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Henri Bergson, Matière et Mémoire (1896), chap. III

Publié le 23/03/2015

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bergson

« Qu'est-ce que, pour moi, que le moment présent ? Le propre du temps est de s'écouler ; le temps déjà écoulé est le passé, et nous appelons présent l'instant où il s'écoule. Mais il ne peut être question ici d'un point mathématique. Sans doute, il y a un présent idéal, purement conçu, limite indivisible qui séparerait le passé de l'avenir. Mais le présent réel, concret, vécu, celui dont je parle quand je parle de ma perception présente, celui-là occupe nécessairement une durée... Il faut donc que l'état psychologique que j'appelle « mon présent « soit tout à la fois une perception du passé immédiat et une détermination de l'avenir immédiat. Or le passé immédiat, en tant que perçu est, comme nous le verrons, sensation puisque toute sensation traduit une longue succession d'ébranlements élémentaires ; et l'avenir immédiat en tant que déterminant, est action ou mouvement... d'où je conclus que mon présent consiste dans un système combiné de sensations et de mouvements. Mon présent est, par essence, sensori-moteur. «

Henri Bergson, Matière et Mémoire (1896), chap. III, Œuvres, P.U.F., 1939.

 

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« Textes commentés 41 Situation du texte: Matière et Mémoire, publié en 1897, aborde la question du dualisme entre l'esprit et le corps en réfutant l'hypothèse selon laquelle la mémoire, lien entre le spirituel et le matériel, serait purement intellectuelle.

La perception et la mémoire sont au contraire articulées à l'action qui sélectionne leurs contenus.

Le présent est donc le corps en acte percevant et agissant lui­ même.

La thèse du texte : Bergson a l'intention de démontrer que le présent est « sensori-moteur », c'est-à-dire une coupe dans le devenir appréhendé dans un corps vivant.

Le présent correspond donc à une durée vécue par le corps engagé dans l'action et réactualisant des souvenirs à chaque instant.

Le mouvement du texte : a) Le présent réel est le présent vécu, et non le présent pensé.

L'intelligence spatialise et généralise tandis que l'intuition coïncide avec la chose même.

Le temps réel n'est saisi que par l'intuition et non par des idées « un présent idéal ».

Le présent, loin d'être défini par la conception objectiviste du temps des horloges, quantitatif, discontinu, abstrait et mesurable, est une durée saisie immédiatement par l'intuition, et non un« point mathématique».

b) Le présent est perception des sensations immédiatement passées.

En effet, Bergson estime que les deux mémoires, la mémoire habitude et la mémoire pure sont réactualisées dans la sensation parce que le sujet reconnaît ce qu'il perçoit.

c) L'ensemble des sensations est lui-même coordonné à une action.

Bergson réhabilite donc le corps comme substrat dynamique de la durée.

Les attentes, les variations infinitésimales des sensations s'ajoutent les unes aux autres, mais sans discontinuité car le souvenir est réactualisé dans l'action ( « un système combiné de sensations et de mouvements » ).

Conséquences du texte : • Il n'y a pas de perception pure, mais une continuité entre les perceptions passées et les perceptions présentes.

La perception est traitée globalement dans un contexte vital et évolutionniste qui annonce L'Évolution créatrice (1918).

• Bergson ouvre la voie à un inconscient psychologique faits de souvenirs purs non actualisés dans l'action présente.

Le rationalisme est donc doublement limité par l'intuition et par l'inconscient psychologique.

1 • Bergson voit dans les habitudes de la mémoire mécanique du corps l'origine d'un certain nombre de pièges contractés par notre pensée en métaphysique.

1. »

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