Jean-Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme. « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ?
Publié le 05/04/2012
Extrait du document
« Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. L’homme est
seulement, non seulement tel qu’il se conçoit, mais tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après l’existence, comme il se veut après cet élan vers l’existence ; l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Tel est le premier principe de l’existentialisme. C’est aussi ce qu’on appelle la subjectivité, et que l’on nous reproche sous ce nom même. Mais que voulons-nous dire par là, sinon que l’homme a une plus grande dignité que la pierre ou que la table ? Car nous voulons dire que l’homme existe
d’abord, c’est-à-dire que l’homme est d’abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l’avenir. L’homme est d’abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d’être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur ; rien n’existe préalablement à ce projet ; rien n’est au ciel intelligible, et l’homme sera d’abord ce qu’il aura projeté d’être. Non pas ce qu’il voudra être. Car ce que nous entendons ordinairement par vouloir, c’est une décision consciente, et qui est pour la
plupart d’entre nous postérieure à ce qu’il s’est fait lui-même. Je peux vouloir adhérer à un parti, écrire un livre, me marier, tout cela n’est qu’une manifestation d’un choix plus originel, plus spontané que ce qu’on appelle volonté. Mais si vraiment l’existence précède l’essence, l’homme est responsable de ce qu’il est. Ainsi, la première démarche de l’existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu’il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence. Et, quand nous disons que l’homme est responsable de lui-même, nous ne voulons pas dire que l’homme est responsable de sa stricte individualité, mais qu’il est responsable de tous les hommes. Il y a deux sens du mot subjectivisme, et nos adversaires jouent sur ces deux sens. Subjectivisme veut dire d’une part choix du sujet individuel par lui-même, et, d’autre part, impossibilité pour l’homme de dépasser la subjectivité humaine. C’est le second sens qui est le sens profond de l’existentialisme. Quand nous disons que l’homme se choisit, nous entendons que chacun d’entre nous se choisit, mais par là nous voulons dire aussi qu’en se choisissant il choisit tous les hommes. En effet, il n’est pas un de nos actes qui, en créant l’homme que nous voulons être, ne crée en même temps une image de l’homme tel que nous estimons qu’il doit être. Choisir d’être ceci ou cela, c’est affirmer en même temps la valeur de ce que nous choisissons, car nous ne pouvons jamais choisir le mal ; ce que nous choisissons, c’est toujours le bien, et rien ne peut être bon pour nous sans l’être pour tous. Si l’existence, d’autre part, précède l’essence et que nous voulions exister en même temps que nous façonnons notre image, cette image est valable pour tous et pour notre époque tout entière. Ainsi, notre responsabilité est beaucoup plus grande que nous ne pourrions le supposer, car elle engage l’humanité entière. «
Jean-Paul Sartre (1905-1980), L’existentialisme est un humanisme (1945).
Plan :
Introduction
I. Le principe de l'existentialisme.
a) « L'existence précède l'essence «
b) De l'absence d'une nature humaine
c) L'absence de Dieu
d) La polémique philosophique
II. La subjectivité humaine
a) Le concept de subjectivité
b) Le concept de projet
III. Une morale de la responsabilité totale
a) La responsabilité
b) Sa valeur morale
c) Sa valeur universelle
Conclusion
«
Plan :
Introduction
I.
Le principe de l'existentialisme.
a) « L'existence précède l'essence »
b) De l'absence d'une nature humaine
c) L'absence de Dieu
d) La polémique philosophique
II.
La subjectivité humaine
a) Le concept de subjectivité
b) Le concept de projet
III.
Une morale de la responsabilité totale
a) La responsabilité
b) Sa valeur morale
c) Sa valeur universelle
Conclusion
Introduction Sartre présente ici le premier principe de sa philo sophie existentialiste, selon
laquelle « l'existence précède l'essence ».
L'analy se qu'il en fera portera sur
l'articulation des concepts d'existence et d'essenc e, concepts traditionnels qui revêtent,
dans cette formule, un caractère original et parado xal.
En effet, n'a-t-on pas plutôt
l'habitude de penser que l'on est d'abord et puis q u'ensuite cet être se met à exister ?
Sartre, en proposant un renversement de l'ordre tem porel de ces concepts, se heurte
donc au sens commun, mais aussi à toute une traditi on philosophique et métaphysique
« essentialiste », par rapport à laquelle il entend réhabiliter le concept d'existence pour
en faire le mode d'être de la subjectivité humaine.
Un tel renversement conceptuel
engendrera une nouvelle conception de la morale, fo ndée sur les concepts de
responsabilité et de liberté qui recevront un nouve l éclairage philosophique.
I.
Le principe de l'existentialisme.
a) « L'existence précède l'essence »
Cette expression n'a de sens que pour l'homme que S artre identifie tout de suite
comme le sujet de cette existence.
C'est dans ce co ntexte humain que l'expression fait
sens par opposition au monde des objets (« pierre » , « table ») et au monde végétal («
mousse », « pourriture », « chou-fleur »).
Pour l'h omme, l'existence se présente comme
un événement originel, premier et inaugural, un évé nement sans précédent par lequel il
« surgit » dans l'existence et « se rencontre ».
Ce tte antériorité temporelle de
l'existence revient-elle à faire de l'homme un être qui serait, par nature, indéfinissable ?
b) De l'absence d'une nature humaine
Si l'homme n'est pas « définissable « c'est parce q u'il est « indéfini » avant son
existence.
Son identité, c'est-à-dire son essence, n'est pas une donnée immédiate, mais
un phénomène tardif.
Toutefois, s'il est indéfiniss able, ce n'est pas en raison de la
richesse ontologique de l'essence humaine, mais au contraire à cause de sa pauvreté
initiale, son manque ou son absence d'être.
Or, ce déficit ontologique n'est qu'initial et.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Mais si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est. l'existentialisme est un humanisme Sartre, Jean-Paul. Commentez cette citation.
- l'existence précède l'essence. Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit ensuite. Sartre, Jean-Paul. Commentez cette citation.
- Explication de texte Sartre, L’existentialisme est un humanisme: « Si, en effet, l’existence précède l’essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée »
- Jean-Paul SARTRE: L'existence précède l'essence.
- Jean-Paul SARTRE: L'existence précède l'essence