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Jean-Marie Leclair

Publié le 22/02/2012

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Jean-Marie Leclair, l'aîné, domine de très haut les meilleurs violonistes-compositeurs français du XVIIIe siècle. Son vigoureux génie lui permit de disputer aux doctes Allemands et aux fougueux Italiens le sceptre de la royauté du violon. On peut avancer que nul, de son temps, n'égala celui que ses contemporains appelèrent : "le Corelli de la France". C'est à Lyon qu'il voit le jour, le 10 mai 1697. Son père ? Un maître passementier qui ne souhaite rien de mieux pour son fils que de le voir lui succéder en son état. Il s'en fallut de peu que Jean-Marie ne passât son existence devant le jacquard paternel. Mais la musique l'avait élu : tout en exerçant la profession familiale, il consacra ses loisirs à la danse et au violon. Un beau jour, plantant là le métier, il part pour l'Italie ; le voici au théâtre de Turin où il tient l'emploi de premier danseur et de maître de ballet. Ce début, pourtant brillant, ne le satisfait pas ; Leclair est né musicien ; il sent que Paris, seul, pourra réaliser son intime ambition. Il gagne la capitale, âgé de vingt-six ans ­ et n'ayant pour tout bagage qu'un manuscrit : douze sonates pour violon seul et basse continue. Sa bonne étoile lui fait rencontrer un fastueux personnage qui se pique d'avoir l'esprit orné : M. Bonnier, baron de la Mosson, et fermier général des États du Languedoc. "Je suis, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur..." Ce jour-là, le hasard permit que la vanité serve le talent : Leclair avait trouvé un protecteur.

« maître de ballet au théâtre de Turin.

Ce qui ne l'empêche pas de s'essayer au genre dramatique ; il compose unetragédie lyrique : Scylla et Glaucus, dont le sujet est emprunté aux Métamorphoses d'Ovide.

L'ouvrage, monté avecsoin, bénéficie d'une brillante interprétation avec l'incomparable Melle Fel, le chanteur Jelyotte et dans le ballet, LaCamargo et Dumoulin.

Il obtient plus qu'un succès d'estime. Leclair a acquis quelque aisance ; fantasque et ombrageux, il vit séparé de sa femme, dans une petite maison qu'il aachetée au Faubourg.

C'est là qu'au matin du 23 octobre 1764, il est trouvé étendu dans le vestibule,mystérieusement assassiné.

L'enquête, longuement menée, aboutit à un non-lieu. "Il fallait le voir à soixante-sept ans, écrit un de ses biographes, jouer avec une vigueur étonnante, communiquer àun orchestre tout son feu, et si près du jour fatal, goûter le plaisir d'être admiré avec cette joie modeste et pure quiconviendrait si bien à un jeune homme qu'on louerait pour la première fois." Le royal archet de Leclair est tragiquement brisé ; mais son Oeuvre lui survit et engage l'école française du violondans une voie glorieuse.

Ce virtuose composant presque exclusivement pour son instrument approche des plusgrands noms de la musique.

Certes, il emprunte aux maîtres italiens bien des particularités de structure et de forme,mais il sait les intégrer dans un art qui porte la marque du génie français.

Son style s'accorde à merveille à son nom; il est net et limpide. Que pensaient de lui ses contemporains ? "Il était assez grand homme, écrit de Rozoi, pour oser dire qu'il étaitcontent de ses ouvrages et pour les retoucher s'il croyait qu'un meilleur avis lui eût découvert des beautés qu'iln'avait point saisies", et Rozoi ajoute : "Leclair est un génie profond qui a changé en science la mécanique de sonart." L'abbé de Fontenai nous apprend "qu'il haïssait les applaudissements tumultueux et qu'il n'avait ni cette modestie quisemble mendier les éloges, ni cette vanité présomptueuse qui en rend indigne..." La Dixmerie lui rend cet hommage :"Les amateurs savent quels services Leclair a rendus à notre musique instrumentale.

Ses sonates et ses trios ensont de durables monuments.

Il nous vengea du mépris des Italiens en les forçant à lui rendre justice.

Ils firent plus; ils adoptèrent et exécutèrent ses ouvrages, manière de louer bien supérieure à toute autre." Leclair développe de façon remarquable la technique du violon et ses compositions contribuent à la formation d'unenouvelle génération de virtuoses.

Tous les critiques de l'époque font l'éloge de ses transcendantes qualitésd'instrumentiste : précision absolue, audace réfléchie, goût délicat ; et certains parlent éloquemment de la majestéet de la ferveur de son jeu. Comment résumer son art ? Tendre ou pathétique lors qu'il chante, Leclair, dans les mouvements vifs, est tour àtour fougueux et spirituel.

Ses allégros, avec leurs rythmes musclés, ont de magnifiques essors.

Mais c'est peut-êtredans la mélodie que sa personnalité se manifeste le plus complètement.

Son chant coule comme une source et soncours sinueux donne naissance à d'audacieuses modulations.

Le sentiment noble et grave qui l'inspire l'apparenteparfois à la mélodie infinie de Bach. Hélas ! Des quarante-neuf sonates que Leclair écrivit pour violon et basse chiffrée, deux seulement figurent aurépertoire des violonistes ; ses duos et ses trios sont négligés ; quant à ses ballets et ses divertissements, ils ontdisparu. Tel est le sort qui frappe un des plus remarquables musiciens français classiques.. »

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