HOBBES
Publié le 12/01/2014
Extrait du document


«
au délit : une loi est bonne, quand elle accom- plit sa fonction, c’est-à-dire d’abord quand elle est «
nécessaire au bien du peuple », en d’autres termesquand elledéfend l’intérêtgénéral,et quand elle est«
facile à com- prendre », c’est-à-dire quand chacun peut saisir que la défense de l’intérêt général est sa
véritable finalité.
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La liberté
Eneffet, « le rôle des lois », ce n’est pas de contraindre les citoyens et « d’empêcher toute action
volontaire », en faisant de nous des marionnettes au service du souve- rain : les lois ont pour but de
nous protéger et des autres, et de « l’impétuosité » de nos propres désirs.
Loin partant de contraindre la
volonté, elles l’épaulent et la sou- tiennent: les lois sont là pour suppléer une volonté trop faible pour
pouvoir toujours contrôler nos appétits.
Les haies ne sont pas faites pour empêcher le voyageur de
circuler, mais pour faciliter son voyage en l’empêchant de se perdre en chemin; de même une loi sera
bonne, quand elle sera « nécessaire », entendons par là qu’elle sera bonne quand elle défen- dra
l’intérêt général contre « l’impétuosité » de nos désirs.
Bien souvent en effet, ces derniers nous
aveuglent; et tout empressés qu’ils sont à les satisfaire, les gens sans le savoir « se nuisent à eux-
mêmes ».
Ce n’est donc pas simplement de la violence tou- jours possible d’autrui que la loi me
protège : elledéfend surtoutmes propres intérêts contre moi-même,commeleshaies guidentle
voyageurpour l’amenerà bonport, ou comme les règles nous permettentde jouer en donnant un cadre
au jeu.
2.
a) Que serait un jeu, dont je pourrais modifier en permanence les règles? Les règles font l’enjeu du
jeu : si je m’en excepte,si je triche donc, le jeu perd de fait tout son intérêt.
Que je fasse seul une
réussite, en modifiant les règles au fur et à mesure m’assurera peut-être une victoire facile; mais cette
dernière me fatiguera, avant que de me distraire.
Lorsqu’il s’agit d’un jeu à plusieurs, les règles
deviennent encore plus nécessaires : lorsqu’on joue avec d’autres, chacun entend gagner, en sorte que
sans ententepréalablesur ce qu’il estpermis ou nonde faire, le jeu cesserade nousdivertir pour verser
dans la querelle.
Il nous faut donc nous mettre d’accord par avance : l’important n’est pas que la règle
soit arbitraire (elle l’est toujours par définition); l’important est qu’il y en ait une, qui coupe court à
toute contestation, et mette fin
paravanceauxpossiblesdisputes.Lesrèglesd’unjeufixentdonclesactionsquiseront autorisées à chacun,
elles vaudront pour tous d’égale façon et elles ne tireront leur autorité que de la soumission des
joueurs.
Imaginons qu’une société quelconque se décide pour telou tel jeu de cartes; que soudain
lesrèglesn’agréentplusaux joueurs: ils changeront alors de divertissement – mais le temps qu’ils
jouent, ils devront se soumettre.
Changer les règles de la belotte, ce n’est plus jouer à la belotte, mais à
un autre jeu; et ce jeu fût-il autre, il aura encore des règles, qui comme les précédentes ne tiendront
qu’aussi longtemps que la volonté des joueurs les fera tenir.
Or, selon Hobbes, il en va exactement de
même pour les lois : les lois ne sont que des règles édictées par le souverain, auxquelles une
communauté politique donnée se soumet parce qu’elle accepte de s’y soumettre.
Il n’y a, en fait, de
soumission que volontaire : il n’y a pas plus de sens à parler de lois injustes, que de prétendre que le
tarot est un jeu plus équitable que la belotte,lors même que les joueurs ont décidé de jouer à la
seconde.
Jouer à un jeu, c’est en accepter les règles; de même,être membre
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Sujet 1.
»
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