Hobbes, Léviathan Chapitre 32, « Des principes de la POLITIQUE CHRÉTIENNE », 2-6
Publié le 25/06/2013
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Le texte que nous allons étudier est extrait du chapitre 32 (paragraphes 2 à 6) de l’ouvrage de Thomas Hobbes intitulé le Léviathan. Ce livre a été publié en 1651, lorsque Hobbes, suite à un exil de onze ans, est rentré en Angleterre, après la restauration de Charles II. La guerre civile est finie, mais elle a laissé son empreinte et cela se ressent dans cet ouvrage qu’est le Léviathan. En effet, cette période de guerre a vu s’affronter le Parlement, et le Roi qui se réclamait de droit divin. C’est face à ce contexte de conflits théologico-politiques que Hobbes a écrit l’œuvre dont nous allons étudier un extrait.
Dans ce passage, Hobbes s’interroge sur ce qui constitue les fondements de la religion et de la politique chrétienne. Mais pourquoi étudier la religion chrétienne d’un point de vue politique ? Que cherche à faire Hobbes quand il s’interroge sur la légitimité de ceux qui se considèrent comme représentants de Dieu ? En effet, qui croire et sur quels critères ? En quoi cela nous renseigne sur la théorie politique hobbesienne ? Qu’est-ce que la volonté divine pour Hobbes ?
L’auteur affirmera que la voie la plus fiable pour avoir connaissance de la volonté de Dieu est la raison naturelle. Elle nous éloigne en effet d’interprétations douteuses, pour nous en tenir à l’essentiel : ce qu’elle est elle-même, la parole de Dieu. C’est ainsi qu’il faut considérer ceux qui se prétendent prophètes avec prudence, et ne pas surinterpréter l’Ecriture sainte. Cela est crucial car c’est sur la parole de Dieu proférée par des prophètes que se fonde la politique chrétienne.
Nous pouvons d’emblée remarquer qu’avancer de tels propos est révolutionnaire pour l’époque. Hobbes s’attirera d’ailleurs les foudres de la communauté chrétienne, qui lui reprochait notamment d’être athée. Par ailleurs, il est possible d’observer que ce texte est d’un grand intérêt politique, car il nous renseigne sur les théories hobbesiennes quant à ce qui légitime la souveraineté.
«
Dans ce premier temps de l’extrait (lignes 1 à 27: « …si on les rumine »), Hobbes nous parle
de la raison nature lle comme étant le moyen le plus fiable pour connaitre la volonté de Dieu et pour
l’ accomplir : une action est bonne si elle est utile, donc conforme au pragmatisme de la raison
naturelle.
L’auteur commence ce deuxième paragraphe du chapitre par « Pour aut ant », ce qui nous
indique que le passage que nous allons étudier s’inscrit dans la suite du paragraphe précédent.
Par
ces premiers mots, c’est comme si Hobbes nous disait « malgré ce que j’ai expliqué précédemment,
nous ne devons pas… ».
Bien que notre étude ne porte pas sur le paragraphe auquel l’auteur fait
référence, il nous faut tout de même nous y intéresser.
En effet, Hobbes y expose sa démarche quant aux propos qui vont suivre.
Il nous explique
que jusqu’à maintenant, il avait traité des droits de la puissance souveraine et du devoir des sujets à
partir de l’étude de la nature des hommes (connue par l’expérience) et de ce qui est nécessaire à la
constitution de « tout raisonnement politique ».
Mais Hobbes nous dit ensuite que désormais, son
propos p ortera sur l’étude d’un « Etat chrétien ».
Nous pourrions donc penser que Hobbes change
radicalement d’objet dans ce chapitre.
Mais ce n’est pas le cas car il parle bien « d’Etat » chrétien et
de « politique chrétienne » (intitulé de ce chapitre 32).
Le but de l’auteur est donc d’étudier ce qui
constitue la « politique chrétienne » (sa nature et ses droits).
Tout comme il avait pris pour objet la
politique, il s’empare de la religion pour l’étudier d’un point de vue étatique.
Il nous annonce que la
religion chrétienne se base essentiellement sur des « révélations surnaturelles de la volonté de
Dieu ».
Or comme Hobbes nous l’a dit, en ce qui concerne ses thèses politiques, il s’était basé sur un
rapport direct, sans médiation pour étudier ce sujet.
La légitimité de la puissance du souverain
politique et des devoirs de ses sujets se base sur une étude anthropologique : l’homme désire
naturellement ce qui est bon pour lui, mais l’incertitude de l’avenir et l’imprévisibilité d’autrui
transforment son désir en rec herche de pouvoir et de domination.
Autrui est alors vu comme un
ennemi potentiel et c’est cela qui transforme l’état de nature en état de guerre.
Une loi naturelle
(obligation) est donc nécessaire, pour venir limiter le droit naturel (liberté).
Un souvera in est donc
nécessaire pour maintenir la paix, mais cela ne peut se faire que s’il est craint par ses sujets.
Seulement voilà, Hobbes va vouloir étudier de la même manière authentique et directe le régime
chrétien, qui pourtant est ancré dans des déclarati ons divines surnaturelles.
Pour aller au-delà de
celles -ci et comprendre la constitution de l’Etat chrétien avec justesse, l’auteur va tenter de
retrouver la parole naturelle de Dieu, en s’intéressant auparavant à sa parole prophétique.
Car c’est
bien sur cette -dernière que se base toute la politique chrétienne.
C’est donc cela qui sera l’objet du
passage que nous allons étudier.
Hobbes nous dit donc que son étude va porter sur la parole prophétique et la volonté divine,
mais que cela ne signifie pas qu’il faille nous défaire de l’expérience, de nos sens et de notre « raison
naturelle » .
Au contraire, il considère ces trois éléments comme essentiels à la connaissance de Dieu
et sa parole prophétique .
L’expression « raison naturelle » semble cependant poser problème :
comment la raison pourrait être naturelle ? Car nous savons bien que pour l’auteur, la raison est
artificielle.
De quel raison nous parle -t -il alors ? Hobbes fait référence à la volonté raisonnable de
l’homme : celle-ci est pragmatique, elle est un calcul pour vivre et contrebalancer la deuxième
faculté humaine : le désir naturel, qui pousse à vouloir dominer et désirer les désirs d’autrui.
La
raison naturelle est ce par quoi « chacun s'efforce d'éviter la mort comme le plus grand mal de la
nature » (De Cive , page 78, GF).
L’auteur va jusqu’à nous dire ensuite quelque chose de non
négligeable, qu’il choisit pourtant de mettre entre parenthèse : « …la raison naturelle (qui est.
»
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