Jaspers Karl
Publié le 06/04/2019
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Jaspers Karl Médecin, universitaire et philosophe allemand
* 23.2.1883, Oldenburg + 26.2.1969, Bâle, Suisse Psychiatre et psychologue, Jaspers fonde une méthode de psychopathologie dans son ouvrage \"Psychopathologie générale\" (1913), fondée sur les sciences humaines et l'intuition. Dès la parution de son oeuvre \"Psychologie des conceptions du monde\" écrite en 1919, il devient l'un des représentants majeurs de l'existentialisme chrétien. Son analyse de l'être humain s'organise autour des thèmes de la souffrance, de la lutte, de la mort et de la responsabilité (\"Philosophie\", 3 tomes, 1932). Sa réflexion n'est pas soumise à une théorie mais repose davantage sur une pratique, mêlant sagesse et expérience. En 1937, les nazis interdisent l'enseignement à Jaspers, alors en poste à Heidelberg, et la publication de ses oeuvres en 1943. Après la seconde guerre mondiale, il donne une place de plus en plus importante à la réflexion politique doublée d'une quête ontologique, en particulier dans son écrit \"De la vérité\" (1947). De 1948 à 1961, il est professeur à l'université de Bâle. Il dénonce à cette époque les tendances réactionnaires en Allemagne de l'Ouest, la guerre froide et la bombe atomique (\"La Bombe atomique et l'avenir de l'Humanité\", 1958).

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Karl Jaspers
1883-1969
L' œ uvre de Karl Jaspers, né à Oldenburg et mort à Bâle, semble un effort pour approfondir
et dépasser progressivement les différents niveaux de l'expérience et cerner enfin de la
manière la plus rigoureuse et la plus complète l'existence humaine dans ce qu'elle a de
concret, d'historique et de contradictoire.
Médecin, il dépasse le point de vue particulier de
la médecine pour s'intéresser à l'individu malade dans la totalité vivante de sa
personnalité ; il formule et utilise avec ampleur et efficacité, dans sa Psychopathologie
générale , la distinction établie par Dilthey entre “ comprendre ” et “ expliquer ”.
Psychologue, il s'attache à la psychologie des “ visions du monde ” et à celle des individus
d'exception, mais il refuse le psychologisme pour voir, au contraire, dans l'Exception
— qu'elle s'appelle Strindberg ou Van Gogh, Nietzsche ou Kierkegaard — la réalisation la
plus haute des possibilités métaphysiques de l'existence et l'exemple éthique le plus fécond
proposé à la réflexion du philosophe et à l'action de l'individu.
Sa philosophie prétend
emprunter à la tradition philosophique occidentale, et en particulier kantienne, la rigueur
et l'abstraction, sans céder à son illusion d'atteindre à une vérité objective et définitive et à
un système total ; elle s'efface devant la liberté du choix existentiel et devant le mystère de
“ l'être transcendant ”.
“ Philosopher, le regard fixé sur l'exception ”, c'est ne sacrifier ni la
rigueur de la pensée ni le drame de l'existence.
La rigueur d'une formalisation des
catégories existentielles, aboutissant à une théorie abstraite de la situation métaphysique
de l'homme, doit permettre d'échapper à la fois à la psychologie qu'il s'agit seulement de
“ traverser pour rendre intensément présente l'existence possible ” et à la religion, qu'il
s'agit seulement de pressentir à travers les “ chiffres de la Transcendance ”.
Échec et appel,
tels sont les thèmes qui orientent la philosophie de Jaspers.
Sa grande œ uvre, Philosophie ,
aborde trois niveaux correspondant aux trois divisions de la métaphysique classique.
Le
premier volume, “ Exploration philosophique du Monde ” décrit les limites de cette
exploration, incapable d'atteindre le monde, aussi bien sur le plan empirique que sur le
plan scientifique, comme une totalité objectivable.
L'échec de la science nous amène au
seuil de l'existence, singulière et incommunicable, qui ne peut être expliquée
objectivement, mais seulement éclairée.
Cet “ éclairement de l'existence ” où intervient la
philosophie comme telle, est l'objet du second volume ; il s'agit moins de faire une théorie
de l'existence que de faire appel à “ l'existence possible ” en éveillant en chacun le sens de
sa liberté, c'est cette liberté qui constitue l'existence elle-même, dans son surgissement
radical ; c'est elle qui affronte les autres libertés dans la communication, qui s'éprouve
elle-même face aux situations-limites : mort, souffrance, combat, faute et par dessus tout
historicité.
C'est elle qui est à l'origine de toute philosophie ; radicalement historique, toute
philosophie exprime avant tout le choix existentiel de son auteur : à ce titre, elle représente
un échec de sa volonté d'universalité ; mais cet échec lui-même, comme celui de la science,
comme celui de l'existence et de la communication, est dépassement, chiffre et appel.
En
lui se révèle et se dissimule le langage mystérieux de la transcendance.
Le troisième
volume, “ Métaphysique ”, décrit les attitudes de l'existence devant la Transcendance et
ses “ chiffres ” ; langage immédiat du monde, langage des mythes et des religions, langage
de la spéculation philosophique.
Tout peut devenir chiffre pour l'existence engagée
authentiquement dans la recherche de la Transcendance ; tout chiffre finalement déçoit et
toute recherche échoue, puisque jamais la Transcendance ne se révèle face à face ; mais
c'est précisément cet échec qui, s'il est véritablement vécu et compris, est son véritable.
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