Il n'y a personne qui ne convienne que tous les hommes sont capables de connaître la vérité ; et les philosophes même les moins éclairés demeurent d'accord que l'homme participe à une certaine Raison qu'ils ne déterminent pas. Malebranche
Publié le 17/05/2013
Extrait du document
QUESTIONS
1. Dégagez l'idée principale du texte et les étapes de son argumentation.
2. Expliquez :
a. « [. .. ] la Raison que nous consultons quand nous rentrons dans
nous-mêmes, est une Raison universelle «.
b. En quoi cette «Raison universelle « s 'oppose-t-elle aux raisons
particulières ?
3. La raison est-elle commune à tous les hommes ?
«
LA RAISON
COUP DE POUCE
• Mots et expressions clés
• « [ ...
] les philosophes même les moins éclairés» (cf aussi, à la fin du
premier tiers du texte :
«[ ...
]une Raison universelle qui m'éclaire»).
Le
terme
« éclaire » est bien sûr à comprendre au sens figuré.
Malebranche
utilise une métaphore, très ancienne en philosophie
(cf le mythe de la
caverne chez
Platon), consistant à comparer l'intelligence active à une
illumination sortant
l'homme des ténèbres de l'opinion et de l'ignorance.
Mais il lui donne ici un sens tout à fait précis :
l'homme «éclairé» n'est
pas l'individu instruit ou qui possède beaucoup de connaissances, mais
celui qui sait où et comment rechercher la vérité.
L'homme
« éclairé »,
dans ce texte, désigne celui qui sait se mettre à l'écoute de la « Raison uni
verselle» ou divine, que Malebranche nomme par ailleurs «Verbe inté
rieur» (cf la question 2 a).
• L'homme « participe » à « la Raison universelle : cela signifie que
« tous les hommes » (première et dernière lignes du texte) sont identique
ment illuminés ou
« éclairés » par une même raison.
Celle-ci peut donc se
répartir de la même façon chez tous, sans pour autant diminuer
(cf la
question 3).
• Il est« nécessaire qu'il y ait une Raison universelle [ ...
] » : cela ne peut
pas ne pas être, et cela ne peut pas être autrement que cela
n'est (sens
faible et sens fort de la nécessité).
• Intérêt philosophique du texte
Malebranche a été converti à la philosophie par la lecture des ouvrages
de Descartes.
Il n'est donc pas hasardeux qu'il reprenne ici, en disciple
fidèle, une des thèses essentielles de son maître :
« Le bon sens est la
chose du monde la mieux partagée
» (première partie du Discours de la
méthode).
Autrement dit, tous les hommes, sans exception parce que c'est
ce qui les rend hommes, possèdent la raison.
La différence, c'est la façon
dont ils
s'en servent, ce que Descartes appelle la « méthode ».
Mais Male
branche emploie ici un vocabulaire qui lui est propre, ce qui permet de
préciser l'originalité de sa thèse : tous les hommes sont identiquement
illuminés ou
« éclairés » par une même « Raison universelle », qui
désigne le Verbe de Dieu.
Celui-ci leur permet
de« voir» (terme répété à
de très nombreuses reprises dans le texte) immédiatement des vérités
aussi bien théoriques (2
X 2 = 4) que pratiques ( « il faut préférer son ami
à son chien
» ), tout en étant certains qu'un Chinois les verra de la même
façon qu'eux.
Cependant, certaines des raisons humaines ne sont
«pas
1081
·~\!li--"'""'""'"'--+•'"-".
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « On s'imagine sans raison que les anciens ont été plus éclairés que nous ne pouvons l'être, et qu'il n'y a rien à faire où ils n'ont pas réussi. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674. ?
- « [...] Par la même raison que nous croyons que tous les hommes reçoivent les mêmes sensations que nous des mêmes objets, nous pensons que tous les hommes sont agités des mêmes passions que nous pour les mêmes sujets [...]. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674.
- Jean-Claude Tournand écrit : «Il a fallu que s'élaborent au moyen d'une longue expérience les règles de chaque genre, que les écrivains apprennent à en dominer les contraintes et à conquérir à travers elles l'art de communiquer leurs plus intimes pensées. L'idéal classique exige à la fois une idée suffisamment claire pour être totalement communicable, et un langage suffisamment précis pour communiquer cette idée et elle seule : l'idée ne doit pas échapper au langage, mais le langage do
- Condorcet, évoquant dans son Esquisse des progrès de l'esprit humain (1793) l'action des philosophes du XVIIIe siècle, écrivait : « Bayle, Fontenelle, Voltaire, Montesquieu et les écoles formées par ces hommes célèbres combattirent en faveur de la vérité, employant tour à tour toutes les armes que l'érudition, la philosophie, l'esprit, le talent d'écrire peuvent fournir à la raison; prenant tous les tons, employant toutes les formes, depuis la plaisanterie jusqu'au pathétique, depuis l
- Rapportée à son étymologie latine, véritas, la vérité désigne dans son sens le plus général, le caractère des jugements capables de fonder un accord entre les esprits.