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HEGEL: La plus haute signification de l'art

Publié le 24/04/2005

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La plus haute signification de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie. Comme celles-ci, il est un mode d'expression du divin, des besoins et exigences plus élevés de l'esprit. Nous l'avons dit plus haut : les peuples ont déposé dans l'art leurs idées les plus hautes, et il constitue souvent pour nous le seul moyen de comprendre la religion d'un peuple. Mais il diffère de la religion et de la philosophie par le fait qu'il possède le pouvoir de donner de ces idées élevées une présentation sensible qui nous les rend accessibles. La pensée pénètre dans les profondeurs d'un monde suprasensible... elle cherche en toute liberté à satisfaire son besoin de connaître, en s'élevant au-dessus de la réalité finie. Mais cette rupture, opérée par l'esprit, est suivie d'une conciliation, oeuvre également de l'esprit ; il crée de lui-même les oeuvres des beaux-arts qui constituent le premier anneau intermédiaire destiné à rattacher l'extérieur, le sensible et le périssable à la pensée pure... Si l'art sert à rendre l'esprit conscient de ses intérêts, il est loin d'être le mode d'expression le plus élevé de la vérité. [...] Pour le moment, contentons-nous de rappeler que, même par son contenu, l'art se heurte à certaines limitations, qu'il opère sur une matière sensible, de sorte qu'il ne peut avoir pour contenu qu'un certain degré spirituel de la vérité. L'Idée a en effet une existence plus profonde qui ne se prête plus à l'expression sensible : c'est le contenu de notre religion et de notre culture. Ici, l'art revêt un autre aspect que celui qu'il avait à des époques antérieures. Et cette Idée plus profonde, dont la pointe extrême est représentée par le christianisme, échappe totalement à l'expression sensible... Dans la hiérarchie des moyens servant à exprimer l'absolu, la religion et la culture issue de la raison occupent le degré le plus élevé, bien supérieur à celui de l'art HEGEL
hegel

« HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort.

due à une épidémie decholéra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Toutest l'unité des opposés, la non-contradiction.

Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et viceversa.

L'étude du développement des notions universelles qui déterminent la pensée, constitue la logique.

Réel etrationnel (la réalité est raisonnable et le raisonnable est réel), être et pensée, se concilient dans l'idée, principeunique et universel.

L'idée, c'est l'unité de l'existence et du concept.

« Nous réserverons l'expression Idée auconcept objectif ou réel, et nous la distinguerons du concept lui-même, et plus encore de la simple représentation.» Le développement de l'Idée détermine l'être.

La science étudie ce développement la logique en précise les lois, quisont la contradiction et la conciliation des contraires.

Le mouvement de l'idée, qui se traduit par la marche de lapensée, procède par trois étapes successives : la thèse, l'antithèse qui est sa proposition con- traire, et lasynthèse, qui concilie les deux, les dépasse.« La synthèse, qui concilie les opposés, ne les nie pas.» Ce mouvementde la pensée est la dialectique.

Le développement dialectique de l'idée engendre la Nature (qui est le développe-ment du monde réel extérieur à l'idée) et l'Esprit ; il explique l'ordre et la suite nécessaire des choses.

La philosophiede l'Esprit, selon Hegel, se divise en trois parties : l'esprit subjectif (anthropologie, phénoménologie, psychologie),l'esprit objectif (droit, moralité, moeurs) et l'esprit absolu (art, religion, philosophie).

L'Esprit est l'intériorisation de laNature.

On retrouve dans les trois notions d'Idée, de Nature et d'Esprit, le schéma parfait de la dialectique.

L'Idéeest la pensée absolue, pure et immatérielle.

La Nature est sa dissolution, dans l'es- pace et dans le temps.

L'Espritest le retour de l'absolu sur lui-même ; il devient la pensée existant pour elle-même.

Hegel définit l'histoire « ledéveloppement de l'esprit universel dans le temps ».

L'État représente alors l'idée ; les individus ne sont que lesaccidents de sa substance.

Les guerres conduisent à la synthèse, qui est la réalisation de l'idée.

L'histoire a un sensdernier, auquel contribuent le passé et le présent.

Ce qui réussit est bien.

La force est le symbole du droit.

C'estcertainement par sa philosophie de l'histoire —« la philosophie est compréhension du devenir » — que Hegel a laissélibre cours aux plus diverses interprétations.

L'hégélianisme de droite (représenté de nos jours par M.

H.

Niel)effectue un retour vers un théisme chrétien traditionnel ; c'est le courant qui se développa surtout en Angleterre,avec Bradley et Boyce.

L'hégélianisme de gauche (que M.

A.

Kojève représente actuellement) s'est orienté versl'athéisme.

Il connut une grande faveur en Allemagne et en Russie, avec Feuerbach, Karl Marx et A.

Herzen.

On peutdire que les chrétiens traditionnels, les athées, les conservateurs, les socialistes, les humanitaristes ou lesrévolutionnaires se réclament tous de Hegel.. »

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