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HOBBES: Avant l'établissement de la société civile

Publié le 05/04/2005

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Avant l'établissement de la société civile, toutes choses appartiennent à tous et personne ne peut dire qu'une chose est sienne si affirmativement qu'un autre ne se la puisse attribuer avec même droit (car là où tout est commun, il n'y a rien de propre). Il s'ensuit que la propriété des choses a commencé lorsque les sociétés civiles ont été établies, et que ce qu'on nomme propre est ce que chaque particulier peut retenir à soi sans contrevenir aux lois et avec la permission de la Cité, c'est-à-dire de celui à qui on a accordé la puissance souveraine. Cela étant, chaque particulier peut bien avoir en propre quelque chose à laquelle aucun de ses concitoyens n'osera toucher et n'aura point de droit, à cause qu'ils vivent tous sous les mêmes lois. Mais il n'en peut pas avoir la propriété en telle sorte qu'elle exclue toutes les prétentions du législateur et qu'elle empêche les droits de celui qui juge sans appel de tous les différends, et dont la volonté a été faite la règle de toutes les autres. HOBBES

QUESTIONNAIRE INDICATIF    • Qu'est-ce que la « société civile «?  — Pourquoi selon Hobbes « personne ne peut dire qu'une chose est sienne si affirmativement qu'un autre ne se la puisse attribuer avec même droit « ?  — Peut-on parler de « droit « avant la « société civile «?  • Que « s'ensuit-il « selon Hobbes ?  — Pourquoi ?  — Comment comprenez-vous « celui à qui on a commis la puissance souveraine « ?  • Restrictions à la propriété (personnelle)?  — Cf. la dernière phrase du texte.  — Que signifie : « les droits de celui qui juge sans appel de tous les différends « ?  — Que signifie : « celui dont la volonté a été faite la règle de toutes les autres «?  — Qu'est-ce que cela justifie (ou peut justifier) ?  • Que pensez-vous de la position et de l'argumentation de Hobbes ?

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« Abordons le problème de la division du travail, cad la répartition des tâches nécessaires et le problème général desconditions de travail. On peut considérer la division du travail du point de vue de son efficacité pour la production des biens nécessaires àla société, donc de son utilité économique.

Mais il faut aussi considérer les conséquences de la division du travailsur la personne du travailleur. L'utilité économique de la division en métiers paraît évidente : elle est la condition d'une production diversifiée et dela satisfaction de besoins variés.

Considérée du point de vue du travailleur, elle implique un développement del'habileté individuelle et un perfectionnement des capacités.

La maîtrise d'un métier, qu'il soit manuel ou intellectuel,permet une réalisation de soi et une reconnaissance sociale (ainsi, l'admiration pour le professionnalisme).

Aussil'ambition d'avoir un métier et d'y réussir est-elle autre chose que la volonté de gagner sa vie, même si laspécialisation dans un métier, en interdisant par définition les autres, peut apparaître comme un enfermement dansun seul domaine. En revanche, la division du travail qui s'est imposée avec le développement de la grande industrie, et qui caractériseencore aujourd'hui nombre d'entreprises a vu son utilité très vite contestée. Des premières manufactures aux usines modernes, la division technique du travail s'est en effet accentuée jusqu'àl'extrême parcellisation.

Tant que le travail est divisé en métiers différents, chaque homme de métier peut réaliser unproduit dans son ensemble, et même s'il existe une coopération, chacun est capable d'accomplir toutes les tâchesnécessaires à la réalisation du produit (au Moyen âge par exemple, la fin de l'apprentissage est symbolisée par laréalisation d'un chef-d'oeuvre).

Avec les manufactures cette capacité à réaliser le produit en entier se perd et, dansla grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement. A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division du travail, telle qu'elle se développe dans lesmanufactures lors de la première révolution industrielle. « Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais oùla division du travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles. Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division dutravail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui ysont en usage, dont l'invention est probablement due encore à la division du travail–cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingledans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.

Mais de lamanière dont cette industrie et maintenant conduite, non seulement l'ouvrageentier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grandnombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers.Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée,un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doitrecevoir la tête.

Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérationsséparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles en estune autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers etd'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé endix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, dans certaines fabriques sontremplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier enremplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employaitque dix ouvriers, et où , par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés dedeux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fût fort pauvre et pour cetteraison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à boutde faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livrecontient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaienttous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pasété façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas faitvingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, ladeux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partiede ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division etd'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH , « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ».. »

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