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Jean Jacques rousseau les confessions

Publié le 11/01/2013

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JEAN-JACQUES ROUSSEAU -- LES CONFESSIONS (1712 - 1778) LIVRE PREMIER : 1712 - 1728 Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme, ce sera moi. Moi seul. Je sens mon coeur, et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu. Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement: Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon; et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour r...
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« misères.

Que chacun d'eux découvre à son tour son coeur au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose: je fus meilleur que cet homme-là. Je suis né à Genève, en 1712 d'Isaac Rousseau, Citoyen, et de Susanne Bernard, Citoyenne.

Un bien fort médiocre, à partager entre quinze enfants, ayant réduit presque à rien la portion de mon père, il n'avait pour subsister que son métier d'horloger, dans lequel il était à la vérité fort habile.

Ma mère, fille du ministre Bernard, était plus riche: elle avait de la sagesse et de la beauté.

Ce n'était pas sans peine que mon père l'avait obtenue. Leurs amours avaient commencé presque avec leur vie; dès l'âge de huit à neuf ans ils se promenaient ensemble tous les soirs sur la Treille; à dix ans ils ne pouvaient plus se quitter.

La sympathie, l'accord des âmes, affermit en eux le sentiment qu'avait produit l'habitude.

Tous deux, nés tendres et sensibles, n'attendaient que le moment de trouver dans un autre la même disposition, ou plutôt ce moment les attendait eux-mêmes, et chacun d'eux jeta son coeur dans le premier qui s'ouvrit pour le recevoir.

Le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l'animer.

Le jeune amant ne pouvant obtenir sa maîtresse se consumait de douleur: elle lui conseilla de voyager pour l'oublier.

Il voyagea sans fruit, et revint plus amoureux que jamais.

Il retrouva celle qu'il aimait tendre et fidèle.

Après cette épreuve, il ne restait qu'à s'aimer toute la vie; ils le jurèrent, et le ciel bénit leur serment.

Gabriel Bernard, frère de ma mère, devint amoureux d'une des soeurs de mon père; mais elle ne consentit à épouser le frère qu'à condition que son frère épouserait la soeur.

L'amour arrangea tout, et les deux mariages se firent le même jour.

Ainsi mon oncle était le mari de ma tante, et leurs enfants furent doublement mes cousins germains.

Il en naquit un de part et d'autre au bout d'une année; ensuite il fallut encore se séparer.

Mon oncle Bernard était ingénieur: il alla servir dans l'Empire et en Hongrie sous le prince Eugène.

Il se distingua au siège et à la bataille de Belgrade.

Mon père, après la naissance de mon frère unique, partit pour Constantinople, où il était appelé, et devint horloger du sérail.

Durant son absence, la beauté de ma mère, son esprit, ses talents, lui attirèrent des hommages.

M.

de la Closure, résident de France, fut un des plus empressés. »

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