HUME, « De la norme du goût », in Essais esthétiques
Publié le 06/01/2013
Extrait du document
«
musique que l’on écoute, mais dans notre esprit, qui brasse des souvenirs.
La preuve : la même mélodie
peut éveiller une sensation différente chez quelqu’un d’autre et même pour nous, à d’autres moments de
l’existence.
C’est pourquoi, Hume peut affirmer que la « beauté n’est pas une qualité inhérente aux
choses ».
En effet, il n’y a de beauté ou de laideur en soi.
Car le beau relève du sentiment.
Puisque celui -ci
est proprement subjectif, la beauté l’est aussi.
On pourrait frotter la démarche humienne à celle de Platon
qui, dans Hippias majeur , oppose « ce qu’est le beau » - le beau en soi, l’essence de la beauté - et ce qui
est beau » - les différentes manifestations du beau, les choses belles.
Hippias cherche des exemples de
choses belles : une belle jeune fille, une belle cuillère… Hume répondrait qu’il ne faut se fier qu’à ses
sentiments.
: si une jeune fille est belle nous apparaît telle, alors elle est belle.
N'est -ce pas d'abord une
conséquence de la thèse de Hume selon laquelle tout sent iment , en tant que sentiment , est juste, et que par
conséque nt il n'y a nulle contradiction dans le fait que les hommes éprouvent des sentiments diverses à
l'égard des mêmes objets ? Mais, ensuite, cela ne veut -il pas dire, si Hume ici précise cette conséq uence,
que cette relativité naturelle du sentiment est communéme nt ignorée, et que les hommes trouvent en
général odieux que les autres individus ressentent des sentiments différents des leurs et se mettent en
devoir de les faire sentir comme eux ? Ou, s'ils ne peuvent faire changer de sentiment les autres individus,
e t qu'ils sont gênés de la différence, n'entrent -t- ils pas en désaccord avec eux -mêmes à cause de leur
propre sentiment ?
Deux cas de figures se présentent lorsqu’on affirme qu’une chose est belle.
Soit on en est
intimement convaincu, parce que notre sensation ne laisse place à aucun doute ; soit on la dit telle pour se
conformer à un jugement répandu, sans même ne rien resse ntir.
Dans la première hypothèse, on est sincère
avec soi -même, mais rien ne nous assure que la chose soit belle dans l’absolu : elle l’est pour nous, mais
l’est- elle pour les autres ? Dans la seconde lecture, on se trompe soi -même, par crainte de passer p our
quelqu’un qui a mauvais goût, et l’on se conforme au goût des autres.
Mais peut -on affirmer que La jeune
fille à la perle est belle, si on n’éprouve pas au fond de nous un sentiment esthétique ? Pourquoi untel
s’extase- t- il devant une toile de Vermeer, alors qu’un autre la trouve laide ?
La question posée porte sur la nature du jugement esthétique.
Se demander si l’on peut se tromper
en disant qu’une chose est belle revient à affronter un paradoxe : comment ne pas faire confiance à son
assentiment dev ant une œuvre d’art ? Comment partager ce sentiment pour être en mesure de discuter du
beau ? Comment être fidèle à ce qu’on ressent sans pour autant compromettre la possibilité même d’une
esthétique comme « science » du beau ?
Ne peut -on pas se tromper sur nous -mêmes ? À moins de supposer que l’on se mente à soi -même,
on ne peut pas se tromper en affirmant qu’une chose est belle.
Car on ne peut pas supposer que la chose
diffère de ce qu’elle paraît.
C’est l’argument essentiel de Hume qui radicalise son relativisme : si l’on
tombe en extase devant une sculpture de Rodin ou tel tableau au fond du grenier, alors l’œuvre est belle
pour soi.
La beauté n’est pas en soi mais pour soi.
Puisqu’il n’y a d’autre critère du beau que celui du
sentiment, propre à chac un, alors on ne peut se fourvoyer en affirmant qu’une chose est belle.
Plus précisément, le critérium du beau est celui du plaisir.
« Tout objet qui tend à causer du plaisir
à son possesseur, ou qui, en d’autres termes, est la cause propre du plaisir, pla ît sûrement au spectateur
par une subtile sympathie avec le possesseur.
» (Hume, Traité de la nature humaine).
La chose belle est
donc celle qui suscite le plaisir, qui contente les sens, et le sentiment de plaisir est exhibé comme la
preuve nécessaire et suffisante de la beauté.
Mais l’épreuve esthétique est -elle la preuve de la beauté d’une
œuvre d’art ?.
»
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