Ionesco affirme dans Notes et contre-notes que « le théâtre est le lieu de la plus grande liberté, de l'imagination la plus folle ». Dans quelle mesure le théâtre est-il un espace aux possibilités de création et d'invention d'importance ?
Publié le 10/03/2011
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Le théâtre est un genre littéraire ancien, qui existe depuis l'antiquité, c'est Aristote qui le premier définit les règles théâtrales et les conventions que le théâtre se doit de respecter. Il se sépare en deux genres, la comédie, genre «bas«, populaire qui est destiné à faire rire, et la tragédie, «genre noble« destiné à provoquer la catharsis, marquée par la mort et la souffrance des protagonistes. Au cours de son évolution, le théâtre a traversé de nombreux genres, des tragédies antiques représentant des mythes célèbres, il a évolué vers la farce au Moyen-Âge, puis la représentation de textes religieux, le 17ème siècle a vu la naissance du classicisme, qui constitue un retour aux sources, une redécouverte des mythes antiques et une admiration à leur égard, puis cette conceptions théâtrale est remise en cause par les écrivains romantique, qui prônent un mélange du comique et du tragique, «du grotesque et du sublime«, les pièces modernes du 20ème siècle, présentes un théâtre profondément touché par la seconde guerre mondiale, où l'inutilité du langage se mêle à l'absurde, dans un monde qui cherche un sens, un nouveau départ. Le théâtre a beaucoup évolué, mais son principe reste le même, il s'agit de présenter dans un espace limité, en un temps limité, un récit à un public. Ionesco affirme dans Notes et contre-notes que « le théâtre est le lieu de la plus grande liberté, de l'imagination la plus folle «. Dans quelle mesure le théâtre est-il un espace aux possibilités de création et d'invention d'importance ?
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Une fois le travail de l'auteur achevé, le metteur en scène aura également une grande liberté dans son travail.
En effet, le metteur en scène possède sa propre vision d'une pièce de théâtre, il est chargé de faire en sorte demettre en valeur certains aspect d'une pièce de théâtre, la relation des personnages entre eux par exemple, cetteidée est manifeste dans la mise en scène de Roger Planchon de Tartuffe, dans l'acte un, Tartuffe un faux dévots,accueillit par Orgon chez lui, contrôle de plus en plus la vie de la maison ce qui insupporte tous les habitants àl'exception de Madame Pernelle, matriarche de la famille qui croit à la sincérité du dévot, dans la scène première,celle-ci vient s'opposer aux détracteurs d'Orgon à savoir sa belle fille Elmire, ses petits enfants Damis et Marianne,et le beau frère d'Orgon Cléante.
Pour symboliser la solitude de la vieille femme, Roger Planchon a fait le choix decréer un vide autour d'elle: « Sans s'apercevoir que les autres effectuaient le même mouvement, chacuncommençaient à s'éloigner discrètement de Mme Pernelle » Malgré son âge et son staut probablement importantdans la famille, les autres établissent une distance avec elle lorsqu'elle se borne à croire aux paroles agréables deTartuffe, Roger Planchon a ainsi pu ajouter une nouvelle dimension à la scène en accentuant la solitude del'ancienne.
En outre, le metteur en scène possède un véritable pouvoir sur le texte sur lequel il travaille, à ce sujetAnne Ubersfeld théoricienne du théâtre moderne affirme dans Lire le théâtre que « La part de création et derecréation du metteur en scène est très considérable.
Il est lui-même producteur d'un nouveau texte didascalique,complément et précision, voire contradiction du texte littéraire », le pouvoir du metteur en scène ne consiste passeulement dans le fait de permettre à une pièce de théâtre d'être jouée, mais son interprétation et sacompréhension de la pièce seront également à l'origine d'une conception personnelle d'un texte littéraire.
Le metteuren scène impose cette conception et théorise sa propre vision d'une mise en scène, c'est le cas d'André Antoine,inventeur de la mise en scène moderne, qui conceptualisera une notion de réalisme dans la mise en scène.
Lemetteur en scène possède un pouvoir et une liberté née de son interprétation.
Non seulement le metteur en scène est un outil dans la recherche de liberté du théâtre, mais l'acteur à travers samanière de jouer en est également l'instrument.
Enfin, le jeu d'acteur constitue une expression des possibilités théâtrales.
En effet, le jeu des acteurs doit refléterles caractère du personnage et ainsi l'acteur par son interprétation du personnage donnera un caractère personnel,et pourra mettre en exergue les caractéristiques de son personnage, ce cas est abordé dans L'impromptu deVersailles de Molière qui fait état des impératifs qu'auront à remplir les acteur pour jouer leur rôle, les personnagesmis en présence sont ceux de la troupe de Molière qui jouent leur propre rôle, c'est une mise en abyme, «un théâtredans le théâtre», ainsi Molière en s'adressant à l'un de ses acteurs: Brécourt, utilise l'obligation « vous faites unhomme de cour, (...) c'est à dire que vous devez prendre un air posé et gesticuler le moins possible » le caractèredu personnage sublime ici celui du comédien, et en se pliant aux directives de Molière, Brécourt doit donnez unecertaine image de l'honnête homme, c'est à dire de l'idéal classique sa façon de se comporter, mesurée et réfléchiedonnera une vision de l'honnête homme telle qu'elle apparaît au 17ème siècle.
Au contraire, le jeu d'acteur peutégalement être plus qu'une imitation et amener le comédien à une réflexion sur son rôle, c'est le principe dedistanciation créé par Brecht, qui produit l'étrangeté par divers processus comme par exemple le jeu des acteursdepuis le public.
Ce principe est décrit dans Petit Organon pour le théâtre, dans lequel Brecht critique la recherchechez l'acteur du «beau pour le beau», il doit réfléchir à toutes les possibilités pour élaborer un jeu parfait, ainsiBrecht critique la conception du comédien décrit dans la Poétique d'Aristote dont le rôle est de pousser à lacatharsis et invite à élaborer un jeu basé sur la critique de son interprétation et la place de son rôle par rapport àcelui des autres.
Brecht cherche à se servir de la liberté du jeu des acteurs pour créer un théâtre qui invite plus à laremise en question.
Par conséquent le jeu des acteurs par l'interprétation et la distanciation est également unaspect de la liberté théâtrale.
Nous avons vu comment le travail de l'auteur, du metteur en scène et de l'acteur amené à un théâtre libre,maintenant voyons quelles sont les contraintes de cet espace.
Tout d'abord nous nous intéresserons aux conventions théâtrales, puis aux contraintes liées à l'espace scénique,enfin aux contraintes liées au temps limité.
Le théâtre est depuis l'antiquité un genre conventionné, en effet les pièces de l'antiquité étaient régies par uncertain nombre de règles, les acteurs de théâtres portaient des cothurnes pour faire résonner leur voix, l'espaceétait divisé en un espace pour le choeur: l'orchestra, la scène pour les acteurs, un espace pour l'arrivée des dieux.Aristote va ensuite moderniser le théâtre dans La Poétique et instaurer les premières règles théâtrales que sont larègle des trois unités, la bienséance, la vraisemblance et la mimesis.
Les auteurs classiques s'en inspireront ettiendront ces règles pour dogme, l'Antiquité sera l'idéal que les auteurs classiques tenteront d'atteindre, Boileaudans l'Art Poétique déclame en vers les impératifs auquel le théâtre classique doit se plier, reprenant toutes lesrègles décrites par Aristote, les auteurs classiques reprendront des mythes antiques en respectant ces règles àl'image de la tragédie de Jean Racine Phèdre, s'appuie sur le mythe de Thésée, et le sort de son royaume lorsqu'ilest confié à sa femme Phèdre, amoureuse de son beau fils Hippolyte lui même épris d'Aricie.
La pièce comporte cinqactes, se déroulent en une seule journée, et met en scène une seule intrigue, le triangle amoureux que constituentHippolyte, Phèdre et Aricie, et s'achèvera par le retour de Thésée, dans un dénouement deus ex machina et la mortd'Hippolyte, racontée pour respecter la bienséance, toutes les règles classiques sont respectées dans la pièce.
Lethéâtre antique et classique sont modelés par un ensemble de règle qui donne sa forme au texte tragique.
Les conventions théâtrale héritées de l'antiquité sont une contrainte, mais la scène elle même l'est également..
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