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Henri Matisse

Publié le 26/02/2010

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Jusqu'à 20 ans, Henri Matisse ne montra pas de sensibilité particulière pour l'art. Il avait suivi des études de droit à la faculté de Paris et était devenu clerc de notaire à Saint-Quentin. Il se mit à la peinture par désoeuvrement, lors d'une convalescence consécutive à une opération de l'appendicite en 1890. La révélation sera fulgurante. En 1891, il abandonne la carrière juridique pour se consacrer à la peinture et s'installe à Paris. Il s'inscrit aux cours du soir de l'École des Arts Décoratifs et entre dans l'atelier de Gustave Moreau aux Beaux-Arts. A cette époque, le style de Matisse est dominé par l'influence du réalisme hollandais du XVIIe siècle, mais un voyage en Bretagne en 1895 éclaircira sa palette. La peinture en plein air éveille sa passion de la couleur pure, territoire qu'il explorera jusqu'à ce qu'il atteigne l'intensité maximale de l'impact chromatique. Durant ces premières années, Matisse acquiert un petit succès dans les milieux officiels de l'art, mais il cessera d'exposer au Salon après 1899. Malgré l'impasse financière dans laquelle il se trouve, sa réputation d'artiste incontournable de l'art moderne ne cesse de croître. Après avoir expérimenté quelques temps la technique pointilliste de Seurat, il trouve dans les couleurs vibrantes de la Méditerranée l'impulsion qu'il lui manquait pour débrider son style. En 1905, il expose au Salon d'automne la Fenêtre ouverte à Collioure et la Femme au chapeau. Devant ces oeuvres aux couleurs violentes posées par taches plates, le critique Louis Vauxcelles aura le mot de "fauves" pour caractériser péjorativement les exposants du salon, baptisant sans le savoir le nouveau mouvement dont Matisse s'affirmera comme le chef de file, même si par ses couleurs éclatantes il restait avant tout un révolutionnaire de l'art. Enrichi par le succès commercial de sa peinture, Matisse put parcourir le monde, s'astreignant malgré tout à une discipline de travail rigoureuse qu'il ne relâcha jamais, même à la fin de sa vie. Quand l'âge et l'infirmité réduisirent sa liberté de mouvement, il continua de dessiner de grandes toiles au moyen d'un crayon attaché à une longue tige de bambou. Les dernières oeuvres de l'investigation créatrice de Matisse, de grandes gouaches découpées aux couleurs vives, révélèrent une nouvelle fois l'audace et l'imagination de cet artiste fondamental. Lumière et ligne, mais fondues selon un mode qui est plus que matériel, décoration essentiellement expressive, poésie sensuelle qui conduit le regard au delà de l'image elle-même, harmonie sensible dont la nature est la base, la couleur et la lumière sont les moyens, le rythme est le moteur, la sensibilité est le guide et la raison le juge ; un mélange d'impressionnisme et d'orientalisme, contrôlé par un amour tout français de l'ordre ; tel est l'art d'Henri Matisse qui apporta une vie nouvelle à la peinture d'Occident, car, de même que l'impressionnisme a préparé la rupture définitive avec l'académisme du XIXe siècle, et qu'à leur tour, et chacun à sa manière, Renoir et Gauguin ont apporté à l'art théoriquement impersonnel des impressionnistes un élément de poésie sensuelle, Matisse a mis l'accent sur l'émotion et l'expression sensible, et cela à une époque dont l'art, sans lui, eût couru le risque d'être desséché par l'intellectualisme et l'abstraction.   

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« groupe des Fauves et lui-même firent leur la technique impressionniste, l'élargirent, "étendant, comme le dit AndréLhote, leurs touches de couleur à l'échelle de la fresque". Pour redonner de la force à la peinture, Matisse sentit qu'il fallait retrouver la simplicité primitive ; il disait : Quand les moyens se sont tellement affinés, tellement amenuisés que leur pouvoir d'expression s'épuise, il fautrevenir aux principes essentiels qui ont formé le langage humain... C'est le point de départ du Fauvisme : le courage de retrouver la pureté des moyens. Les Fauves sont ainsi revenus aux principes essentiels d'expression dans la peinture, en redonnant à celle-ci sonrôle décoratif. Ils ne furent pas les premiers, il est vrai, parmi les dissidents de l'impressionnisme doctrinal, à prendre cette voie.Les synthétistes, en mettant l'accent sur l'arabesque et la peinture plate, s'y étaient déjà engagés.

Une fois deplus, Gauguin avait attiré l'attention de l'Occident sur les qualités de la technique orientale.

Mais Matisse alla plusloin. Malgré la valeur qu'il semblait reconnaître aux ouvrages d'Extrême-Orient, Gauguin n'est parvenu que bien rarementà accorder les fins décoratives qu'il poursuivait et le goût qu'il avait hérité de la représentation en clair-obscur.

Lessynthétistes, trop exclusivement attirés par les éléments décoratifs de la peinture, aboutirent à un art inexpressif età une représentation dénuée de vie. Matisse comprit dès l'abord qu'un art pictural vrai impliquait la fusion organique des éléments décoratifs etexpressifs.

Lorsque Matisse parle de la pureté des moyens à laquelle les Fauves et lui-même eurent le courage derevenir, cette dualité est toujours présente à son esprit.

On la retrouve aussi bien dans l'exposé des buts de sonart, qu'il publie en 1908 dans la Grande Revue, que dans ses dernières oeuvres : Ce que je poursuis par-dessus tout, c'est l'expression... La pensée d'un peintre ne doit pas être considérée en dehors de ses moyens, car elle ne vaut qu'autant qu'elle estservie par des moyens qui doivent être d'autant plus complets (et par complets, je n'entends pas compliqués) quesa pensée est plus profonde.

Je ne puis pas distinguer entre le sentiment que j'ai de la vie et la façon dont je letraduis.

L'expression, pour moi, ne réside pas dans la passion qui éclatera sur un visage ou qui s'affirmera par unmouvement violent.

Elle est dans toute la disposition de mon tableau... La composition est l'art d'arranger de manière décorative les divers éléments dont le peintre dispose pour exprimerses sentiments... Ce qui m'intéresse le plus, ce n'est ni la nature morte, ni le paysage, c'est la figure.

C'est elle qui me permet lemieux d'exprimer le sentiment pour ainsi dire religieux que je possède de la vie. Grâce au respect qu'il sut maintenir à l'égard de la dualité essentielle de l'art, Matisse a pu, sans faire uneconcession à l'intérêt anecdotique, apporter à la peinture la poésie du plaisir sensible. Avant lui, Renoir était allé dans le même sens, et probablement plus loin.

Mais l'impressionnisme avait conduit à desabus qu'il était nécessaire de corriger.

Cela, la génération de Matisse le sentait vivement.

Chaque maître chercha sasolution propre.

Matisse, lui, trouva son ordre dans les ouvrages de l'Orient et, peut-être, grâce à l'exposition d'artmusulman qui eut lieu à Paris en 1903, la route d'un art pictural auquel la poésie sensuelle de la peinture n'est plusnécessaire. Bien que l'art oriental ait continué à jouer un rôle important dans l'art de Matisse, l'adaptation qu'il en a faite estextrêmement personnelle.

Les apports de l'Orient se retrouvent fréquemment dans son style, par exemple l'usage delarges plans colorés qui rappellent les mosaïques byzantines, les miniatures persanes ou les tissus orientaux.

Ils seretrouvent aussi dans la façon dont il aplatit les formes à trois dimensions, de manière à les faire apparaître commedes plans plutôt que comme des volumes, ou dans son goût de l'arabesque et des motifs floraux comme élémentssecondaires d'une composition. Pour enrichir ces éléments expressifs, Matisse puise dans le trésor des traditions et des modèles antérieurs.

Il est encela typiquement moderne.

La terre s'est rapetissée durant le XXe siècle à une cadence plus rapide que dansn'importe quelle autre période de l'histoire, le rétrécissement géographique a ouvert la voie aux recherchesarchéologiques, et le temps s'est rapetissé comme l'espace.

Toutes les traditions artistiques de l'Europe, de l'Asie,de l'Afrique, de l'Océanie, de l'Amérique, sont aujourd'hui à la portée de l'artiste qui désire y chercher des sourcesd'inspiration.

Et Matisse, qui est un des plus érudits parmi les peintres vivants, en a fait un usage avide, intelligentet personnel.

Il s'en est servi pour renforcer la structure picturale héritée des impressionnistes, pour en élargir leslimites.

Il écrivait dans la Grande Revue en 1908 : Tous les artistes portent l'empreinte de leur époque, mais les grands artistes sont ceux en qui elle est marquée leplus profondément.. »

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