Grand oral du bac : Aristote
Publié le 10/11/2018
Extrait du document

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE
Il serait sans doute exagéré d'attribuer à Aristote l'invention de la démarche scientifique consistant à rechercher les causes d'un phénomène afin de l'expliquer, mais il est, à n'en pas douter, le premier à l'avoir systématisée tant dans l'observation des faits que dans la construction des théories philosophiques. Cette attitude en fait le philosophe par excellence de la nature, ainsi que de l'être, en général.
L'Acte ET LA PUISSANCE
La problématique du changement est au cœur de la philosophie antique; comment et pourquoi une chose devient-elle ce qu'elle est? Comment peut-elle changer sans cesser d'être elle-même? Faut-il voir le réel comme un «tout» stable et éternel (Platon et les pythagoriciens) ou comme un mouvement perpétuel (Heraclite, les matérialistes)? Le génie d'Aristote est pour beaucoup dans la synthèse qu'il opère à partir de ses prédécesseurs.
Ce que devient un être est la réalisation effective (l'acte) d'une perfection qui préexistait en lui sous la forme de possibilité ou de potentiel (la puissance). Ainsi l'enfant est-il un adulte en puissance. Mais, cette théorie, qui fait de l'acte l'achèvement et le mouvement d'achèvement d'un être, laisse également supposer la présence de deux principes : un principe d'indétermination (la matière). rendant le changement possible, et un principe de perfection (la forme), qui donne à chaque être sa nature déterminée. Toute existence individuelle est donc un composé de matière et de forme. Enfin, ce qu'Aristote nomme substance correspond à l'être singulier (Socrate, cette table ...). irréductible à ses attributs essentiels, comme à ses particularités individuelles, ses \"accidents» (jeune, vieux, malade, en bonne santé, etc.). Ainsi, je (substance) peux devenir musicien (accident) sans cesser d'être moi-même.
Bien qu'il n'y ait \"de réel que l'individu, il n'y a de science que du général\"; c'est la raison pour laquelle Aristote confiera à la physique le soin de classer et de hiérarchiser les propriétés communes aux individus.
La métaphysique se charge quant à elle d'étudier \"l'être en tant qu'être\".
L'AMOUR DU SAVOIR
\"Tous les hommes désirent naturellement savoir» : cette affirmation de portée universelle s'applique particulièrement à Aristote lui-même. Animé d'un perpétuel désir de connaissance, le fondateur du Lycée peut être considéré comme le père de l'esprit scientifique et du réalisme philosophique. En s'attachant à comprendre le monde qui nous entoure, ses phénomènes physiques et les mécanismes de la vie, Aristote a légué en héritage à l'histoire occidentale, non seulement une démarche analytique rigoureuse, mais aussi un amour du réel et des êtres qui le composent. En ce sens, il a contribué à faire du savoir un plaisir.
INFATIGABLE CHERCHEUR
Une vie studieuse
Aristote naît à Stagire (aujourd'hui Stavros), en Macédoine, dans le nord de la Grèce vers 384 av. J.-C. Son père, Nicomaque, est conseiller et médecin (une tradition familiale) du roi Amyntas Il, sa mère, Phaétis, est issue de la noblesse locale. Orphelin vers l'âge de 11 ans, il ne se rend à Athènes qu'à 17 ans quand il entre à l'Académie, l'école de Platon. Surnommé \"le liseur» ou encore \"la pensée pure\", Aristote va rester auprès de Platon vingt ans durant. À l'Académie, il se voit confier l'animation des cours de logique et de rhétorique. Théophraste, le premier grand botaniste grec, sera l'un de ses élèves et amis. À la mort de Platon, en 348, Aristote quitte Athènes pour l'ile de Lesbos où il enseigne les sciences et la philosophie tout en poursuivant ses recherches, notamment en biologie. En 343, Philippe de Macédoine confie à Aristote l'éducation de son fils, le futur Alexandre le Grand; cette mission
dure trois ans, sans que l'on puisse dire que le philosophe ait exercé une grande influence sur le futur empereur. Sous le règne d'Alexandre, la paix s'installe à Athènes et Aristote décide d'y fonder une nouvelle école, le Lycée. En 323, la mort d'Alexandre ravivant un fort sentiment antimacédonien dans la population grecque, Aristote et sa famille sont contraints à l'exil. Il se réfugie dans sa région natale où, malade, il ne tarde pas à s'éteindre, en 322, à l'âge de 62 ans.
ARISTOTE, LES ARABES ET l'OCCIDENT
C'est par l'intermédiaire des traductions et commentaires de penseurs syriens. puis arabes, que l'œuvre d'Aristote est parvenue, au Moyen Âge, en Occident. Des manuscrits avaient été conservés au Proche-Orient alors que l'Occident romain, puis chrétien, ne disposait que de citations et emprunts plus ou moins fidèles. Trois penseurs arabes eurent une influence prépondérante dans cette transmission de l'aristotélisme. Considéré comme le plus grand philosophe de l'Islam, et surnommé \"le second Aristote», Abû-Nasr al-Fârâbi (v. 87Q-950} est non seulement l'auteur d'ouvrages de musique mais encore a conçu une simplification du système aristotélicien et une mise en conformité de ses idées métaphysiques avec la religion musulmane.
Avicenne (980-1037}, le \"Prince des médecins\", s'appuyant sur les principes de classification d'Aristote, rédige un Canon de médecine qui va faire autorité cinq cents ans durant. Son influence sur l'Islam est particulièrement importante.
Mais la contribution majeure est celle d'Averroès {1126-1198}. Rejetant les interprétations de ses prédécesseurs. ce dernier va rédiger ses propres Commentaires d'Aristote, arrivant à la conclusion que la raison peut se passer de la foi.
Traduits en latin par Albert le Grand, ces textes vont nourrir le débat théologico-philosophique de la scolastique et contribuer à l'émergence du thomisme, courant dominant du christianisme européen à partir du xiie siècle. Relayée par les dominicains et les jésuites, cette tradition a perduré jusqu'au xxe siècle.

«
l'ORCANON,
l'INVENTION DE LA LOGIQUE FORMELLE
La logique est l'art de raisonner
de manière à atteindre la vérité.
On doit à Aristote d'avoir différencié
le contenu, vrai ou faux, d'une
proposition, et les conditions, valides
ou invalides, d'élaboration d'un
raisonnement, indépendamment
de tout
contenu.
C'est cette
seconde
logique, appelée formelle, qu'étudie
un
ensemble d'écrits Oes Topiques, les
Analytiques ...
) réunis sous le titre
d'Organon (instrument).
Aristote découvre dans les deux formes
du raisonnement que sont l'induction
et la déduction «le mouvement
de l'esprit passant d'une chose connue
à une autre encore inconnue».
L'induction, par un effort
l'humanité de l'homme (qui implique
pensée, morale, «bipédie» ...
),
la «stablité» de la table (fonctionnalité,
surface plane ...
).
3 -La cause efficiente ou motrice :
c'est l'agent préexistant à l'être capable
de reproduire l'acte.
Le menuisier pour
la table, l'homme pour l'homme (par
la reproduction).
4 -La cause finale: elle correspond
au principe directeur, au but en vue
duquel la perfection se réalise.
Si le hasard existe, il est une exception
qui confirme la règle selon laquelle
«la nature ne fait rien en vain».
Ce finalisme aristotélicien fait de tout
mouvement une détermination
nécessaire et rend possible, par
là même, sa saisie rétrospective par
l'esprit.
En effet, si rien ne liait
nécessairement ce qui précède
le changement et ce qui en résulte,
l'idée même de causalité serait
impossible.
la cause finale d'un être,
c'est donc sa raison d'être, sa fonction.
d'interprétation,
permet de passer
du concret à l'abstrait.
des faits
particuliers observés à des règles
ou des jugements universels.
À l'inverse, la déduction conduit l'esprit
à partir d'une vérité universelle admise
vers un nouveau jugement.
et ce par
la comparaison de deux concepts à
l'aide d'un troisième, le moyen terme.
Ainsi s'élabore la théorie du syllogisme
qui permet de déduire de deux
propositions vraies (les prémisses) une
conclusion nécessaire.
Parmi les douze
figures possibles découvertes par
Aristote, la plus connue indique que
si A est affirmé de tout B.
et B de tout
(ou de quelque) C, alors A est
nécessairement affirmé de tout
(ou de quelque) C.
Ainsi: «Si tout
homme est mortel et si Socrate est
un homme, alors Socrate est mortel.,
Le syllogisme, comme l'ensemble des
instruments logiques, n'a pas pour
finalité d'accroitre les connaissances
mais de rendre tout raisonnement
rigoureux.
étant parfait.
ce dieu ne saurait
connaître que lui-même et n'aurait
donc aucune bienveillance ou attention
particulière pour ce monde changeant
et donc imparfait qu'est le nôtre.
En somme, il s'agit d'un dieu
de physicien, source du mouvement
mais non de l'être, fait davantage pour
séduire la raison que la foi.
LA PHILOSOPHIE
DE L'HOMME
THÉORIE DE L'AME
Si toute substance est composée
de matière et de forme, la forme propre
de l'être vivant, c'est son âme.
Celle-ci
est à la fois ce qui individualise et meut
-d e l'intérieur -l'individu.
Aux trois
catégories du vivant, végétal, animal,
humain, correspondent
hiérarchiquement trois facultés
de l'âme: sensibilité, motricité
et intelligence.
Seul l'homme possède
la dernière, l'intelligence, sans laquelle
la compréhension et la contemplation
":D-"IE'-'u'-, C:PR'-'E"'M"'IE"'R-'M"'O-'T':-EU '-'R'-;--:---- -I mais également la liberté dans l'action
L'aboutissement métaphysique
ne seraient possibles.
Distincte des
de la réflexion aristotélicienne est une sens, l'âme humaine est immortelle,
représentation dynamique et cohérente «part divine en l'homme», et la pensée
du réel où, loin d'exclure l'être, est
sa plus haute activité.
L'exercer
le mouvement et le devenir en sont conduit donc au plus grand des plaisirs:
des modes d'expression.
le bonheur.
De plus, la pensée d'un «acte pur»,
perfection substantielle du réel, rend
possible sans contradiction tant
la perpétuité du mouvement
et du temps que l'achèvement du logos,
raison et discours.
En effet, aux yeux
d'Aristote, l'acte pur, Dieu, est une
nécessité; du point de vue
de l'observation sensible, l'ordre
admirable du réel, l'harmonie des
éléments et le processus de la vie,
animation perpétuelle de l'être,
semblent, en effet, tendre vers une
suprême perfection.
La preuve
scientifique est, quant à elle, fournie
par la nécessité logique d'un premier
moteur instaurant le mouvement
circulaire du monde; infini dans ses
effets (le devenir perpétuel) mais
immuable lui-même, le Dieu d'Aristote
est la raison d'être (et non le créateur)
de l'ordre et du mouvement.
De plus, BONHEUR
ET VERTU
le bonheur est la fin de toute activité
humaine, qu'elle soit individuelle
(l'éthique) ou sociale (la politique).
La
morale nous enseigne les moyens
d'y parvenir.
Mais Aristote,
à la différence de Platon, ne fait pas
du Bien un en-soi absolu.
Il est le
couronnement d'un développement
individuel, un «bonus, divin accordé
à celui qui saura accomplir la fonction
qui lui est propre.
Cet accomplissement
est la vertu de cet être.
Le terme a
donc, chez Aristote, un sens plus large
que celui de «qualité morale», il définit
«la qualité de l'être».
Or, le caractère
distinctif -et donc essentiel -
de l'homme, c'est sa raison: être
et agir raisonnablement, voilà donc
sa vertu.
Pour commencer, l'homme devra lutter
contre ses passions, et ce, afin
d'acquérir une habitude, née
de la volonté, à agir vertueusement.
L'Éthique il Nicomaque répertorie
ainsi les principales passions humaines,
ainsi que les attitudes vertueuses qui
y répondent.
le principe général qui
gouverne la morale aristotélicienne
est celui du «juste milieu».
«Agir
sans manque ni excès», voilà ce
qu'indiquent la sensation, la raison
ou encore le sens commun.
Ce juste
milieu n'est donc pas une moyenne
entre deux états négatifs, mais un choix
réfléchi, positif et unique.
Il dépendra
de la situation de chacun: la générosité
n'aura pas la même «mesure" chez
le pauvre ou le riche.
Ainsi
de la prudence.
de la tempérance,
du courage, etc.
C'est donc cet
achèvement de nous-même -par
la réflexion et l'action réfléchie -qui
nous procurera le plus de plaisir et, par
sa stabilité, nous rendra heureux.
LA POLITIQUE
«Animal politique», l'homme vit
nécessairement avec ses semblables.
Dès lors, son épanouissement passe
aussi par celui des autres.
la morale
sociale se confond alors avec
la politique pour définir le cadre
vertueux de la vie collective.
À l'échelle des citoyens, en plus des
vertus individuelles, justice et amitié
doivent être recherchées.
En matière de
justice, Aristote dit préférer l'équité -
qui tient
compte
des
inégalités
-à l'égalité
stricte.
L'amitié,
quant à elle, est l'idéal supérieur
de la Cité et de l'individu: elle désigne
l'échange, ou mieux le partage de
l'intelligence, entre individus vertueux.
la science politique, quant à elle,
s'attache à inventorier les différentes constitutions
et à élaborer les
conditions réelles de l'exercice
de l'autorité en tenant compte
de cette finalité qu'est le «bien vivre».
En d'autres termes, le meilleur
gouvernement (a priori la démocratie,
mais des exceptions
géographiques
et historiques
existent) est celui
qui conduira à plus
d'indépendance et de sécurité.
La politique est
donc l'activité
pratique supérieure de l'homme
puisqu'elle conditionne son
développement moral et économique.
LA THÉORIE DE L'ART
Si les activités pratiques (éthique
et politique) ont leur finalité en elles
mêmes, Aristote étudie aussi ces
activités «en vue d'autre chose» que
sont l'art et la rhétorique, et qu'il
nomme «poétique».
Il est ainsi le premier à analyser
la technê, c'est-à-dire l'art de produire
des objets non naturels (artisanat,
sculpture, littérature ...
).
Sa théorie
de l'art aura une incidence particulière
sur la culture occidentale: l'art se doit
d'imiter (mimesis) la nature, la règle
étant de permettre au public de saisir
l'essence d'un être ou d'une action,
ou encore, comme
dans la tragédie,
de se libérer, par
le jeu, de ses
angoisses et de ses
craintes (catharsis).
Il n'est pas
jusqu'aux
dramaturges modernes (Lessing
ou Brecht) qui ne se soient référés
à cette théorie.
«Aristoteles dixit»: Aristote l'a dit.
Cette formule scolastique semble faire
de la parole de celui que le Moyen Âge
surnommait simplement.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Grand oral du bac : Arts et Culture L'ART DE LA PHOTOGRAPHIE
- Grand oral du bac : Arts et Culture LE BAUHAUS
- Grand oral du bac : Arts et Culture LE BAROQUE
- Grand oral du bac : WALT DISNEY
- Grand oral du bac : GEORGE ORWELL