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HEGEL: L'homme montre mieux son habileté dans des productions surgissant de l'esprit qu'en imitant la nature.

Publié le 24/04/2005

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Il y a des portraits dont on a dit assez spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. D'une façon générale, la joie que procure une imitation réussie ne peut être qu'une joie toute relative, car dans l'imitation de la nature, le contenu, la matière sont des données qu'on n'a que la peine d'utiliser. L'homme devrait éprouver une joie plus grande en produisant quelque chose qui soit bien de lui, quelque chose qui lui soit particulier et dont il puisse dire qu'il est sien. Tout outil technique, un navire par exemple ou, plus particulièrement, un instrument scientifique doit lui procurer plus de joie, parce que c'est sa propre oeuvre, et non une imitation. Le plus mauvais outil technique a plus de valeur ses yeux ; il peut être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, parce que ce sont des inventions originales, et non imitées. L'homme montre mieux son habileté dans des productions surgissant de l'esprit qu'en imitant la nature. HEGEL

La fin de l'art ne consiste pas en une imitation de la nature, mais en une création propre de l'esprit: l'homme atteint alors une joie véritable. En effet, l'imitation procure une joie très relative. Au contraire, l'homme peut se réjouir de réaliser des productions autonomes. Dans cette perspective, l'invention technique la plus insignifiante est supérieure à l'imitation. C'est au sein de l'invention (fût-elle insifnifiante) que naît la vraie joie.

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« - « La joie que procure une imitation réussie ne peut être qu'une joie très relative.

» Qu'est-ce que la joie ? Un sentiment de plénitude lié à la création, comme sut si bien nous le dire Bergson.

La joie,nous disait Bergson, annonce toujours une réussite, une invention, une création.

Dès lors, dans une imitationréussie, où la création se borne à mettre en oeuvre une technique parfaite d'exécution, la joie ne peut être quelimitée et imparfaite.

La joie se rapporte à un objet créé par l'esprit humain.

Quand cet objet n'est pas créé, alorsnous jouissons d'une joie pauvre et limitée.

Ainsi, par exemple, j'imite, dans une dissertation, un modèle préfabriqué,extrait d'un « mémento ».

Même si mon imitation est réussie, maigre est ma joie.

Si je copie le réel, nul accenttriomphal, nulle victoire décisive, mais un état de satisfaction limité. 3.

Rester fidèle à la nature, est-ce selon vous le but de l'art ? Ne pas trahir, dans l'exécution artistique, l'ensemble du réel existant, se proposer son imitation, est-ce la fin de l'art,de la production de la beauté par les oeuvres d'un être conscient ? Le problème est de savoir si l'art est création(ou non) d'une réalité spirituelle, s'il représente une invention de formes.

L'art est-il l'esprit se prenant pour objet ?Tentons de répondre à la question et au problème.La nature représenterait-elle une norme et un principe dont il ne faut jamais s'éloigner ? Il semble évident qu'il faut,nécessairement, du moins pour le bon sens populaire, être fidèle à la nature, l'imiter, la prendre comme centre deréférence absolu : en effet, ce que l'on recherche alors, c'est la repossession d'un souvenir précis (personnage,paysage, etc.).

L'on demande seulement à revoir l'apparence antérieure, de façon à éprouver à nouveau le mêmesentiment de satisfaction.

Ne s'agit-il pas de recréer et de refaire habilement ce qui existe déjà dans le mondeextérieur ? En somme, l'art doit imiter la nature, la reproduire, refaire ce qui est déjà donné dans nos jardins et nosmaisons.

Il s'agit de représenter des objets ressemblants aux objets naturels : fleurs, paysages, montagnes, etc.Vues sommaires : quand Monet peint un champ de coquelicots, ces derniers ne se confondent nullement avec unchamp réel et concret ; les effets de lumière fugitifs, les masses de couleurs vibrantes sont irréductibles à ce quenous voyons dans le monde réel.

Miroir magique de la réalité (Proust), le monde de Monet est, précisément, un miroirtrompeur, à mille lieues de ce qui est : un instant spirituel, et non point le monde lui-même.

Nous pourrions multiplierles exemples : c'est une surréalité que crée la vraie peinture, qui n'est nullement fidèle à la nature, mais s'efforce,au contraire, de la transfigurer, de la « nier » ou, plus exactement, de l'intégrer au sein d'un exercice spirituelintégral.

Qui oserait assigner à l'art la fonction stérile d'imiter la nature, nous montrait déjà Baudelaire, maître enesthétique, tout comme en poésie ? « Edgar Poe dit que [...] le résultat de l'opium pour les sens est de revêtir lanature entière d'un intérêt surnaturel qui donne à chaque objet un sens plus profond [...].

Sans avoir recours àl'opium, qui n'a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau, où les sens les plus attentifs perçoiventdes sensations plus retentissantes, où le ciel d'un azur plus transparent s'enfonce comme un abîme plus infini, où lessons tintent musicalement, où les couleurs parlent, où les parfums racontent des mondes d'idées ? Eh bien, lapeinture de Delacroix me paraît la traduction de ces beaux jours de l'esprit.

Elle est revêtue d'intensité et sasplendeur est privilégiée.

Comme la nature perçue par des nerfs ultrasensibles, elle révèle le surnaturalisme.

»(Baudelaire, Critique artistique, in Baudelaire, oeuvres complètes, Pléiade, Gallimard, p.

974.)Rester fidèle à la nature, ce ne sera donc point la copier, mais la transfigurer.

Ainsi s'annonce une fidélité plusprofonde que la fidélité littérale, une fidélité signifiant la création d'une réalité nouvelle et spirituelle.

L'art, démiurgieintégrale, répudie la nature en tant que donné pour y voir une « forêt de symboles ».

C'est, dès lors, accéder à unsurnaturalisme.Nous affirmerons, en conclusion, que l'art est l'esprit se prenant pour objet.« Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or.

» HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort.

due à une épidémie decholéra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Toutest l'unité des opposés, la non-contradiction.

Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et viceversa.

L'étude du développement des notions universelles qui déterminent la pensée, constitue la logique.

Réel etrationnel (la réalité est raisonnable et le raisonnable est réel), être et pensée, se concilient dans l'idée, principeunique et universel.

L'idée, c'est l'unité de l'existence et du concept.

« Nous réserverons l'expression Idée auconcept objectif ou réel, et nous la distinguerons du concept lui-même, et plus encore de la simple représentation.» Le développement de l'Idée détermine l'être.

La science étudie ce développement la logique en précise les lois, qui. »

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