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Jeux de l'amour et du hasard

Publié le 26/06/2016

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amour
Introduction À la fin du XVIII siècle, les titres de noblesses héréditaires sont majoritairement contestés. La valeur de l’individu commence à être considérée propre à son âme et non en rapport avec sa richesse et la position sociale n’est que le fruit du hasard de la naissance. Certaines œuvres mettent en avant le couple maître-serviteur afin de faire ressortir cette réalité sociale. C’est ainsi que Marivaux , romancier, moraliste et auteur comique, dans sa pièce de théâtre Le Jeux de l’amour et du hasard écrite en 1730 inverse les rôles entre maîtres et valets. L’extrait que nous allons étudier est la scène d’exposition de cette œuvre : un échange vif entre Sylvia et sa servante à propos du mariage arrangé par son père et qui va être remis en cause. Nous allons voir comment cette scène d’exposition traduit une critique sociale. Il serait intéressant d’étudier en quoi cette scène d’exposition est dynamique, sur quelles oppositions elle est construite et quelle critique sociale en ressort. Traditionnellement la première scène dite d’exposition d’une pièce de théâtre donne toutes les informations nécessaires aux spectateurs pour comprendre la pièce. Dès le début de l’échange, entre Sylvia la maitresse et lisette la servante le spectateur est plongé au cœur de l’action rendant la pièce à la fois plus vivante et plus dynamique. En effet, nous avons là, un début « in medias res » . Le fait d’être projeté dans l’histoire, sans explication préalable sur la situation, attise la curiosité du spectateur : il veut en savoir plus. Le premier mot est «  mais », une conjonction de coordination, exprimée par Silvia suggérant un dialogue antérieur. Le « mais » contredit une thèse énoncée auparavant. Ainsi, le lecteur est jeté dans la pièce sans repère dans une conversation animée qu’il s’empresse de vouloir comprendre et suivre. Les deux acteurs de la scène conversent à propos du mariage ce qui met en place l’enjeu principal de l’intrigue : le père de Sylvia veut la marier : «  qu’il vous marie (…) » mais elle n’est pas d’accord :« (…) je ne m’ennuie pas d’être fille ». Les personnages sont également présentés : Nous avons d’abord Sylvia, la maîtresse sans particule, dont la plus haute positon sociale s’exprime à travers l’utilisation d’un tutoi...
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« critère de jugement sentimental, moral et affectif du futur mari : « (..) aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l’amour ; sociale et spirituelle, voilà pour l’entretien de la société ». .

Elle dirige également la conversation : elle a parlé a Monsieur Orgon sans l’accord de Sylvia : « Monsieur votre père me demande si vous êtes aise qu’il vous marie (…) moi je lui répond que oui.

».

De plus elle questionne à plusieurs reprise sa maîtresse: « De quoi le votre ne s’avise-t-il de n’être fait comme celui de personne ? » .

En outre, elle se fonde sur les convenances de l’époque et répond sans hésitations à sa maîtresse.

De plus elle domine la conversation par des répliques beaucoup plus longues que sa maîtresse .

Par exemple Lisette dit : « on dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde ; qu’il est bien fait, aimable de bonne mine ; qu’on ne peut pas avoir plus d’esprit, qu’on ne peut pas avoir plus d’esprit ; qu’on ne saurait être d’un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? Peut on se figurer de mariage plus doux, d’union plus déliceuse » ? Face à cette longue tirade, Silvia ne répond que par deux petites phrases.

Elle ne trouve pas d’arguments pour contrer sa servante et essaye de réaffirmer sa domination en la tutoyant : « que tu es folle ».

Ainsi, cette scène d’exposition repose sur de nombreuses oppositions entre ces deux filles et sur une inversion des rapports de force entre une maîtresse dominée et sa servante.

Leur dispute dénonce les conditions sociales de l’époque. Jusqu’au XVIII siècle, chez les classes bourgeoises, la femme devait se contenter du mari que leur père leur imposait.

Les principaux critères du mariage reposaient sur la bonne apparence et sur la richesse.

Il n’était chez eux pas question d’amour, seul la situation importait.

Ainsi Sylvia apparaît comme un personnage hors norme pour son époque.

Son esprit reste ouvert, réfléchi et sensible aux dangers du mariage Elle s’interroge et craint que le mari ne lui convienne pas : « peut-être ne me conviendra-il point et cela m’inquiète ».

Elle voit plus loin que la condition sociale. Elle souhaite également de profiter de sa relative liberté avant le mariage : « je ne m’ennuie pas dêtre fille » Son père, monsieur Orgon est lui aussi un personnage singulier pour son époque.

En effet, si il dispose du droit de marier sa fille sans son consentement, il se soucie tout de même de son bonheur : « Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu’il vous marie ».

Il s’informe par Lisette des sentiments de celle-ci.

Or la soubrette lui répond que « cela, va de suite ».

Lisette, quant à elle, ne comprend pas Sylvia : « c ‘est que j’ai cru que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ».

En outre, la servante contrairement à sa maitresse, Lisette n’a pas l’esprit ouvert.

Elle demeure conditionné par son environnement sociale sans possibilité d’évolution.

Elle privilégie l’apparence : « bien fait », « aimable », « de bonne mine » ainsi que l’ascension sociale : « un des plus honnêtes hommes ».

Elle se fonde sur la réputation « : « on dit que votre mari(…).

Elle est la représentation typique de l’opinion commune. Cette pièce de Marivaux aborde la question du mariage dès la scène d’exposition à travers un échange vif, dynamique et comique entre Sylvia la maitresse qui apparaît dominée et ouverte et Lisette sa servante qui est le reflet de l’opinion commune.

Le mariage apparaît à cette époque comme la recherche d’une situation dont l’amour est exclue ce que Marivaux critique à travers l’attitude de Sylvia.

Cette inversion des rôles et des situations est une habilité littéraire que cet auteur à déjà emprunté dans l’ile des esclaves .. »

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