Je ne crois que ce que je vois. Qu'en pensez-vous ?
Publié le 17/03/2004
Extrait du document
«
La doctrine de Saint Thomas 1.
« Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
Les autres disciples luidirent donc : Nous avons vu le Seigneur.
Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous , et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point .
»
On peut voir finalement dans Saint Thomas l'image de l'empiriste par excellence qui ne croit que dans saperception.
La croyance au sens d'attribution de la valeur du « vrai » passe par l'observation nécessaire.
Lavision est donc pour lui la condition nécessaire de la croyance, et donc de la véracité d'un événement.
Les sens et par conséquent la vision comme étant au fondement de notre connaissance 2.
LOCKE, Essai sur l'entendement humain
Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères,sans aucune idée, quelle qu'elle soit.
Comment vient-elle à recevoir des idées ? [...1 D'où puise-t-elle tousces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela jeréponds en un mot, de l'Expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de làqu'elles tiennent leur première origine.
Les observations que nous faisons sur les objets extérieurs etsensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nousréfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées.
Ce sont là lesdeux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement.
Etpremièrement nos Sens étant frappés par certains objets extérieurs, font entrer dans notre âme plusieursperceptions distinctes des choses, selon les diverses manières dont ces objets agissent sur nos Sens.
C'estainsi que nous acquérons les idées que nous avons du blanc, du jaune, du chaud, du froid, du dur, du mou,du doux, de l'amer, et de tout ce que nous appelons qualités sensibles.
Nos Sens, dis-je, font entrer toutesces idées dans notre âme, par où j'entends qu'ils font passer des objets extérieurs dans l'âme, ce qui yproduit ces sortes de perceptions.
Et comme cette grande source de la plupart des idées que nous avons,dépend entièrement de nos Sens, et se communique par leur moyen à l'Entendement, je l'appelleSENSATION.
»
Pour croire au sens d'attribuer une valeur de vérité, il apparaît nécessaire de se fier à ses sens et donc à l'und'entre eux qui est celui de la vision : on ne peut et donc on ne doit pas faire l'économie de la vision aurisque de croire en des chimères.
Transition : Cependant si pour croire il faut impérativement voir à la première personne, cela implique-t-il que l'on ne peut pas se fier au témoignage d'autrui, aux croyances d'autrui ? Cela ne serait-il pas une limite àla connaissance ?
« Il ne faut croire que ce que l'on voit » - impératif qui néanmoins limiterait la connaissance II.
1.
Ne croire que ce que l'on voit nous contraint à être prisonnier de notre champ de vision, nécessairementlimité
C'est ainsi que les prisonniers de la caverne de Platon sont prisonniers de ce qu'ils voient – leur connaissanceest donc limitée
PLATON, République , livre VII, mythe de la caverne
« Figure-toi donc des hommes comme dans une habitation souterraine ressemblant à une caverne, ayant l'entrée ouverte à la lumière sur toute la longueur de la caverne, dans laquelle ils sont depuis l'enfance,les jambes et le cou dans des chaînes pour qu'ils restent en place et voient seulement devant eux, incapablesdonc de tourner la tête du fait des chaînes ; et encore la lumière sur eux, venant d'en haut et de loin, d'unfeu brûlant derrière eux ; et encore, entre le feu et les enchaînés, une route vers le haut, le long de laquelle figure-toi qu'est construit un mur, semblable aux palissades placées devant les hommes par les faiseurs de prodiges, par dessus lesquels ils font voir leurs prodiges.
»
Ayant nécessairement un champ d'observation limité, il est impossible de se limiter à notre vision au risquede limiter au maximum notre connaissance.
2.
Ne croire que ce que l'on voit impliquerait de ne pas croire dans les acquis des générations précédentes etdonc la nécessité de toujours repartir à zéro
Ne croire que ce que l'on voit implique de ne pas croire dans le témoignage des générations précédentes –.
»
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