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HEGEL. Esthétique: Contre l'imitation en art

Publié le 04/07/2015

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HEGEL. Esthétique

On cite aussi des exemples d'illusions parfaites fournies par des reproductions artistiques. Les raisins peints par Zeuxis ont été donnés depuis l'Antiquité comme le triomphe de l'art et comme le triomphe de l'imita¬tion de la nature, parce que des pigeons vivants vinrent les picorer. On pourrait rapprocher de ce vieil exemple, l'exemple plus récent du singe de Butiner, qui dévora une planche d'une précieuse collection d'histoire natu¬relle, laquelle figurait un hanneton, et qui fur pardonné par son maître pour avoir ainsi démontré l'excellence de la reproduction. Mais dans des cas de ce genre, on devrait au moins comprendre qu'au lieu de louer des oeuvres d'art parce que même des pigeons ou des singes s'y sont laissé tromper, il faudrait plutôt blâmer ceux qui croient avoir porté bien haut l'art, alors qu'ils ne savent lui donner comme fin suprême qu'une fin si médiocre. D'une façon générale, il faut dire que l'an, quand il se borne à

 

imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu'il ressemble à un ver qui s'efforce en rampant d'imiter un éléphant.

Dans ces reproductions toujours plus ou moins réussies, si on les compare aux modèles naturels, le seul but que puisse se proposer l'homme, c'est le plaisir de créer quelque chose qui ressemble à la nature. Et de fait, il peut se réjouir de produire lui aussi, grâce à son travail, son habileté, quelque chose qui existe déjà indépendamment de lui. Mais justement, plus la reproduction est semblable au modèle, plus sa joie et son admiration se refroidissent, si même elles ne tournent pas à l'ennui et au dégoût. Il y a des portraits dont on a dit spirituellement qu'ils sont ressemblants à vous en donner la nausée. Kant donne un autre exemple de ce plaisir qu'on prend aux imitations : qu'un homme imite les trilles du rossignol à la perfection, comme cela arrive parfois, et nous en avons vite assez ; dès que nous découvrons que l'homme en est l'auteur, le chant nous paraît fastidieux ; à ce moment, nous n'y voyons qu'un artifice, nous ne le tenons ni pour une oeuvre d'art, ni pour une libre production de la nature. Nous attendons tout autre chose des libres forces productives de l'homme ; pareille musique ne nous touche que dans la mesure où, jaillie de la vitalité propre du rossignol, sans aucune intention, elle ressemble à l'expression de sentiments humains, D'ailleurs cette joie que donne l'habileté à imiter ne peut jamais être que relative et il convient mieux à l'homme de trouver de la joie dans ce qu'il rire de son propre fond. En ce sens, l'invention tech¬nique la plus insignifiante a une valeur bien supérieure et l'homme a lieu d'être plus fier d'avoir inventé le marteau, le clou, etc., que de réaliser des chefs-d'oeuvre d'imitation. S'efforcer de rivaliser avec la nature en l'imitant abstraitement, c'est un tour de force comparable à celui de l'homme qui s'était entraîné à jeter des lentilles à travers un petit orifice sans jamais le rater. Alexandre, devant qui il exhibait son habileté, lui fit donner un bois¬seau de lentilles, pour prix d'un talent si inutile et si vide de sens.

 

·          On peut souligner que Hegel fait ici preuve d'un certain humour.

·              En quoi consiste l'erreur des imitateurs comme Zeuxis ? Ils ne donnent à l'art « comme fin suprême qu'une fin médiocre « : préciser en quoi consiste alors sa fin suprême.

·              Expliquer pourquoi certains portraits sont ressemblants jusqu'à donner

la nausée : cette dernière vient-elle

de la ressemblance ?

- de l'inutilité de ces portraits ?

- de leur caractère « abstrait « ? (cf à la fin « rivaliser avec la nature en

l'imitant abstraitement «.) Abstraction évidemment due au fait qu'il

 

manque une dimension aux portraits, et qu'il leur manque aussi la vie

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