HOBBES: Si deux hommes désirent la même chose...
Publié le 17/04/2009
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Dès le début du XVIème siècle, une crise religieuse entraîne la remise en question de la légitimité du pouvoir et de l'organisation de la société. Ce qui est remis en cause c'est bien l'obéissance qui vient d'une perte de valeur. C'est pourquoi des penseurs comme Hobbes, Spinoza, Rousseau se sont efforcés de construire une théorie rationnelle de l'état. Il s’agit de montrer en quoi la société est plus avantageuse et pour cela, chacun essaie de penser l’origine de la société. Il est vrai que la société est souvent vécue comme une contrainte ou comme un obstacle à ses désirs. Rousseau remarquait ainsi que « l’on fait souvent ce qui est déplaît à autrui « et plus tard, Kant affirmera que l’homme est de nature insociable, ce qui le pousse parfois à avoir des comportements agressifs envers autrui. Nous naissons dans la société et aujourd’hui il paraît difficile encore de réellement vivre seul, même si souvent certaines affirment vouloir partir sur une île déserte. Mais pour comprendre réellement d’où vient l’autorité de l’état, il faut réfléchir à ce qu’était l’homme dans l’état de nature, avant toute société. Cet état de nature est plutôt en terme d’instrument théorique que comme une vérité réalité historique. Rousseau pense en effet que cet état n’a peut-être jamais existé mais que c’est le seul à pouvoir nous faire réfléchir sur ce que serait une vie sans société et pourquoi les hommes ont choisis de se regrouper plutôt que de vivre de manière autonome. Hobbes ne précise pas cette artificialité de l’état de nature mais il en fait le fondement de toute sa théorie. C’est bien l’état de nature qu’il étudie dans ce texte. Comment sont les relations humaines dans cet état de nature ? Quels sont les droits qui s’y appliquent ? Quel aspect négatif Hobbes met-il en avant pour justifier l’existence de la société ? On peut découper ce texte en trois grande partie : la première évoque la puissance de chacun dans l’état de nature et la possibilité d’agression, la seconde réfléchit à la seule solution de sécurité qui existe dans cet état et dans la dernière, le philosophe présente ses conclusions quant à cet état et à sa sortie.

«
souverain sur tout ce qui est en son pouvoir, autrement dit que le droit de chacun s'étend jusqu'où s'étend lapuissance déterminée qui lui appartient » De fait, le droit naturel est un droit où chacun peut agir pour saconservation dans la limite de sa puissance.
2.
C'est la loi du plus fort qui règne
Chacun peut donc prétendre à ce qu'il lui faut pour survivre.
Il n'existe pas de propriété dans la nature et chacunpeut obtenir ce qui existe dans la nature pour son propre bien.
Chaque individu, possédant par nature les mêmesforces, les mêmes besoins, le même droit de se défendre, cherche à atteindre ses fins.
Si tout le monde trouve sasubsistance sans rencontrer l'autre, cela ne poserait pas problème.
Mais comment faire quand deux individus veulentla même chose sans règle pour contrôler cette obtention ? C'est bien le problème que pose Hobbes dans ce texte.
Il commence son texte en posant la situation où deux hommes prétendent à la même chose.
De fait, si l'un l'obtient,l'autre ne pourra pas en jouir et puisque chacun possède le droit naturel de posséder cette chose en fonction de saforce, chacun va essayer d'éliminer l'autre pour obtenir ce qu'il souhaite.
C'est en cela qu'ils « deviennentennemis ».
Ce que vise l'homme, qui n'a pas de bonté naturelle, c'est donc l'élimination de l'obstacle à sasatisfaction.
C'est donc le plus fort( qui ne se réduit pas à la force physique : ce peut être aussi le plus rusé, le plusmalin) qui l'emportera sur l'autre.
3.
Une logique de violence infinie
On comprend donc que chacun est sous la menace de la force d'un autre.
De fait, rien ne peut être construit dedurable.
Si un individu essaie de s'arrêter la tranquillité en posant les bases de la sédentarité – Hobbes parle deconstruire, de semer- il n'est pas à l'abri de la convoitise des autres hommes et donc de leurs attaques.
En effet, siun autre individu veut ce que j'ai, il n'a qu'à m'imposer une force supérieure à la mienne et alors je me voisdéposséder de ce que je possédais.
Hobbes pourtant émet ici l'idée paradoxale d'une association d'hommes visant àen dépouiller un autre.
Mais cela supposerait une sorte d'organisation ou d'entente, ce qui semble difficile dans cetétat où chacun est autonome.
Nous pouvons peut être admettre une entente éphémère et sans réelle organisation,à la manière de bandes d'animaux qui se dispersent une fois la proie attrapée.
Par la phrase « l'agresseur à son tourcourt le même risque à l'égard d'un nouvel agresseur », Hobbes insiste sur une logique perpétuelle de la violence etl'absence de toute tranquillité possible.
Le double emploi du même mot « agresseur » pour désigner deux personnesdifférentes met en exergue la possibilité pour chaque homme d'être lui aussi attaqué par un autre.
Il n'y a pas destabilité des rôles et l'agresseur peut devenir agresseur.
II L'insécurité ne peut se terminer que quand la puissance d'un est plus grand que les autres
1.
L'homme doit prendre les devants
C'est donc l'insécurité générale qui règne et personne n'est à l'abri de l'autre.
Hobbes dans le deuxième paragrapheréfléchit aux moyens de ne plus subir les possibles agressions des autres.
Pour cela, nous dit-il, il ne faut pasattendre d'être attaqué mais de prévoir les possibles agressions des autres et mettre en place des tactiques pourles empêcher.
La plus raisonnable, dit le philosophe, est celle de se rendre mettre des autres hommes.
Pour cela, il ya deux moyens soit la violence soit la ruse.
Il faut pour se mettre en sécurité contraindre les autres hommes dont laforce est moins grande.
Je peux ainsi par la menace de leur propre mort les ranger sous mon pouvoir.
Il s'agit defaire pour le plus grand nombre, c'est-à-dire pour tous les hommes pour lesquels cela est possible.
Hobbes indiquepar là que cela ne sera sûrement pas possible pour tous les hommes.
Certains auront une telle force qu'il seraitrisquer d'essayer de les maîtriser par la violence et par la force.
Mais il est possible avec le nombre des hommescontrôlés d'égaler la puissance des autres hommes, même les plus forts.
Pour cela précise Hobbes, il faut que lapuissance que l'on possède alors soit telle qu'il n'existe pas « d'autre puissance assez forte pour le mettre endanger ».
2.
Un être souverain
On retrouve ici une organisation qui rappelle le gouvernement d'un seul homme, la monarchie.
Un homme assez fortsoumet les autres à son pouvoir et se protège par eux, en prenant leur puissance.
Mais cela n'est fait que dans lebut de la conservation de soi-même.
L'homme qui contrôle les hommes ne cherchent qu'à protéger sa vie eteffectue ce qui lui permet sa puissance.
Il n'y a donc là selon le droit naturel aucune entrave.
Remarquons que leslois de la nature et le droit naturel qui en découle sont de toute manière inviolable.
Je ne peux pas me soustraire àla loi de la gravité comme je ne peux me soustraire à la force de l'autre.
Cette nécessité de se soumettre à la forcea été reconnue par d'autres philosophes qui ne partagent pourtant pas les vues de Hobbes sur la théorie politique.Rousseau dans le chapitre III du Livre I du Contrat social remarque ainsi que nous nous soumettons à la force par nécessité.
Il inutile qu'un droit nous oblige à obéir au plus fort.
Car une force assez puissance impose la soumissions.Si quelqu'un m'oblige à faire quelque chose sous la menace d'un revolver, il n'a pas besoin d'avoir le droit et le loi :je le ferais de toute manière si sa force est assez grande.
C'est aussi ce qu'écrit Pascal dans ses Pensées : « il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi ».
3.
Cet être souverain dure aussi longtemps que sa puissance est suffisante
Cependant, le pouvoir de cet homme qui a réussi à s'assurer la puissance des autres hommes n'a rien de stable.
Ildétient ce pouvoir seulement tant qu'il ne rencontre pas une puissance plus grande que la sienne.
Il suffit qu'un.
»
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