HEGEL: L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure.
Publié le 24/04/2005
Extrait du document
«
haute, née de l'esprit.
»Il en résulte que si l'art peut être traité d'apparence, son apparence n'est pas de l'ordre de l'illusion et dumensonge, mais au contraire de l'essentiel.
Par rapport à la réalité courante, les manifestations de l'artpossèdent une réalité plus haute, une existence plus vraie.
En épurant le réel, l'art en dévoile l'essence.C'est la considération du contenu spirituel de l'art qui permet à Hegel de distinguer trois grands types d'art:symbolique, classique, romantique.L'art symbolique ou oriental est encore à la recherche de l'Idéal.
Il appartient à la catégorie du sublime, « etce qui caractérise le sublime, c'est l'effort d'exprimer l'infini».
Mais comme l'infini est une abstraction, « àlaquelle ne saurait s'adapter aucune forme sensible », un tel art pousse la forme au-delà de toute mesure.D'où, en Inde, en Égypte, en Mésopotamie, des statues aux cent bras et aux cent poitrines, des géants etdes colosses, des sculptures et une architecture monumentales.Après l'art symbolique qui révèle le sentiment d'une disproportion écrasante entre l'humain et le divin, entrele fini de la forme et l'infini du contenu, vient l'art grec classique qui atteint l'Idéal.
Il se caractérise par « lalibre adéquation de la forme et du concept».
Les dieux sont ramenés à des proportions plus humaines etcollaborent à l'édification de la cité.
L'homme se sent chez lui dans un monde qui lui est propre, en unionintime avec la réalité politique, religieuse, morale.
L'esprit de l'art a enfin trouvé sa forme : la forme humaine.Celle-ci est « la seule que puisse revêtir le spirituel dans son existence temporelle.
Dans la mesure où l'espritexiste, et existe d'une existence sensible, il ne peut se manifester sous aucune autre forme qu'humaine ».Cet idéal de beauté, qu'on trouve, en particulier, incarné dans les sculptures grecques figurant les dieux(Apollon, Zeus, Athéna, Aphrodite), réalise la beauté dans tout son éclat, la beauté parfaite.L'art classique a atteint, en tant qu'art, les plus hauts sommets, mais ce n'est qu'un art, un art tout court.Ce qui lui fait défaut, c'est la subjectivité, c'est-à-dire la conscience de l'individualité humaine avec sesfaiblesses, ses particularités, ses contingences, ses impulsions naturelles, ses passions.
C'est lechristianisme qui introduit dans l'art l'exigence de l'individualisation, en même temps que celle de laspiritualisation.
C'est que, d'après la doctrine chrétienne, Dieu n'est pas seulement une individualité à formehumaine, mais un véritable individu isolé, entièrement Dieu et entièrement homme réel, soumis à toutes lesconditions de l'existence.
Commence alors la troisième phase : celle de l'art romantique ou chrétien, quicouvre la totalité de l'art médiéval et moderne.
Cet art s'élève au-dessus du beau idéal.
Il intègre dans l'artl'intériorité absolue : foi chrétienne au Moyen Age, puis honneur chevaleresque, amour courtois et finalementamour-passion.
L'art symbolique s'épanouit dans l'architecture : l'alignements mégalithiques, temples égyptiens avec leursavenues bordées de colosses, tours babyloniennes...
Dans l'art classique, c'est surtout la sculpture quifigure l'individualité divine.
L'art romantique est essentiellement le domaine de la peinture, qui peut pousserjusqu'au plus infime détail l'individualisation concrète des scènes et des personnages, mais aussi celui de lamusique qui est l'intériorité pure dans ce qu'elle a de plus ineffable.
La poésie couronne toutes les formesd'art.
Elle est le mieux à même d'exprimer les émotions, les pensées et les pures réalités spirituelles.
Reste que si l'art « occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure », cela signifie qu'il ne peutaccomplir pleinement sa tâche qui est d'exprimer l'absolu ; la contradiction interne entre la forme sensible etle contenu intelligible le pousse à se dépasser en religion puis en philosophie :« Les limitations de l'art en général, de l'art comme tel, tiennent à ce que, fidèle à son concept, l'arts'attache à exprimer sous une forme concrète l'universel, l'esprit.
»Opérant sur une matière sensible, l'art ne peut avoir pour contenu qu'un certain degré spirituel de la vérité.Et Hegel constate qu'à son époque, l'art n'est plus le moyen le plus haut de l'expression de la vérité :« Nos besoins et intérêts se sont déplacés dans la sphère de la représentation et, pour les satisfaire, nousdevons appeler à notre aide la réflexion, les pensées, les abstractions, des représentations abstraites etgénérales...
De ce fait, l'art n'occupe plus, dans ce qu'il y a de vraiment vivant dans la vie, la place qu'il yoccupait jadis,- et ce sont les représentations générales et les réflexions qui y ont pris le dessus.
»Si l'art est « une chose du passé », c'est parce que notre culture générale et abstraite est impropre àl'expression sensible: « L'art n'a plus pour nous la haute destination qu'il avait autrefois.
»On a souvent reproché à Hegel son affirmation que l'art était « une chose du passé ».
Notre époque neporte-t-elle pas, en effet, un grand intérêt à l'art ? Peut-on nier la vitalité de l'art contemporain ? Une tellecritique oublie toutefois que Hegel n'a jamais douté de la possibilité d'un maintien, voire d'un progrès de l'art.Et n'a jamais douté non plus que l'art continuerait d'intéresser et même d'émouvoir.
Il n'en reste pas moins,et tel est le vrai sens de la pensée hégélienne, que l'art est davantage pour nous un objet suscitant lacritique et la réflexion qu'un objet de vénération, une expression de l'absolu« De nos jours, on ne vénère plus une œuvre d'art, et notre attitude à l'égard des créations de l'art estbeaucoup plus froide et réfléchie.
[...
] Nous respectons l'art, nous l'admirons; seulement nous ne voyonsplus en lui quelque chose qui ne saurait être dépassé, la manifestation intime de l'Absolu...
»Les beaux jours de l'art grec et l'âge d'or du Moyen Age avancé sont, en effet, révolus.
Aussi belles etparfaites que soient les images des dieux grecs ou encore les représentations de Dieu le Père, du Christ etde Marie, « Cela ne sert de rien : nous ne plions plus les genoux.
».
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