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Jean-Claude Grumbach, scénariste et dramaturge contemporain, confie à un journaliste qu'il observe le monde « avec un oeil sur le sordide, un oeil sur le sublime ». En vous appuyant sur les oeuvres que vous connaissez, sans vous limiter nécessairement au théâtre ou au cinéma, vous préciserez dans quelle mesure cette affirmation d'un créateur peut rendre compte aussi de votre expérience personnelle de lecteur et de spectateur. ?

Publié le 21/03/2009

Extrait du document

• La phrase porte sur l'observation du monde, mais bien entendu elle concerne les œuvres puisque J.-C. Grumbach est un créateur. Vous pouvez analyser la présence du sublime et du sordide dans les arts, séparés ou mélangés, et vous interroger sur le sens de cette présence.

• Soyez sensibles à l'opposition extrême entre les termes de sublime et sordide. Définissez-les, et demandez-vous si l'art ne se situe pas aussi parfois entre les deux.

• Il faut faire des liaisons entre les parties, comme toujours. Elles peuvent se situer à la fin d'un développement ou au début du suivant.

• Suggestion : vous avez tout intérêt, comme vous le conseille l'intitulé, à étendre votre réflexion aux autres arts : littérature, peinture. Donnez des exemples variés pour chaque idée importante.

« Jeanne d'Arc de C.

Th.

Dreyer. 2.

Le sordide • Il est peint pour être dénoncé, surtout lorsqu'il s'agit du sordide moral : v — peinture de l'avarice chez Molière, Balzac (le pere Grandet, Gobseck). - condamnation de la bêtise par Flaubert dans Bouvard et Pécuchet, ou avec le personnage du pharmacien Homais dans Madame Bovary. — caricatures de Daumier ou de Rimbaud (Les Assis, Mes petites amoureuses...) — les films de J.-P.

Mocky dénoncent toutes les tares de la société. • Les romanciers réalistes décrivent le sordide pour rendre compte de la réalité du peuple au xix e siècle. Ex.

: ravages de l'alcool et de la pauvreté sur Gervaise dans L'Assommoir d'E.

Zola. Au XXe siècle Céline, C.

Bukowski perpétuent cette tradition, avec des êtres marginaux et sans moralité.

Un filmcomme The Misfits de J.

Huston montre des personnages qui dérivent lamentablement.

IL Le mélange du sublime et du sordide Il est rare cependant que sublime et sordide ne soient présents que dans des œuvres distinctes.

La plupart dutemps, comme semble le suggérer J.-C.

Grumbach, les artistes les mêlent.

Divers effets en découlent. 1.

Le comique • La détente dans un texte tragique — Déjà Homère, pour distraire les auditeurs des graves combats de l'Iliade, intercalait entre les épisodes pathétiques des passages comiques, où intervenait le sordide : querelle de ménage entre Zeus et sa femme Héra, revendicationsridicules du piètre soldat Thersite. — Le personnage de Don César joue ce rôle dans Ray Bias (IV, • Burlesque et genre héroï-comique Le comique naît de l'association des réalités sublimes ou du moins, nobles avec les réalités sordides ou basses. • Le burlesque est la parodie de l'épopée, du roman précieux ou de la tragédie qui consiste à travestir les héros enpersonnages bourgeois, médiocres.

Le style héroï-comique, à l'inverse, donne des aspirations sublimes auxpersonnages sordides.

Ex.

: Le Virgile travesti de Scarron. Ex.

: Le Roman comique de Furetière (des bourgeois singent les romans précieux). Ex.

: Le Lutrin de Boileau. 2.

Le véritable sublime des personnages sordides. Bien des créateurs sont conscients que les hautes valeurs morales, contrairement à ce que préconisaient lesclassiques, ne se trouvent pas que chez les princes.

Un individu peut se révéler d'autant plus sublime qu'il vit dansla fange. • Personnages célèbres issus du peuple et atteignant le sublime.

Ex.

: Le père Goriot, « Christ de la paternité »selon Balzac. Ex.

: Jean Valjean, le forçat au grand cœur des Misérables, ou Gavroche, gamin de Paris qui meurt pour la liberté. Ex.

: Ruy Blas est d'autant plus admirable qu'il a une âme héroïque dans un corps de valet. Ex.

: Quasimodo dans Notre-Dame de Paris joint sa laideur physique repoussante à l'amour le plus pur. • Révélation du sublime dans la pauvreté Le peuple a une réelle noblesse lorsqu'il sait assumer son dénuement. Ex.

: « Le Mendiant » dans les Contemplations de V.

Hugo.

Sa dignité transparaît jusque dans les trous de ses vêtements : « Sa bure où je voyais des constellations.

». »

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