’y a pas de loi. La liberté n’est toutefois pas, comme on le prétend, le loisir pour tout homme de faire ce qui lui plaît – qui, en effet, serait libre là où n’importe quel autre, d’humeur méchant, pourrait le soumettre ? – mais le loisir de conduire et de disposer comme il l’entend de sa personne, de ses biens, et de tout ce qui lui appartient, suivant les lois sous lesquelles il vit ; et par là, de n’être pas sujet à la volonté arbitraire d’un autre mais de suivre librement la sienne propre. «
John Locke, Deuxième traité du gouvernement civil, 1690.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2. a) Expliquez : « la liberté consiste à n’être pas exposé à la contrainte et à la violence des autres «.
b) Pourquoi la liberté ne consiste-t-elle pas pour chacun à « faire ce qui lui plaît « ?
c) Expliquez : la liberté est « le loisir de conduire et de disposer comme il l’entend de sa personne, de ses biens, et de tout ce qui lui appartient «.
3. Les lois ont-elles pour but de préserver et d’augmenter la liberté ?
J. Locke soutient la thèse selon laquelle le but de la loi n’est pas de limiter la liberté au risque de l’étouffer, mais, dit-il, « de la préserver et de l’augmenter «. Cependant, cette hypothèse n’est recevable que si nous définissons la loi. Qu’est-ce qu’une loi ? Et en quoi la loi serait-elle la condition de possibilité de la liberté politique ?
«
tous se voit protégée et conservée.
En limitant nos instincts et nos désirs, elle autorise aussi
l’épanouissement de ceux des autres, et par là elle permet d’accéder au bonheur.
Par et dans les limites
prescrites par les lois, aucun n’est assujetti à une volonté autre, arbitraire et aux caprices d’ autrui.
La vraie
liberté consiste donc à n’obéir qu’à sa propre volonté dans le respect des lois.
J.
Locke approche négativement la liberté en insistant sur le fait qu’être libre c’est « n’être pas
exposé à la contrainte et à la violence des autres ».
Il fait référence à l’hypothèse d’un état de nature
travaillée par certains auteurs (Hobbes, Rousseau) avec un réaménagement pour mieux comprendre le
statut de la liberté dans son rapport aux lois.
Dans l’état de nature, ne règne que la loi du plus fort.
Le droit
d’user d’autrui selon mon seul plaisir pour autant que ma puissance me le permet.
La liberté naturelle ne
se mesure qu’à l’aune de mon pouvoir et de mes désirs.
Or l’institution de la loi si elle contrarie la liberté
naturelle, celle de faire ce qu’ il me plaît, délimite l’expression des désirs d’autrui.
La loi est ainsi
protectrice de l’expansion et de l’extension des désirs de l’autre.
Pour J.
Locke, la liberté naturelle n’est
rien d’autre qu’une tyrannie spontanée.
Que serait une liberté qui rendra it possible l’esclavage ? Que
deviendrait -elle face à un être « d’humeur méchante », c’est -à -dire devant un homme violent qui
s’approprierait de moi comme bon lui chante.
Sans le secours de la loi, nous serions plongés dans un état
de violence continue de telle sorte qu’en définitive personne ne serait vraiment libre et ne pourrait en
aucun cas jouir de ses possessions.
La loi est alors le pivot du passage de l’état de nature à l’état politique
en ayant pour vocation de faire taire la violence.
Dès lors, la loi cesse d’être l’expression de la force pour
devenir la conditio sine qua non de la liberté authentique.
Locke renouvelle la vision de la liberté qui est nôtre : nous sommes convaincus qu’être libre, c’est
réaliser tous nos désirs, n’agir que selon le plaisir.
Nous sommes ainsi intimement persuadés que la liberté
ne connaît aucune borne, aucune limite si ce n’est celle du désir.
On se prononce donc pour une liberté
absolue et radicale comme faire ce qui nous semble bon.
Et dès lors que nous nous aperce vons que la
liberté reçoit des limites, alors nous concluons précipitamment à l’absence totale de liberté.
De fait, cette
perception de la liberté est plus proche de celle de l’état de nature que de l’état politique.
On confondrait
donc la liberté naturell e avec la liberté politique.
Et Locke précisément de repenser la liberté
politiquement comprise.
En quoi consiste -t- elle réellement ?
L’authentique liberté est dans le loisir de « conduire et de disposer comme il l’entend de sa
personne, de ses biens et de tout ce qui lui apparient » dans les limites édictées par la loi.
Ce qui requiert la
libre acceptation des lois.
Mais comment être libre tout en ob éissant aux lois ? Locke revis ite la relation
entre liberté et loi.
Tout d’abord, la loi protège l’accompli ssement des désirs d’autrui tout en contrariant la
violence qu’il est prêt à déployer pour les exercer.
Ensuite, elle autorise la concrétisation de mes propres
désirs par le vais d’une maîtrise de soi pour éviter de faire violence à autrui.
Autrement dit, être livre, c’est
pleinement décider de ce que je veux faire de mon existence et de mes biens dès lors que l’usage de cette
liberté ne porte pas atteinte à la personne et aux viens des autres.
La loi a ainsi une double fonction : elle
garantie la réalisation de soi et la jouissance des biens en les mettant à l’abri de la convoitise des autres ;
elle me délivre de la puissance tyrannique de mes désirs miens, en me détournant de ceux qui sont
préjudiciables à autrui.
Les lois ont -elles pour but de préserver et d’augmenter la liberté ? Cette question a une dimension
problématique : si la liberté comme faire ce que je veux est une illusion dangereuse, comment une règle
juridico -politique pourrait -elle préserver la liberté tout en me soumettant aux lois ?
La thèse lockéenne est claire : pas de liberté à l’extérieur de la loi.
Plus paradoxal : il n’y a de
liberté possible que par et dans la loi.
En effet, la loi préserve la liberté, c’est -à -dire qu’elle la rend
possible d’une part, et qu’elle la garantisse , d’ autre part.
l’état de nature n’est autre que la guerre
généralisée, « la guerre de tous contre tous » comme le dira Hobbes.
La liberté ne serait commandée que
par un rapport de force, elle serait constamment menacée de disparaître dans des relations de maî tre à
esclave.
L’homme naturel serait dépendant du désir, des caprices de l’autre.
Bref, la liberté des uns.
»
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