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Jean-Jacques Rousseau: Le progrès technique est-il cause de décadence morale ?

Publié le 09/03/2005

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À mesure que le genre humain s'étendit, les peines se multiplièrent avec les hommes. La différence des terrains, des climats, des saisons, put les forcer à en mettre dans leurs manières de vivre. Des années stériles, des hivers longs et rudes, des étés brûlants, qui consument tout, exigèrent d'eux une nouvelle industrie. Le long de la mer et des rivières, ils inventèrent la ligne et l'hameçon et devinrent pêcheurs et ichtyophages. Dans les forêts, ils se firent des arcs et des flèches et devinrent chasseurs et guerriers. [...] Dans ce nouvel état, avec une vie simple et solitaire, des besoins très bornés et les instruments qu'ils avaient inventés pour y pourvoir, les hommes jouissant d'un fort grand loisir l'employèrent à se procurer plusieurs sortes de commodités inconnues à leurs pères ; et ce fut là le premier joug qu'ils s'imposèrent sans y songer et la première source de maux qu'ils préparèrent à leurs descendants ; car outre qu'ils continuèrent ainsi à s'amollir le corps et l'esprit, ces commodités ayant par habitude perdu presque tout leur agrément, et étant en même temps dégénérées en de vrais besoins, la privation en devint beaucoup plus cruelle que la possession n'en était douce, et l'on était malheureux de les perdre, sans être heureux de les posséder.
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« Ce à quoi s'oppose cet extrait: Cette critique doit être placée dans son contexte historique, si l'on veut en comprendre toute la portée.

Elles'oppose directement à la philosophie des Lumières, au XVIII siècle, qui trouve son expression la plus forte chez lesphilosophes de L'Encyclopédie.

Le projet de rédaction d'une encyclopédie qui résume tout le savoir de l'époquesymbolisait alors la confiance dans la civilisation et le progrès humain.Rousseau s'oppose à cette confiance et les commodités qu'il dénonce embrassent aussi le luxe qui, en multipliant lesfaux besoins, a multiplié la dépendance de l'âme : « On croit m'embarrasser beaucoup en me demandant à quel pointil faut borner le luxe.

Mon sentiment est qu'il n'en faut point dutout.

Tout est source de mal au-delà du nécessaire physique », écrit-il à l'un de ses correspondants.Mais cette opposition a pris alors la tournure d'une véritable polémique avec Voltaire qui, dans son poème LeMondain, avait soutenu que le luxe est la consécration même de la civilisation, et le superflu une « chose trèsnécessaire ».À travers la critique du progrès technique et du luxe, c'est donc bien la question de la valeur de la civilisation quiest en jeu.

Rousseau s'est servi de l'idée de nature pour penser la culture comme une dégradation de l'état naturelde l'homme, là où Voltaire, en réaction contre la morale d'austérité du siècle précédent, héritée de la sagesseantique, ne voyait dans cette pureté primitive qu'un mythe.

ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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