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Jean-Paul SARTRE: EXISTENCE ET ANGOISSE

Publié le 06/01/2010

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L'existentialiste déclare volontiers que l'homme est angoisse. Cela signifie ceci : l'homme qui s'engage et qui se rend compte qu'il est non seulement celui qu'il choisit d'être, mais encore un législateur choisissant en même temps que soi l'humanité entière, ne saurait échapper au sentiment de sa totale et profonde responsabilité. Certes, beaucoup de gens ne sont pas anxieux ; mais nous prétendons qu'ils se masquent leur angoisse, qu'ils la fuient ; certainement, beaucoup de gens croient en agissant n'engager qu'eux-mêmes et, lorsqu'on leur dit : mais si tout le monde faisait comme ça ? il haussent les épaules et répondent : tout le monde ne fait pas comme ça. Mais en vérité on doit toujours se demander : qu'arriverait-il si tout le monde en faisait autant ? et on n'échappe à cette pensée inquiétante que par une sorte de mauvaise foi. Celui qui ment et qui s'excuse en déclarant : tout le monde ne fait pas comme ça, est quelqu'un qui est mal à l'aise avec sa conscience, car le fait de mentir implique une valeur universelle attribuée au mensonge. Même lorsqu'elle se masque, l'angoisse apparaît. [...] Il ne s'agit pas là d'une angoisse qui conduirait au quiétisme, à l'inaction. Il s'agit d'une angoisse simple, que tous ceux qui ont eu des responsabilités connaissent. Lorsque, par exemple, un chef militaire prend la responsabilité d'une attaque et envoie un certain nombre d'hommes à la mort, il choisit de le faire et, au fond, il choisit seul. Sans doute il y a des ordres qui viennent d'en haut, mais ils sont trop larges et une interprétation s'impose, qui vient de lui, et de cette interprétation dépend la vie de dix ou quatorze ou vingt hommes. Il ne peut pas ne pas avoir, dans la décision qu'il prend, une certaine angoisse. Tous les chefs connaissent cette angoisse. Cela ne les empêche pas d'agir, au contraire, c'est la condition même de leur action. Jean-Paul SARTRE

Dans la mesure où l'homme est l'être qui peut envisager le possible par opposition au réel, il introduit du néant dans l'être, néant de son propre être à venir qui reste à déterminer et qui dépend de lui. L'homme se donne rendez-vous dans le futur par la pensée, mais il a peur de ne pas être au rendez-vous, voire de ne plus vouloir y être. Rien ne m'empêche de tout arrêter. Arrêter ou continuer, cela dépend de moi. Cette situation, dans laquelle je découvre que je suis au fondement de ce que j'ai à être est l'angoisse.

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« Le s débuts de la liberté : l'angoisse, la contingence Le jeune Sartre, prof esseur de phil osophie au Havre, réfléchit sur le sens de l'exi stenc e et de la liber té.

Il prépar e ce qui ser a son premier et son plus grand roman ...

La Nausée Sartre met plusieurs années à achever son premier roman, La Nausé e, qui conna ît un grand succès.

Il écrit parallèlement un recueil de nou velles, Le Mu r.

Sur le plan strictement littéraire, La Nausée est un roman surprenant, dans lequel le personnage principal, Antoine Roquentin, ne vit aucune aventure particulière.

Mais il décou vre le caractère indépa ssable de la contingen ce*, c'est-à- dire le fait que tout ce qui existe, la nature, mais également l'homme, n'a -a priori -aucune raison d'exister.

Roquentin, parti pour écrire la biographie d'un certain marquis de Robellon -par ailleurs imaginaire -découvre peu à peu sa propr e exi stence* sur le mode même de celle des objets.

La révélation Certes, « il y a >> les autres, en particulier Annie, son amie, puis un autodidacte bizarre, grotesque et vaguement attachant.

« Il y a >> tous ces autres, les habitants de Bou ville, > de l'être *, > de la conscience*, mais précisément, c'est le > qui est de trop.. »

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