Histoire naturelle de Buffon
Publié le 10/04/2013
Extrait du document
«
EXTRAITS ---------
« La taille de nos
animaux quadrupède s
n 'approche pas de celle
de l'éléphant.
..
»
De l'homm e et du mariage
Au royaume d'Aracan et aux îles Philippines,
un homme se croirait déshonoré s'il épou
sait une fille qui n'eût
pas été déflorée par
un autre, et ce n'est qu'à prix d'argent que
l'on
peut engager quelqu'un à prévenir
l'époux.
Dans la province
de Thibet, les mères cher
chent des étrangers et les
prient instamment de
mettre leurs filles en état
de trouver des maris ; les
Lapons préfèrent aussi les
filles qui ont eu commerce
avec des étrangers : ils
pensent qu'elles ont plus de
mérite que les autres, puis
qu'elles ont su plaire à des
hommes qu'ils regardent
'f ~ •• comme plus connaisseurs
et meilleurs juges de la
beauté qu'ils ne le sont
eux-mêmes.
A Madagascar
et dans quelques autres
pays, les filles les plus libertines et les plus
débauchées sont celles qui sont le plus tôt
mariées ; nous pourrions donner plusieurs
autres exemples de ce goût singulier, qui ne
peut venir que de la grossièreté ou de la dé
pravation des mœurs.
L'état naturel des hommes après la puberté
est celui du mariage ; un
homme ne doit
avoir qu'une femme, comme une
femme ne
doit avoir qu'un
homme; cette loi est celle
de
la Nature, puisque le nombre des femelles
est à peu près égal à celui des mâles : ce ne
peut donc être qu'en s'éloignant du droit na
turel, et
par la plus injuste de toutes les ty
rannies, que les hommes ont établi des lois
contraires ; la raison, l'humanité, la justice
réclament contre ces sérails odieux, où l'on sacrifie
à la passion brutale ou dédaigneuse
d'un seul homme, la liberté et le cœur de
plusieurs femmes dont chacune pourrait
faire le bonheur d'un autre homme.
De la repro duct io n en généra l
...
Il me paraît donc très vraisemblable par
les raisonnements que nous venons de faire,
qu'il existe réellement dans
la Nature une in
finité de petits êtres organisés, semblables en
tout aux grands êtres organisés qui figurent
dans
le monde, que ces petits êtres sont com
posés de parties organiques vivantes qui sont .
communes aux animaux et aux végétaux, que
ces parties organiques sont des parties pri
mitives et incorruptibles, que l'assemblage
de ces parties forme à nos yeux des êtres or
ganisés, et que
par conséquent la reproduc
tion ou
la génération n'est qu'un
changement de forme qui se fait
et s'opère
par la seule addition
de ces parties semblables,
comme la destruction de l'être
organisé se fait
par la division
de ces mêmes parties.
Des espèces et d es genres
Le rat, la souris, le mulot, le rat
d'eau, le campagnol, le loir, le
lérot, le muscardin, la musa
raigne, beaucoup d'autres que
je ne cite point parce qu'ils sont
étrangers à notre climat, for
ment autant d'espèces distinctes
et séparées, mais assez peu différentes pour
pouvoir en quelque sorte se suppléer etfaire
que, si l'une d'entre elles venait
à manquer,
le vide en ce genre serait à peine sensible ;
c'est ce grand nombre d'espèces voisines qui
a donné l'idée des genres aux Naturalistes.
« Ces animau x q ue nous app elo n s sa u vages, par ce q u ' ils ne
no us son t pas soumis, on t -ils besoin de plu s pou r êtr e he ureu x ? »
NOTES D E L'É DITEU R
«Si l'on tient compte de le ur nécessité
logique et de leur valeur analogique, les
hypothè se s de s molécule s
et d es moules ne
doi vent donc pas nou s emp êcher de dire
avec Darwin :
" Buffon est
le précurseur qui
dan s le s temp s moderne s a traité ce sujet
d 'un point de vue e
ssentiell ement
s c ientifique.
" Si l'on insis te
au contraire dialogues
et bourré de légendes,
o' Benoît
de Maillet avait exposé ses idées sur la
formation de la Terre et l'origine de
l'homme, livre intitulé
Telliamed par
anagramme du nom de l'auteur et paru en
17 48.
» Jean Varloot, préface de l'H istoire
naturelle,
Gallimard, 1984.
côté; là il s'abandonne à toutes les gaietés,
à toutes les folies qui lui passent par la tête.
Son grand plaisir est de dire des
polissonneries, d'autant plus plaisantes, qu'il
reste toujours dans le calme de son
caractère ; que son rire, sa vieillesse,
forment un contraste piquant avec le sérieux
et la gravité qui lui sont naturels, et ces
plaisanteries sont souvent si fortes que les
femmes sont obligées de déserter.
En
général la conversation de Buffon est très
négligée.
On le lui a dit, et il a répondu que
c'était le moment de son repos et qu'il
importait peu que ses paroles fussent
soignées ou non.
» Hérault des Séchelles,
Voyage à Montbard.
sur leur aspec t spécul ati f, o n verra plutôt
en le ur auteur un théori cien ou même un
r êv eur .
" Jusqu'à quand ferez -vous le
C yrano de Bergerac
? " lui disait le
gé olo gue Gu itard , et d'a utres rapprochaient
!'H ist o ire na turelle d'un livre romancé en
« A neuf heures, on lui apporte à déjeuner
dans son cabinet, où quelquefois, il le prend
en s'habillant.
Ce déjeuner est composé de
deux verres de vin et d'un morceau de pain ;
il travaille ensuite jusqu'à une ou deux
heures.
Il revient alors dans sa mai on.
Il
dîne, il aime à dîner longtemps ; c'est à
dîner qu'il met son esprit et son génie de
1 Edimedia / BN 2, 3, 4, 5 dessins de Benjamin Rabier / Librairi e Garnier Frères, Pari s, 1932 BUFFON 02.
»
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