Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne
Publié le 27/11/2013
Extrait du document
«
Parmi cet artifice humain, des objets se distinguent des autres d’après Arendt.
De l’autre
côté de la balance se trouvent donc des objets qui n’ont « aucune utilité » et sont « uniques ».
Sans pour autant donner beaucoup de détails par rapport à ces objets dans la première partie
du texte, Arendt fait quand même ici une distinction qui a été longtemps ignorée.
Certains
objets n’auraient qu’une valeur arbitraire, ils seraient uniques car ils n’auraient pas une réelle
utilité.
Un objet de ce type ne serait donc pas fabriqué pour un but précis, mais sa création
serait en fait une fin en soi.
De ce fait, il parait donc impossible de leur donner une valeur
marchande, de les comparer à d’autres objets, d’essayer d’estimer leur valeur, sachant qu’ils
sont uniques et donc exceptionnels et exclusifs.
Leur échange parait donc de même
impossible.
Le prix que l’on fixera alors sur ce type d’objets sera donc d’après Hannah Arendt
complètement « arbitraire », car il serait impossible de lui fixer un prix équitable et légitime
par rapport aux autres objets alors qu’il n’a aucune utilité et est unique.
Des précisions sur ces
objets seront données par l’auteur dans la partie que nous étudierons ensuite.
Cependant, nous
pourrions nous avancer quelque peu en essayant de comprendre quels sont ces objets.
Un
livre, par exemple, pourrait faire partie de cette catégorie d’objets.
En outre, même s’il n’est
pas écrit pour « servir à l’homme », pour avoir une fonction précise ou être utilisé dans un but
précis, il est tout de même essentiel et conduit à la stabilité de l’artifice humain dont parle
l’auteur.
Sans lui, les hommes ne pourraient pas sauvegarder leur passé, et apprendre de leurs
erreurs commises autrefois.
Ainsi, même scindés en deux parties, l’ensemble des objets de
l’artifice humain conduit à un équilibre de celui-ci, permettant aux hommes d’y trouver « une
patrie ».
Reste alors à réellement comprendre ce que ce sont ces objets inutiles et pourtant si
uniques.
C’est ce qu’Arendt se propose de faire dans une seconde partie.
* *
*
L’objet quelconque et l’œuvre d’art sont tous deux des produits humains.
Cependant,
d’après Arendt, les œuvres d’arts font partie de ces objets uniques et précieux, malgré leur
inutilité.
Dans cette seconde partie, l’auteur met un nom sur ces objets dont elle parlait au départ.
Les œuvres d’art, d’après elle, sont des objets uniques et bien différents des objets peuplant le
quotidien des hommes.
Arendt affirme ainsi que ces œuvres n’ont pas une fonction précise,
« les rapports que l’on a avec une œuvre d’art ne consistent pas à s’en servir ».
Ici, on voit
clairement la différence entre les objets techniques et les œuvres esthétiques, distinction qui a
été longtemps ignorée.
En effet, au Moyen Age, on mettait le tailleur de pierre sur le même
plan que le peintre.
C’est plus tard que l’artiste sera considéré comme un créateur
« intellectuel » tandis que l’artisan sera qualifié de « travailleur manuel ».
Ainsi, l’œuvre d’art
est en effet une réalité, une production humaine faisant partie de ce qu’appelle Arendt
l’artifice humain.
Cependant, contrairement à la réalisation purement technique, elle est
unique, c'est-à-dire qu’on n’aura pas de production de masse d’une œuvre d’art, et elle est
dépourvue d’une utilité purement pratique.
Elle aura ainsi une originalité, lui donnant un
certain prestige supérieur à celui de l’objet technique qui sera alors plutôt caractérisé de
« banal ».
C’est pour cela qu’Arendt affirme qu’elle doit être « écartée des besoins et des
exigences de la vie quotidienne ».
L’auteur reviendra sur ce point en l’expliquant de manière
plus approfondie dans la troisième partie du texte, cependant on peut comprendre que la
fascination liée à un objet considéré comme supérieur aux autres est une des causes de cet
isolation des œuvres d’arts.
2.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- CONDITION DE L'HOMME MODERNE, The Human Condition, 1958. Hannah Arendt (résumé)
- Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne
- Hannah Arendt, La Condition de l’homme moderne: l’automatisation
- Hannah Arendt, La Condition de l'homme moderne: C'est l'avènement de l'automatisation qui, en quelques décennies, probablement videra les usines et libérera l'humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l'asservissement à la nécessité.
- Commentaire de l'extrait de La condition de l'homme moderne, d'Hannah Arendt