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HABITUDE ET VOLONTÉ

Publié le 16/03/2011

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   Toutes les habitudes proprement dites viennent d'une tendance, mais toutes les tendances ne comportent pas d'aptitude à former des habitudes : donc la tendance, pour s'inscrire dans une habitude, aura recours à la volonté.    A) Classement des formes de l'habitude    1° Nous avons expliqué les habitudes passives et, parmi les habitudes actives, celles qu'on peut appeler conservatrices parce qu'elles n'ont pour objet que d'assurer la conservation de la vie dans les circonstances où ni le milieu, ni la société, ni l'individu, par quelque aspiration ou entreprise, ne lui imposent aucun changement. Mais même dans ce second cas, à peine peut-on parler d'habitude acquise et par conséquent d'habitude au sens plein du terme : l'être vivant développe utile de ses aptitudes, il n'acquiert rien véritablement.    Il doit y avoir une habitude plus vraie, plus originale.   

« ne suffit plus ni à la provoquer, ni à la conduire : l'habitude a sa source dans la volonté. B) Le frayage 1° La notion de frayage. La notion de frayage, c'est la forme commune aux trois niveaux de^ l'habitude : considérée sous cette forme,l'habitude n'est pas différente dans l'adaptation mécanique, l'accoutumance plus active que constitue ledéveloppement de certaines aptitudes, et l'éducation du corps sous l'influence de la réflexion et de la mémoire. a - En quoi consiste le frayage? En ce fait qu'un être vivant qui a déjà accompli un acte — par exemple produit unmouvement — devient par là même capable de l'accomplir avec une moindre dépense d'effort et d'énergie.

Cettedéfinition entraîne qu'un commencement d'habitude se lie au premier acte, indépendamment de toute répétition.Mais aussi, et réciproquement, la répétition joue un rôle considérable dans la fixation des habitudes, puisque chaquerépétition diminue la grandeur de l'énergie requise pour l'exécution de l'acte. b - Il y a des limites au frayage; la facilitation provoquée par le frayage n'augmente pas à l'infini : il arrive unmoment où on touche à la limite de la virtuosité. — De plus, quelques actes ne peuvent pas être facilités et ne se prêtent pas au frayage : ce sont les actes trèsdouloureux (il faut distinguer d'ailleurs douloureux de désagréable, car le désagrément s'atténue, mais non ladouleur).

Ces actes douloureux vont même jusqu'à exclure qu'on les supporte une seconde fois : l'exécution d'unacte douloureux semble créer à son renouvellement un obstacle plutôt qu'un frayage, du moins lorsqu'il s'agit d'unedouleur positive; une souffrance en quelque sorte négative, comme la misère, n'est pas sans tolérer une certaineforme d'accoutumance. — Il en va de même pour les actes qui exigent un effort trop intense; c'est comme si l'être vivant avait épuisétoutes ses forces dans cet effort et se trouvait désormais hors d'état de le renouveler.

(C'est vrai de l'effortcollectif aussi bien que de l'effort individuel : on en a donné pour exemple l'absence de réaction de la France en1939-40, après l'épuisement excessif de la guerre de 1914-18.) 2° Les formes du frayage. Le frayage présente un double aspect : il y a un frayage de déclenchement : la stimulation provoquant l'actedevient moindre au fur et à mesure que l'habitude s'installe, et il y a en second lieu le frayage d'exécution, quiconsiste en une plus grande facilité pour accomplir l'acte lui-même. a - Facilitation du déclenchement.

Au fur et à mesure que l'habitude s'installe, la stimulation nécessaire pourdéclencher l'acte devient de plus en plus faible : au début, il fallait une raison importante, un désir pressant pourcommencer l'acte; mais quand l'habitude est bien installée, il suffit d'un vague souhait, venant d'une tendanceamortie pour déclencher l'acte : c'est ainsi que dans les vices et la débauche on agit par habitude sans vraiment enavoir le désir. La dose d'intérêt nécessaire pour déclencher l'acte baisse de plus en plus; c'est un fait d'observation courante : parexemple quand on a pris l'habitude de circuler en voiture, on finit par prendre sa voiture pour faire 200 mètres.

C'estle piège de l'habitude que cette diminution de la dose d'affectivité nécessaire au déclenchement de l'acte; c'estainsi que certains boivent sans soif ni plaisir. b - Facilitation de l'exécution.

Ce frayage s'exerce dans les limites que nous avons indiquées : c'est l'aspect le plusintéressant de l'habitude qui explique l'aisance croissante des actes au fur et à mesure que leur exécution ne poseplus de problème; ici on voit le rôle de la répétition dans l'habitude, rôle qu'il ne faut ni exagérer, ni sous-estimer.

Eneffet : — L'habitude commence avec le premier acte, on peut le démontrer par le raisonnement : si l'habitude necommençait pas avec le premier acte, elle n'aurait jamais aucune raison de commencer avec le second puisqu'il estimpossible de voir comment le fait d'être second ou troisième changerait quelque chose à la nature intrinsèque del'acte et aux énergies qui s'y manifestent (cet argument est déjà employé par Leibniz).

On peut le prouver par lesfaits : nous avons, dans une bibliothèque, été dans une place que nous avons occupée par hasard; sauf si nous yavons été très mal, ou sauf autre empêchement formel, nous retournerons à cette même place, la fois suivante;donc dès la seconde fois l'habitude joue; aussi le dicton populaire affirme-t-il : « Il n'y a que le premier pas quicoûte.

» L'habitude commence dès le premier pas.

Mais il ne faut pas exagérer le rôle de la répétition.

On le reconnaît àl'examen du rôle de l'intelligence dans la formation des habitudes volontaires : si seule la répétition jouait, chaquerépétition entraînerait son petit progrès et la courbe des progrès d'apprentissage dans l'habitude serait une droitesur laquelle chaque répétition ferait avancer un peu.

Or, on fait des progrès par bonds : la courbe d'apprentissagede l'habitude n'est pas une droite, mais un escalier : il y a des moments de stagnation et des progrès soudains; cefait est explicable par l'intervention de l'intelligence, la répétition est nécessaire, mais non suffisante.. »

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