HUSSERL: «Toute conscience est conscience de quelque chose.»
Publié le 13/01/2004
Extrait du document
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ajouter que les choses et la conscience n'ont pas la même manière d'être.
L'existence propre de la conscience estcette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-làmême, elle est présente.
Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.
Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube ».
Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.
Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.
Je vois deux faces du cube, mais j'anticipesur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues.
Autrement dit, une autre caractéristique de laconscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui lesera.
Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps.
Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autrechose, de viser autre chose.
Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a unesignification pour moi (je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité dedépasser ce qui lui est simplement donné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures.
Le but et l'ambition de la phénoménologie sont le retour aux choses mêmes.
Parlant de la révolution d' Einstein , Husserl déclare : « Ainsi Einstein ne réforme pas l'espace et le temps où se déroule notre vie d'être vivant ».
Loin de comprendre ceci comme une attaque contre les sciences (auxquelles fut formé Husserl ), il faut le comprendre et comme une attaque contre le
scientisme, et comme la nécessité d'un retour aux questions centrales du sens : « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.
Dans la détresse de notre vie cette science n'a rien à nous dire.
Lesquestions qu'elles excluent par principe sont précisément les questions qui sont les plus brûlantes à notre époquemalheureuse ce sont des questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens de toute existence humaine. »
L'ambition de la phénoménologie est donc de questionner le sens, de retrouver le sol où se déroule notre vie d'êtrevivant, de fonder une science de l'esprit en tant qu'esprit.
Celle-ci commence par la découverte de cette propriétéparticulière de la conscience d'être toujours présence et rapport au monde, et non intimité fermée sur elle-même.
Ence ses, la pensée existentialiste en est l'héritière, et la leçon de Husserl vaut toujours.
La méthode phénoménologique
□ La phénoménologie est la description des phénomènes, c'est-à-dire de ce qui se présente immédiatement dans laconscience.
Le phénomène est saisi dans une intuition qui précède tout jugement et toute réflexion.
Il est ce qui semontre soi-même à la conscience.
La méthode phénoménologique n'est pas celle d'une science positive, elle n'estpas explicative : il faut décrire le phénomène tel qu'il se donne, dans la signification qu'il a pour la conscience, enécartant délibérément les thèses de la science à propos de la réalité objective correspondant à ce phénomène.□ La phénoménologie ne se confond pas non plus avec une psychologie.
La phénoménologie oriente son interrogationnon pas d'abord vers les faits dans leur réalité factuelle, externe ou interne, mais vers leur réalité pour laconscience, c'est-à-dire vers les significations de ce que nous avons dans l'esprit.
Ces significations constituent lephénomène comme tel.
L'intentionnalité de la conscience
□ Les phénomènes psychiques ont pour caractéristique fondamentale, selon Husserl, d'être en relation avec uncontenu, orientés vers un objet qui n'est pas au-delà de la conscience, mais lui est immanent.
La vie de laconscience est ainsi caractérisée comme « vie intentionnelle » : toute conscience est conscience de quelquechose.□ L'intentionnalité signifie l'annulation de la séparation classique sujet/objet.
Ce qui se vit d'abord, c'est la «corrélation intentionnelle » de la conscience et de l'objet auquel elle est présente.
La conscience n'existe que sousla forme d'une relation déterminée avec un objet.
L'objet n'est pas une chose en soi mais est pour un sujet, c'est-à-dire est sens pour lui.
Il n'y a pas, par exemple, une conscience en général qui en viendrait à l'occasion à percevoircet arbre, sans être affectée au fond par cet événement particulier.
La conscience, au contraire, existe commeconscience qui perçoit cet arbre, la perception de cet arbre est la forme que prend l'être de la conscience à ce.
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