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Hegel: l'histoire, source de leçons ?

Publié le 05/10/2018

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Hegel
 
« On recommande aux rois, aux hommes d’État, aux peuples de s’instruire principalement par l’expérience de l’histoire. Mais l’expérience et l’histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire, qu’ils n’ont jamais agi suivant les maximes qu’on 5 aurait pu en tirer. Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, forme une situation si particulière, que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider : les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée. Dans le tumulte des événements du monde, une 10 maxime générale est d’aussi peu de secours que le souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans le passé, car un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle sur le présent ; il n’a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l’actualité. L’élément qui façonne l’histoire est d’une tout autre nature que les réflexions tirées de 15 l’histoire. »
 
Questions
 
► 1. Dégagez l’idée principale et l’argumentation de ce texte.
 
► 2. Expliquez :
 
a. « ils n’ont jamais agi suivant les maximes qu’on aurait pu en tirer » ;
 
b. « les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée ».
 
► 3. Peut-on tirer des leçons de l’histoire ?
D'après Hegel, l'expérience nous apprend qu'il est impossible de tirer des leçons de l'histoire. Dans la première partie (jusqu'à « qu'on aurait pu en tirer »), l'auteur expose sa thèse en deux temps : il formule l'opinion commune d'après laquelle l'histoire instruit (« On recommande aux rois... ») ; puis il la conteste en affirmant son propre point de vue (« Mais l'expérience... »). Dans les deux parties suivantes, Hegel justifie sa thèse à l'aide de deux arguments : tout d'abord, dans une deuxième partie (jusqu'à « solution appropriée »), l'auteur affirme que si l'histoire ne livre aucune leçon, c'est que ses événements sont « uniques », singuliers ; autrement dit, l'histoire ne se répète pas. Ensuite, dans une troisième partie (jusqu'à « le monde libre et vivant de l'actualité »), Hegel recourt à une analogie entre la connaissance historique et la mémoire : les leçons de l'histoire instruiraient aussi peu les hommes que ne le font leurs souvenirs du passé. Enfin, en guise de conclusion (dernière phrase), Hegel déduit de ce qui précède que, l'élément moteur de l'histoire n'étant pas la trace que les hommes ont conservé en eux de leur passé, il faut chercher ailleurs le facteur qui détermine vraiment l'histoire.



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« 0 Les clés du sujet PRÉSENTATION DU SUJET ET ANALYSE DE SES ENJEUX "' Hegel (1770-1831) s'attaque dans ce texte à l'opinion commune selon laquelle l'expérience du passé instruirait les hommes et les aiderait à ne pas reproduire leurs erreurs d'autrefois.

La troisième question invite l'élève à reprendre à son compte ce problème, ce qui revient à mettre à l'épreuve les arguments de l'auteur en tentant, dans un premier temps tout au moins, de défendre le préjugé populaire.

"' Une fausse difficulté pourrait nous arrêter: n'est-il pas en effet contra­ dictoire de soutenir que l'histoire enseigne qu'il est impossible de tirer des leçons de l'histoire 7 N'est-ce pas tirer une leçon de l'histoire que d'affirmer que les hommes n'ont jamais su tenir compte de leur expé­ rience passée 7 Pour dissiper cette contradiction qui n'est qu'apparente, il faut préciser le sens de la notion de « leçon ».

Tout enseignement n'est pas une « leçon ».

Le propre d'une leçon est de transmettre un savoir-faire ou une manière d'être.

On peut « faire la leçon » en matière de morale, « prendre des leçons de conduite » pour savoir manœuvrer une voiture.

Une leçon, dans le domaine scolaire, n'est pas à proprement parler un cours mais ce qu'il faut retenir du cours, un résumé pédago­ gique condensant ce que le maître juge essentiel.

La parfaite connais­ sance de ces leçons garantit la réussite scolaire dans les petites classes.

Un étudiant en revanche n'attend pas qu'on lui donne des leçons à apprendre : c'est à lui de dégager par lui-même ce qui dans le cours du professeur lui paraît essentiel.

"' Quand on parle des « leçons de l'histoire », on envisage donc une instruction pratique qui assure une certaine efficacité à nos actions : l'histoire livrerait des règles de conduite.

Il n'y a dans ces conditions aucune contradiction à affirmer que ce qu'enseigne, au plan théorique, l'histoire, est qu'aucune règle d'action (ou « maxime générale ») ne peut être dérivée sur le plan pratique.

Cet enseignement est théorique ; ce n'est pas à proprement parler une « leçon » mais un savoir.. »

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