Jeux de l'amour et du hasard
Publié le 26/06/2016
Extrait du document
«
critère de jugement sentimental, moral et affectif du futur mari : « (..) aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour
l’amour ; sociale et spirituelle, voilà pour l’entretien de la société ».
.
Elle dirige également la conversation : elle a parlé a Monsieur Orgon sans l’accord de Sylvia : « Monsieur votre
père me demande si vous êtes aise qu’il vous marie (…) moi je lui répond que oui.
».
De plus elle questionne à
plusieurs reprise sa maîtresse: « De quoi le votre ne s’avise-t-il de n’être fait comme celui de personne ? » .
En
outre, elle se fonde sur les convenances de l’époque et répond sans hésitations à sa maîtresse.
De plus elle
domine la conversation par des répliques beaucoup plus longues que sa maîtresse .
Par exemple Lisette dit : «
on dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde ; qu’il est bien fait, aimable de bonne mine ; qu’on ne
peut pas avoir plus d’esprit, qu’on ne peut pas avoir plus d’esprit ; qu’on ne saurait être d’un meilleur caractère ;
que voulez-vous de plus ? Peut on se figurer de mariage plus doux, d’union plus déliceuse » ? Face à cette
longue tirade, Silvia ne répond que par deux petites phrases.
Elle ne trouve pas d’arguments pour contrer sa
servante et essaye de réaffirmer sa domination en la tutoyant : « que tu es folle ».
Ainsi, cette scène d’exposition repose sur de nombreuses oppositions entre ces deux filles et sur une inversion
des rapports de force entre une maîtresse dominée et sa servante.
Leur dispute dénonce les conditions sociales
de l’époque.
Jusqu’au XVIII siècle, chez les classes bourgeoises, la femme devait se contenter du mari que leur père leur
imposait.
Les principaux critères du mariage reposaient sur la bonne apparence et sur la richesse.
Il n’était
chez eux pas question d’amour, seul la situation importait.
Ainsi Sylvia apparaît comme un
personnage hors norme pour son époque.
Son esprit reste ouvert, réfléchi et sensible aux dangers
du mariage Elle s’interroge et craint que le mari ne lui convienne pas : « peut-être ne me
conviendra-il point et cela m’inquiète ».
Elle voit plus loin que la condition sociale.
Elle souhaite également de profiter de sa relative liberté avant le mariage : « je ne m’ennuie pas
dêtre fille »
Son père, monsieur Orgon est lui aussi un personnage singulier pour son époque.
En effet, si il dispose du droit
de marier sa fille sans son consentement, il se soucie tout de même de son bonheur : « Monsieur votre père me
demande si vous êtes bien aise qu’il vous marie ».
Il s’informe par Lisette des sentiments de celle-ci.
Or la
soubrette lui répond que « cela, va de suite ».
Lisette, quant à elle, ne comprend pas Sylvia : « c ‘est que j’ai cru
que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ».
En outre, la servante
contrairement à sa maitresse, Lisette n’a pas l’esprit ouvert.
Elle demeure conditionné par son environnement
sociale sans possibilité d’évolution.
Elle privilégie l’apparence : « bien fait », « aimable », « de bonne mine »
ainsi que l’ascension sociale : « un des plus honnêtes hommes ».
Elle se fonde sur la réputation « : « on dit que
votre mari(…).
Elle est la représentation typique de l’opinion commune.
Cette pièce de Marivaux aborde la question du mariage dès la scène d’exposition à travers un échange vif,
dynamique et comique entre Sylvia la maitresse qui apparaît dominée et ouverte et Lisette sa servante qui est le
reflet de l’opinion commune.
Le mariage apparaît à cette époque comme la recherche d’une situation dont
l’amour est exclue ce que Marivaux critique à travers l’attitude de Sylvia.
Cette inversion des rôles et des
situations est une habilité littéraire que cet auteur à déjà emprunté dans l’ile des esclaves ..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La servitude dans Les jeux de l'amour et du hasard de MARIVAUX
- Lecture Analytique De L'Acte I Scène 7 Du Jeux De L'Amour Et Du Hasard de Marivaux
- MARIVAUX, Le jeux de l'amour et du hasard : incipit
- Le jeux de l'amour et du hasard : Acte 3 Scène 6 - Marivaux
- Éric Rohmer : Les jeux de l'amour et du hasard...