J.-J. ROUSSEAU,Du contrat social. «Céder à la force est un acte de nécessité,non de volonté»
Publié le 24/03/2020
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«Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle-moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c'est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ?
Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable, car sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause. Toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement ; et, puisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit pas de faire en sorte qu'on soit le plus fort. Or qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir ; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force, il ne signifie ici rien du tout.»
J.-J. ROUSSEAU,Du contrat social.
1. Entraînement à la compréhension du texte :
A propos de ce texte, veuillez préciser :
— le thème évoqué par l’auteur.; .
— la. question implicite à laquelle le texte répond ;
— la réponse à la question posée idée générale, b} structure logique du texte.
2. Exercice d'explication commentée :
a) Veuillez en relevant les termes clés du - texte et en utilisant vos connaissances, expliquer et commenter les passages suivants:
— «Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le
maître s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir» ;
— «Céder à la force est un acte de nécessité,non de volonté»;
Souvenez-vous que des exemples sont les bienvenus pour illustrer des idées abstraites, mais vous devez marquer clairement leur relation avec les idées et avoir le souci de les analyser ; une énumération d'exemples ne peut tenir lieu de démonstration.
«
-
«Toute force qui surmonte la première succède .à son
droit» ;
- .
«si
l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y.
est plus obligé» ;
-:-- « •..
ce mot de droit n'ajoute rien à la force, il ne signifie
ici rien du touf».
..
..
'.
b} Répondez aux questions suivantes:
1.
Pourquoi est-il ironique de parler de droit du plus fort ?
2.
Quelle distinction Rousseau étàblit-il entre nature et
moralité ? Comment l'auteur illustrè-t-il cette distinction ?
3.
Pouvez-vous définir ce que Rousseau entend par droit' ?
4.
Pourquoi l'obéissance· par la force est-elle étrangère au
domaine dÙ devoir ?
N.B.' -Ayez soin de bien diùinguer qu�nd·vous exposez les
idées de l'auteur et quand vo.�s parlez en vptrè prppre nom
ou quand vous vous référez à un autre aùteur, sinon vous
êtes dans la plus grande confusion d,'esprit.
3.
Exercice de critique du texte :
a) A Paide de quels arguments pourriez-v�us vous opposer,
nuancer, ou confimier•les idéés suivantes du texte ? .
.
.
-' «La forée est unë puissance physique, jé ne vois pas
quelle moralité peu� r�sulter de ses effets» ;
- «sitôt que c'ést la force qui fait le droit, l'èffet change
avec la cause» ;
- «S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par
devoir» ; .
.
.
.
..
.
- «puisque le plus fort a toùjoùrs raison, il né s'agit que
de faire en sorte qu'on soit le plus fort» ..
b} Connaissez-vous des thèses�d'auteurs qui confirmeraient,
nuanceraient ou confrediràient èelle de Rousseau ? Veuillez
les rappeler en quelques lignes (cf.
: par exemple thèse de
Calliclès dans Le Gorgias de Platon,· 'Hobbes, Pascal,
Montesquieu).
·4.
Exercice d'utilisation des exemples :
Souvenez-vous que des exemples sont ies bienvenus pour
illustrer des idées abstraites, mai� vous .
devez marquer
,clairement leur relation avec les idées.et avoir le souci de les
analyser ; une énumération d'exemples ne peut tenir lieu de
démonstration..
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