Hobbes et le problème de l'égoïsme
Publié le 17/11/2011
Extrait du document

Platon était prêt à laisser aux dirigeants un pouvoir absolu, à condition
que ce pouvoir soit exercé en vue du Bien. Le grand philosophe Hobbes
a été plus loin encore: Selon lui, il est utopique d'espérer qu'un dirigeant
agisse pour le bien des autres hommes, mais néanmoins le pouvoir absolu
d'un chef est la moins mauvaise solution politique. Ce goût de Hobbes
pour le pouvoir absolu s'explique. Né en 1588, prématurément paraît-il,
sa mère ayant pris peur à l'annonce de l'arrivée de «l'Invincible Armada«
espagnole, Thomas Hobbes a vécu une des périodes les plus troublées de
l'histoire anglaise. Il vécut la révolte contre Charles 1, la guerre civile qui
s'ensuivit en 1642, et dut s'exiler sur le Continent, où il resta onze ans.

«
La vie devient une lutte où le fort l'emporte, mais provisoirement, car
même le fort finit par succomber: par exemple, des faibles peuvent
se
coaliser contre lui.
Cette lutte continuelle est la vie des hommes sans
société organisée,
ou comme dit Hobbes, «dans l'état de nature».
Hobbes
résume les horreurs de
cette existence par une phrase célèbre: selon lui, la
vie dans
l'état de *nature est «solitaire, pauvre, vilaine, bestiale et courte».
Cette *anarchie (an =sans, archie =gouvernement) ne peut durer, si les
hommes veulent survivre.
Organiser la société est un moyen de finir la
guerre de chacun contre tous: Les hommes finissent par comprendre
que pour éteindre les conflits de l'état de nature, ils doivent renoncer à
leurs tentatives désordonnées pour satisfaire leurs instincts, et s'accordent
à restreindre leur liberté par des obligations réciproques formant un
*contrat social.
La *société est donc un *compromis entre les hommes:
pour avoir la paix sociale, il faut renoncer à une satisfaction absolue de
nos désirs.
Personne n'aspire à ce compromis: on préférerait vivre pour
soi, mais le compromis est nécessaire pour survivre.
Hobbes est
un des premiers théoriciens politiques à avoir utilisé l'idée
de
contrat social pour expliquer la société et les obligations individuelles
en société: Par ce *contrat, les hommes s'accordent à se soumettre à
des règles ou obligations, les *lois de la société.
Les hommes acceptent
ce
contrat parce qu'ils ont compris la nécessité d'obligations réciproques
pour ne plus souffrir des conflits qui feraient rage sans ces lois.
Mais néan
moins, leur égoïsme les pousse
à attendre des autres qu'ils obéissent au
contrat, sans y obéir eux-mêmes.
Alors, le contrat n'a aucun effet si on
ne crée pas un agent chargé de l'imposer.
Cet agent a besoin de tout le
pouvoir possible
pour imposer le contrat, et de plus, il ne doit y avoir
aucune échappatoire possible: ce pouvoir doit être absolu.
Le pouvoir absolu.
On ne peut pas parler de *pouvoir sans dire qui
l'exercera.
Si la souveraineté appartient à un groupe de dirigeants, ils
rivaliseront
entre eux, l'autorité serait divisée, et on aurait encore des
désordres.
Alors,
il vaut mieux que l'autorité soit incarnée dans un seul
homme, le *souverain,
qui n'est pas divisé, qui ne cherche pas un intérêt
personnel
aux dépens du bien public, puisque «le roi n'est pas plus riche
que son
royaume».
Par exemple, un souverain garde le secret de ses
Conseils, tandis que des assemblées
ont des «fuites» motivées par les inté
rêts divers des participants;
et aussi, les décisions du souverain «n'ont
que l'inconstance humaine, tandis qu'un groupe y ajoute l'inconstance
du nombre», c.a.d des luttes de majorité, et des intérêts opposés.
Une fois un souverain mis en place, a-t-il des obligations particulières
envers ses sujets? Hobbes ne le croit pas.
D'abord,
il serait irréaliste d'at
tendre de celui qui a le pouvoir absolu qu'il se plie
à d'autres règles que
son propre intérêt.
De plus, le souverain est en dehors
du contrat social,.
»
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