G.W.F. Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire
Publié le 22/03/2015
                            
                        
Extrait du document
                                « L'Esprit est essentiellement le résultat de son activité ; son activité c'est le dépassement de l'immédiateté, la négation de celle-ci et le retour en soi. nous pouvons le comparer à la semence, car avec celle-ci la plante commence, mais elle est aussi le résultat de toute sa vie. L'impuissance de la vie se manifeste en ceci que commencement et résultat se divisent. De même dans la vie des individus et des peuples. La vie d'un peuple fait mûrir un fruit ; car son activité vise à achever son principe. Mais ce fruit ne retombe pas dans le giron du peuple qui l'a produit et mûrit ; au contraire il devient pour lui une boisson amère. Le peuple ne peut s'en séparer, car il en a une soif infinie, mais goûter à ce breuvage est sa ruine, en même temps toutefois c'est le lever d'un nouveau principe.
Nous nous sommes précédemment expliqués sur la fin de ce progrès. Les principes des génies nationaux en une série nécessaire ne sont eux-mêmes que les moments de l'unique Esprit universel qui grâce à eux dans l'histoire s'élève à une totalité, s'appréhendant elle-même et conclut.
N'ayant affaire qu'à l'idée de l'Esprit et ne considérant tout dans l'histoire que comme son apparition, nous n'avons donc affaire, quand nous parcourons le passé quelle qu'en soit l'étendue qu'à de l'actuel ; car la philosophie, en tant que se préoccupant du vrai, n'a affaire qu'à de l'éternellement actuel. Pour elle rien n'est perdu dans le passé, car l'Idée est présente, l'Esprit immortel, c'est-à-dire qu'il n'est pas passé et qu'il n'est pas inexistant encore, mais il est maintenant essentiellement. «
G.W.F. Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire, 1830,
trad. J. Gibelin, Vrin, 1963, p. 66.
                                «
                                                                                                                            Textes commentés 
Le spectacle  de l'histoire  semble montrer  l'évanescence, 	et 	donc la 
vanité,  des œuvres  comme  des civilisations  édifiées par les hommes, 
aussi  puissantes  et durables  soient-elles.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ce texte  expose  la thèse  selon 
laquelle  il 	
y a non  seulement  quelque chose qui se conserve  à travers  le 
passage  du temps,  mais, plus encore,  un progrès  effectif qui est celui 
de  la Raison,  de !'Esprit  ou de 	
l'idée 	; et,  au regard  de l'histoire  de cet 
Esprit  du monde,  seul l'inessentiel  est destiné  à disparaître.
                                                            
                                                                                
                                                                     Comment 
penser 	
ce 	progrès,  la mort  des peuples  et des  cultures  et l'immortalité 
de  !'Esprit  ? 
Dire  que l'esprit  est 	
« le résultat  de son 	activité 	», 	c'est  rappeler  que 
l'être 	
même 	d'une  chose  quelconque  est inséparable  de ce qu'elle 
s'avère  capable  de produire,  que l'essence  d'un être est inséparable  de 
sa  manifestation  -car,  sinon,  comment  pourrions  nous distinguer  un 
tel  être  d'un  être inexistant  ? Cette  priorité  accordée  au paraître 	
ou 	à 
l'agir,  en tant  qu'ils  révèlent  l'être de ce qui  parait  ou agit  ainsi,  en tant 
que  cet être  se révèle  ainsi à lui-même,  est déjà  affirmée  par le célèbre 	
« Au 	commencement 	était  l'action 	» 	du 	Faust 	de 	Goethe, 	et 	se 
retrouvera  aussi dans l'existentialisme  sartrien.
                                                            
                                                                        
                                                                    
Seulement,  à la  différence  de la vie  ou de l'activité  organique,  celle de 
l'Esprit  est un processus  dialectique,  dans la mesure  où l'Esprit  se 
produit  en niant  les déterminations  finies de chacun  des moments  à 
travers  lesquels  il se  déploie,  tout en conservant  la vérité  de chacun  de 
ces  moments  (le commencement  n'est pas séparé  de la fin).
                                                            
                                                                                
                                                                     Et comme 
chacun  des moments  de la vie  de !'Esprit  se déploie  à travers  celle 
d'une  culture  ou d'un  peuple  qui entre  alors dans l'histoire,  l'apogée de 
ce  déploiement  signe la mort  de ce peuple,  ce qui  signifie  son asservis
sement ou  sa dispersion  par un autre  peuple,  ou une  longue  décadence.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
On 	peut donc  à la  fois  affirmer  la mortalité  de tous  les peuples  en tant 
qu'ils  sont naturels  ou vivent  d'une vie organique, 	
et 	l'immortalité  du 
principe  spirituel qui les a animés  en tant  que peuples  historiques, 
l'immortalité  de la vérité  de chacun  des moments  de l'histoire.
                                                            
                                                                                
                                                                     Mais si 
l'Esprit  est 	
« le 	résultat 	de son  activité 	», 	c'est  que seul  le tout  de son 
déploiement  constitue sa vérité  ; en  tant  que tel, il est  l'absolu.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Le 	
paradoxe 	d'une  telle actualité,  c'est qu'il devient  difficile 	de 	
distinguer  l'historique 	de 	l'éternel ; ici,  nous  nous  permettons 	de 	
renvoyer à la  dissertation  : 	Comment une philosophie  ancienne peut-
'  elle  être  actuelle 	
? 	
37.
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