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Grand oral du bac : La bioéthique

Publié le 12/11/2018

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L'URGENCE D'UNE ETHIQUE BIOMEDICALE

Au début du xxe siècle, les règles qui régissaient la pratique de la médecine en Europe reposaient sur les principes énoncés dans le serment d'Hippocrate (IVe siècle avant J.-C.) et dans la Déclaration des Droits de l’Homme (1789) tout en étant très imprégnées de la morale judéo-chrétienne. Ces principes dissociaient le bien du mal dans la pratique de la médecine, créant ainsi la première éthique (du grec : êthikos, moral) médicale. Avec l'explosion des découvertes techniques et théoriques en biologie et en médecine, soit en l’espace de 50 ans, le champ des possibles s'est considérablement élargi. Alors que les médecins du XIXe siècle recherchaient essentiellement des médicaments pour soulager les symptômes, les scientifiques d'aujourd'hui peuvent créer des embryons in vitro, diagnostiquer des maladies génétiques, réaliser des transplantations d'organes, etc. Jour après jour, de nouvelles prouesses techniques sont réalisées, obligeant la société à faire face à des interrogations auxquelles elle n'était pas préparée. La bioéthique est un domaine pluridisciplinaire qui étudie ces problèmes moraux suscités par l’emploi des nouvelles techniques biomédicales telles que la procréation médicalement assistée, l’euthanasie, les dons d'organe et l'expérimentation animale, y compris sur l'être humain (clonage).

QUELQUES INSITUTIONS

La bioéthique repose sur des règles, définies par différentes institutions.

En 1983, François Mitterand crée le Comité Consultatif National d'Éthique (CCNE) chargé d'émettre des avis sur les problématiques bioéthiques. Ce conseil réunit des

scientifiques, des juristes, des sociologues et des représentants religieux. En 1994, le Parlement français vote les premières lois de bioéthique. Elles interdisent et

limitent certaines pratiques comme la manipulation de cellules embryonnaires humaines. Ces lois ont été révisées et assouplies en août 2004. Parallèlement, l’Ordre des Médecins veille au respect des principes fondamentaux de la pratique de la médecine. Il comprend des conseillers élus qui se réfèrent à un Code de Déontologie Médicale bien précis. Plus spécifiquement l'Agence de Biomédecine, créée en 2004, évalue les protocoles de recherche aux niveaux scientifiques et éthiques. Elle regroupe l'Établissement Français des Greffes (EFG) et l'Agence pour la Procréation, l'Embryologie et la Génétique Humaines (APEGH). Finalement, au niveau local, au sein des institutions hospitalo-universitaires, des conseils de médecins, de différentes disciplines, se réunissent pour évaluer des dossiers médicaux. Leurs décisions prennent en compte les lois françaises, les avis des différents comités nationaux, la situation et le dossier médical des patients examinés.

LE GÉNOME HUMAIN

Un des principes fondamentaux de la pratique médicale repose sur le respect du secret médical. Le dossier d'un patient est confidentiel et ne peut en aucun cas être consulté librement Cela vise ainsi à interdire toute attitude qui conduirait à discriminer un individu sur le seul critère de son état de santé. Aujourd'hui, les travaux sur le

décryptage du génome humain (technique de lecture de l'ensemble des gènes humains) et sur l'identification de gènes de prédisposition à certaines maladies (tels que diabète, cancers ou maladies cardiovasculaires) ont posé de nouveaux problèmes éthiques. La lecture de nos gènes pourrait

« Qu'est-ce que la normalité? la frontière entre normalité et maladie est très subjective, dépend des cultures et peut évoluer avec le temps.

Ainsi la société doit être vigilante pour ne pas dériver vers une nouvelle forme d'eugénisme.

DES OUTILS THÉRAPEUTIQUES le monde médical est toujours en quête de nouveaux outils thérapeutiques visant à soigner des maladies aujourd'hui incurables.

À cette fin, de nombreuses équipes scientifiques axent leurs recherches sur le clonage, la greffe d'organes non humains et des cellules particulières, appelées cellules souches.

Les cellules souches, une source de potentialités Pendant les premiers jours de développement, l'embryon n'est composé que de quelques cellules toutes identiques.

Ces cellules vont par la suite se différencier pour participer à l'édification de tous les tissus de l'organisme : du cerveau à la peau, en passant par les muscles, les os, etc.

Ces cellules qui possèdent ces fabuleuses potentialités sont appelées " cellules souches embryonnaires"· D'un point de vue médical, ces cellules peuvent être utilisées comme source thérapeutique pour remplacer des tissus malades ou absents chez un individu.

Des résultats prometteurs ont été annoncés en 2003 par le Pr.

Peschanski et son équipe INSERM de l'Hôpital Henri Mondor de Créteil : des patients atteints de la chorée de Huntington (affection du système nerveux central perturbant les fonctions motrices et mentales) ayant bénéficié de greffes de cellules souches présentent des premiers signes d'amélioration.

!:utilisation de telles cellules est aussi envisagée pour traiter d'autres maladies " neurodégénératives, (c'est-à-dire résultant d'une dégénérescence neuronale) telles que les maladies de Parkinson ou d'Alzheimer ou pour régénérer des cellules après une lésion de la comme un produit thérapeutique? Pouvons-nous créer une vie humaine pour une exigence médicale, si valable soit-elle? Un embryon de quelques jours est-il déjà un individu à part entière? En France, les cellules souches humaines ne peuvent être utilisées que si elles proviennent d'embryons surnuméraires ou issus d'une I.V.G.

Toutefois, il a été montré récemment que certains types de cellules souches sont encore présents chez l'adulte, ce qui éviterait de recourir à une source embryonnaire et éliminerait ainsi les questions · éthiques qui en découlent.

Malgré les énormes efforts de recherche investis et les résultats prometteurs, la manipulation des cellules souches embryonnaires reste encore très délicate et cette technique ne peut être encore appliquée.

Clonage, embryons et thérapie Jamais une brebis n'avait suscité autant de réactions ! Nous sommes le 23 février 1997, des chercheurs du Ros/in lnsitute d'Edinburgh viennent d'annoncer la naissance de Dolly (datant de 1992), premier animal de cette taille issu du clonage reproductif.

le clonage d'organismes vivants consiste à créer des individus génétiquement identiques.

Chez l'homme, les vrais jumeaux sont des clones puisqu'ils sont issus d'un même œuf.

scindé en deux embryons identiques contenant, par conséquent, le même génome.

Pour cloner un individu, son matériel génétique est prélevé et transféré dans un ovule énucléé, c'est-à-dire duquel le matériel génétique a été extrait.

Cela conduit ainsi au développement in vitro d'un embryon génétiquement identique à l'individu d'origine.

Si cet embryon est implanté dans l'utérus d'une mère porteuse, on parle alors de clonage reproductif.

Appliquée à l'homme, cette pratique est condamnée unanimement au niveau international et est considérée comme un crime contre l'Humanité.

Dans le cas du clonage thérapeutique, les cellules des embryons clonés sont dissociées et conservées en culture ou congelées dans de l'azote liquide (-196 °C), afin d'éviter toute altération.

Ces cellules embryonnaires sont toutes des cellules souches pouvant être utilisées à des fins médicales.

Cette pratique est interdite en France mais autorisée dans certains pays tels que la Grande-Bretagne.

les problèmes éthiques soulevés par une telle technologie sont multiples.

Un embryon humain peut-il être utilisé comme source de cellules à finalité purement thérapeutiques ? Peut-on créer des embryons humains à volonté? !:embryon est-il un individu à part entière? À quel stade le considère­ t-on comme tel ? la recherche sur le clonage thérapeutique ne risquerait-elle pas de développer une technologie requise pour mener à terme le clonage reproductif? Le don d'organe En 1967, fut réalisée la première transplantation cardiaque de l'histoire de la médecine.

Cette prouesse Clonage thérapeutique et clonage reproductif Individu ' l ' ''""' m� t • mt• � culture de cellules Énucléation (prélèvement 1 du matériel nucléaire) 1 1 • Prélèvement du noyau Transfert nucléaire Stimulation électrique médicale fut opérée en Afrique du Sud, par le Pr.

Bamard.

Est alors apparue la notion de mort cérébrale, état dans lequel le cerveau ne fonctionne plus alors que les fonctions vitales (respiration et circulation sanguine) peuvent être maintenues artificiellement.

Il est alors •-----"" possible de prélever des organes sains sur un homme qui serait mort naturellement.

Cette avancée technique a obligé le législateur à changer un vieux précepte établi afin que les critères de la mort ne soient plus uniquerjlent restreints à l'arrêt du coeur.

Par ailleurs, des filières du marché noir commercialisant des produits humains, généralement prélevés sur des personnes démunies, seraient apparues.

Contre cela, la loi stipule que tout don d'organe est gratuit.

anonyme et se fait avec le consentement de la personne ou de proches dans le cas d'un individu décédé.

Toute commerdalisation est passible de prison.

Pour veiller au respect de ces règles, l'Agence de Biomédecine contrôle la provenance et la destination de tout greffon.

Cependant l'approvisionnement en greffon est faible car les dons sont rares et les prélèvements ne peuvent être faits que dans les cas de mort cérébrale.

Un des espoirs de voir cette pénurie diminuer et le trafic d'organes contrecarré est suscité par les " xénogreffes , appelées encore "xénotransplantations, (du grec : xenos, étranger).

Cette technique consiste à utiliser un organe provenant d'un animal comme greffon et d'associer un ensemble de traitements visant à empêcher tout rejet Du fait de l'origine non humaine du greffon, les xénogreffes permettraient d'éliminer les handicaps psychologiques générés par une greffe d'organe humain (la survie d'un patient dépendant généralement du décès d'un individu).

les espèces animales les plus étudiées à l'heure actuelle à cette fin sont le chimpanzé et le porc.

Malgré la multiplicité des travaux de recherche dans ce domaine, la technique de la xénotransplantation, en l'état actuel des connaissances scientifiques, n'est toujours pas applicable à l'homme.

De nouvelles études visent aujourd'hui à " humaniser , le porc afin de limiter les risques de rejet, c'est-à-dire à modifier le génome porcin de façon à ce qu'il ne soit plus perçu comme " étranger , par le génome humain.

L'EUTHANASIE À la fin de l'année 2004, la législation sur l'euthanasie a été révisée et assouplie.

À l'heure actuelle, toute pratique médicale ayant pour but de donner la mort à un individu, avec son accord ou celui de ses proches, est strictement interdite par la loi, ce quelque soit son état de santé.

Pour faire face aux souffrances des malades en fin de vie, les hôpitaux disposent d'unités de "soins palliatifs "· Créées en 1987, ces unités fournissent des soins visant à atténuer la douleur et à rendre, ainsi, une part de dignité à l'individu.

Parfois les soins palliatifs permettent seulement de prolonger la vie, sans espoir de récupération.

Dans de telles situations, la mort ne serait­ elle pas préférable? !:euthanasie n'est­ elle pas un moyen de mourir dans la dignité? les praticiens s'interrogent.

En cas de maladie grave, les médecins savent que l'équilibre mental des patients est souvent perturbé.

Quand le corps médical peut-il prendre vraiment en compte une demande d'euthanasie? À quel moment faut-il intervenir? De plus, si le patient est inconscient ou incapable de se prononcer, dans quelles situations peut-on accept�r une demande d'euthanasie formulée par - C lo nage thérapeutique (mise en culture pour produire un organe) Embryon reconstitué 1 ·, ...

�t embryonaire \ $ Clonage reproductif ses proches ? Certains redoutent que l'euthanasie puisse être utilisée pour mettre fin à la vie de personnes considérées comme " indésirables , ou " gênantes , pour la société.

De toute évidence, il apparaît essentiel que chaque demande soit accompagnée et examinée par le corps médical sans qu'aucune généralité ne soit établie ; les décisions ne peuvent être prises qu'au cas par cas.

UNE BIOÉTHIQUE INTERNATIONALE ? En ce début de XXI' siècle, les informations et les hommes circulent rapidement d'un pays à l'autre, facilitant ainsi le transfert des techniques.

les problèmes bioéthiques concernent, par conséquent le monde entier.

Qui pourrait rester neutre face à un pays qui autoriserait le clonage reproductif ou le tri des embryons selon leur sexe? C'est pourquoi certaines lois dépassent l'échelle nationale et sont reconnues par l'ensemble des nations.

Des organismes comme l'UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization) Qnt clairement interdit tout recours au clonage reproductif, à des techniques eugénistes ou à la commercialisation de gènes humains.

Or, comme les conceptions éthiques d'un pays reposent en grande partie sur des principes moraux, religieux et culturels, il existe des différences de législation d'une nation à l'autre laissant parfois apparaître certaines incohérences.

Par exemple, la Grande­ Bretagne autorise le clonage d'embryons humains à des fins de recherche thérapeutique et dispose aujourd'hui d'une collection de cellules souches utilisables pour différentes pathologies.

De l'autre côté de la Manche, les scientifiques français ne peuvent pas créer des embryons par clonage mais sont autorisés à en importer depuis la Grande-Bretagne.

!:embryon humain serait-il moins sacré en Grande-Bretagne qu'en France? Mais, devons-nous pour autant autoriser le clonage sous prétexte que nos voisins britanniques y ont recours ? En d'autres termes, la mondialisation des technologies ne va-t-elle pas entraîner une fuite en avant de la recherche sans réflexion éthique ?. »

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