HEGEL: Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion...
Publié le 24/04/2005
Extrait du document
La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moins mauvaise. Le romantisme allemand et, en particulier, Hegel restituent à la passion toute sa grandeur. Dans une Introduction fameuse (« La Raison dans l'histoire «) à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire « - publiées après sa mort à partir de manuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, on peut lire (trad. Kostas Papaioannou, coll. 10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l’intérêt de ceux qui y ont participé. Cet intérêt nous l'appelons passion lorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. «
«
la médiation des grands hommes de l'histoire.
Ainsi, par exemple, Jules César ne croyait agir que pour sonambition personnelle en combattant les maîtres des provinces de l'empire romain.
Or, sa victoire sur euxfut en même temps une conquête de la totalité de l'empire: il devint ainsi, sans toucher à la forme de laconstitution, le maître individuel de l'Etat.
Et le pouvoir unique à Rome « que lui conféra l'accomplissementde son but de prime abord négatif » ouvrait une phase nécessaire dans l'histoire de Rome et dansl'histoire du monde:
« Les grands hommes de l'histoire sont ceux dont les fins particulières contiennent la substantialité quecontre la volonté de l'Esprit du monde.
»
Les individus historiques sont donc les agents d'un but qui constitue une étape dans la marcheprogressive l'Esprit universel.
Mais sans la passion, ils n'auraient ri pu produire.« Ce n'est pas le bonheur qu'ils ont choisi, mais la peine, le travail pour leur but.
[...
] En fait, ils ont étépassionnés, c'est-à-dire ils ont passionnément pour leur but et lui ont consacré tout leur caractère, leurgd et leur tempérament.
[...] La passion est devenue l'énergie de leur moi; sans la passion ils n'auraientrien produire.
»
Les grands hommes, les peuples avec leur esprit, 1eur constitution, leur art, leur religion, leur science nemaîtrisent pas le sens de ce qu'ils font.
Ils ne sont, que « les moyens, les instruments d'une chose plusélevée, plus vaste qu'ils ignorent et accomplissent inconsciemment ».
Si « Rien de grand ne s'est accomplidans le monde sans passion », c'est bien parce que les passions sont énergie, incandescence du vouloir,tension vers un but, mais aussi et surtout parce qu'elles ne sont que « les moyens du génie de l'universpour accomplir sa fin ».
Hegel ne juge pas les passions d'un point de vue moral, mais du point de vue de l'histoire.
On peutremarquer que, même sur un plan personnel, toute passion comporte un élan susceptible d'être finalisé etpeut ainsi être à l'origine de grandes découvertes ou d'œuvres personnelles.
Ainsi, par exemple,Dostoievski qui avait la passion du jeu a réussi à transcender sa passion, à lui donner un sens, dans sonœuvre « Le Joueur ».Hegel compare l'histoire du monde à une tapisserie dont , les la chaîne est l'Idée ou l'Esprit,et la trame, ou les fils passions.
Sa philosophie de l'histoire est une véritable théodicée dans laquelle lesmoments excessifs, sanglants, les hommes immoraux et même les criminels préparent l'avenir selon lesdesseins de la raison divine.
On n'a pas manqué de voir dans une telle conception sinon l'affirmation de lavertu des massacres et des violences, du moins la justification du mal.
Puisque la raison gouverne lemonde et par conséquent a gouverné et gouverne l'histoire, alors tout ce qui s'est passé et se passeencore, et même la folie, la déraison font avancer les choses vers l'heureuse conclusion.
En fait, Hegel ne cherche pas à justifier le mal, mais il considère que l'Esprit réussira, dans ce travail, àressaisir en lui-même ce qui se dégage de l'histoire et à organiser le monde selon sa rationalité propre.Autrement dit, plus le mal est grand, plus grandes sont aussi les exigences de réconciliation, car lavolonté humaine, en son plus extrême déchirement, pose la nécessité d'une unité qui en rende compte.On constatera toutefois qu'avec l'avènement des sociétés totalitaires au xx siècle, et, en particulier, lemal absolu que constitue l'holocauste, a surgi une négativité qui s'affirme en puissance contre la liberté.La déraison reste une figure possible de l'homme et nul ne peut dire à l'avance ce que sera la fin de sonhistoire.
HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).
Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.
Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.
En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.
En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.
De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.
à Berlin, de 1818 à sa mort.
due à une épidémie decholéra.
Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.
Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.
L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.
Le Toutest l'unité des opposés, la non-contradiction.
Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et viceversa.
L'étude du développement des notions universelles qui déterminent la pensée, constitue la logique.
Réel etrationnel (la réalité est raisonnable et le raisonnable est réel), être et pensée, se concilient dans l'idée, principeunique et universel.
L'idée, c'est l'unité de l'existence et du concept.
« Nous réserverons l'expression Idée auconcept objectif ou réel, et nous la distinguerons du concept lui-même, et plus encore de la simple représentation..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. Hegel
- PODCAST: "Rien de grand dans le monde ne s'est accompli sans passion" HEGEL, La Raison dans l'Histoire.
- « Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. » Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831), La Raison dans l'Histoire
- Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. Introduction à la Philosophie de l'Histoire Hegel, Georg Wilhelm Friedrich. Commentez cette citation.
- Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. [ Introduction à la Philosophie de l'Histoire ] Hegel, Georg Wilhelm Friedrich. Commentez cette citation.