Heidegger technique
Publié le 05/11/2023
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HEIDEGGER ET LA MISE EN QUESTION DE LA TECHNIQUE MODERNE
L’interprétation de la philosophie occidentale au fil conducteur la question fondamentale du
sens de l’être, amorcée dans d’Être et Temps (1927), a valu à Heidegger une renommée
internationale quasi immédiate.
Au début des années trente, il abandonne pourtant le projet
tracé en 1927.
C’est le fameux « tournant » qui le conduit à reprendre à un autre point de vue
le même questionnement.
Alors, dans ses traités rédigés dans les années Trente, restés non
publiés en Allemagne jusqu’en 1989, se dessine la figure d’un Heidegger prophète d’un
« nouveau commencement », celui d’une autre « pensée de l’être » (Seyn avec un « y ») qu’il
détermine comme événement appropriant (Ereignis).
C’est à cette même période que
Heidegger, lecteur de Nietzsche et de Jünger, réfléchit au trait fondamental selon lui de
l’époque moderne : le règne de la technique planétaire.
L’essence de la technique moderne
Heidegger critique la pensée qui fait de la technique moderne un instrument, neutre en luimême, que l’homme aurait à maîtriser.
« La position de fond des Temps modernes est la
position “technique”.
Elle n’est pas technique parce qu’on y trouve des machines à vapeur,
bientôt suivies par des moteurs à explosion.
Bien au contraire, des choses de ce genre s’y
trouvent parce cette ère est l’ère « technique ».
[…] La technique des temps modernes n’est
pas seulement, en effet, un instrument dont l’homme d’aujourd’hui peut être maître ou sujet ;
[…] avant tout cette technique est un mode déjà décidé d’interprétation du monde, qui ne
détermine pas seulement les moyens de transports, l’approvisionnement des denrées et
l’industrie des loisir, mais en ses possibilités propres, toute attitude de l’homme »1.
La
technique moderne ne modifie pas seulement le rapport de l’homme au monde en facilitant
ses conditions matérielles d’existence, mais, plus radicalement, en elle se déploie l’essence
originelle de la technique.
Tout au long les années 30 et 40, Heidegger nomme cette secrète
« essence » de la technique par le terme de Machenschaft – mot riche de sens qui peut se
rendre par la « machinerie », la « fabricabilité » et qui désigne le « règne de l’efficience » avec
une nuance de « machination » ou de « manigance » – puis, à partir de 1949, par das Gestell
– « l’Arraisonnement » ou « le Dispositif » – principe organisateur du rapport de l’homme à
tout ce qui est, qui, lui, échappe à toute maîtrise.
Un monde de flux et des stocks
La domination, universelle et planétaire de l’essence de la technique se traduit par le fait que
tout ce qui est tend à n’être plus qu’une sorte de fonds de réserve ou de stock susceptible
d’être requis pour l’accomplissement d’un processus fonctionnel.
Le monde des objets, des
choses et des personnes devient celui des flux et des stocks, de la réduction de ce qui est au
quantifiable, ce qui culmine aujourd’hui la numérisation de toutes les formes de vie : « ce qui
est là comme stock n’est plus en face de nous comme objet »2.
Une chose ou un être ne peut
plus être simplement là, il est toujours déjà « là pour », stocké et mis en réserve afin d’être
requis dans un appareillement où il sera réduit à n’être plus que la maillon pièce....
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