Devoir de Philosophie

Hume, Traité de la nature humaine, I, IV, 6 - Commentaire de l'extrait

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

hume
Le premier paragraphe de notre extrait est une attaque contre la thèse cartésienne de l'identité personnelle établie par l'activité de la pensée (ou ce que nous pourrions appeler, en termes anachroniques, la conscience réflexive). On en trouve la démonstration dans la Seconde Méditation, « De la nature de l'esprit humain ; et qu'il est plus aisé à connaître que le corps ». Ce que Hume a lu dans cette Méditation et qui a retenu son attention, c'est d'abord l'immédiateté et l'évidence avec laquelle Descartes rend compte du « Ergo sum, ergo existo ». Ce qui n'est pas immédiatement remis en question par Hume, c'est l'existence du sujet et le fait que celui-ci aie la pensée pour attribut ; comme lorsque Descartes écrit « je trouve ici que la pensée est un attribut qui m'appartient » (p.77).
hume

« établie par l'activité de la pensée (ou, en termes anachroniques, que la conscienceréflexive n'est pas un principe suffisant d'individuation personnelle), Humeentreprend dans la suite du texte de mettre en évidence le mécanisme à l'origine dela méprise.

Ce mécanisme, il le nomme comme en passant dès la première ligne denotre extrait, alors qu'il s'agit sûrement de l'une des clés permettant de comprendrel'ensemble de sa pensée.

Cette clé, c'est l'imagination : cette « propension » quenous avons à attribuer à certaines choses (en l'occurrence la pensée) des pouvoirsqu'elles n'ont pas (en l'occurrence la capacité de synthétiser toutes nos perceptionsparticulières en un moi homogène et transparent à lui-même).

Ce moi est une« méprise ».

Celle-ci vient de ce que nous unifions des phénomènes particuliers,reliés mais distincts, parce qu'une « certaine ressemblance » entre eux nous faitcroire qu'ils sont en fait un seul et même phénomène.

Nous pourrions parler demyopie de l'imagination quant à nos perceptions particulières ! Nous voyons biencomment la persistance dans le temps conçue par Descartes, est comprise parHume comme une opération de l'esprit, nous renvoyant à son analyse de lacausalité (par exemple, Enquête sur l'entendement humain, VII « L'idée de connexionnécessaire ».Ainsi le moi, l'âme, sont pour Hume des produits de l'imagination.

Il ne niepas que je sois un être naturel vivant avec la pensée pour attribut, ni que je sois àl'origine de la production de mes perceptions et de mes idées.

Mais il refuse deconcevoir un sujet homogène et de lui attribuer une conscience qui lui donnerait àtout moment un accès à lui-même, comme s'il était un objet simple deconnaissance.On peut se réjouir de ce Hume restitue au moi et à la vie perceptive touteleur complexité.

On tire également tous les bénéfices de cette mise en évidence durôle de l'imagination dans ce que nous pourrions appeler notre cartographie de laconnaissance : la représentation que nous avons à la fois du monde et de nousmêmes.On peut cependant regretter que Hume n'ait pas voulu voir que nosperceptions particulières ne sont pas si autonomes que cela les unes des autres.

Lalecture de Merleau-Ponty nous suggère qu'une action synthétique de l'appareilperceptif, comme de notre conscience réflexive peut s'opérer.

Même si cettesynthèse se fait, la plupart du temps, de façon inconsciente, et c'est là toutel'ampleur du problème philosophique soulevé.

Peut-on reprocher à un homme duXVIIIe siècle de ne pas avoir traité la question de l'identité personnelle à l'aune desquestions soulevées par l'inconscient, ou encore de ne pas avoir écrit LaPhénoménologie de la perception ? Il n'en reste pas moins que le questionnementsceptique et empiriste de Hume sur le rôle de l'imagination dans nos opérations del'entendement fut une première pierre posée en ce sens.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles