Gorgias, PLATON - Résumé et analyse
Publié le 22/08/2022
Extrait du document
«
« Gorgias » de Platon :
Personnages : SOCRATE.
GORGIAS, sophiste qui vit de la rhétorique.
POLOS, rhéteur sicilien d’origine et partisan de GORGIAS.
CHEREPHON, disciple et ami de Socrate.
CALLICLES, hôte de GORGIAS, engagé depuis peu en politique, incarne le type
de public qui compose la clientèle des sophistes.
I.
Résumé de l’œuvre (pp.
7-134) :
1.
L’entretien entre Socrate et Gorgias :
Le dialogue s’ouvre sur l’arrivée (en retard) de Socrate et de Chéréphon dans la demeure de
Calliclès dans laquelle s’est tenue une réception.
Gorgias, l’hôte de Calliclès fut longuement interrogé
par les convives.
Socrate qui désire l’interroger sur ce qu’il est, sur ces activités et « sur la vertu propre
de son art » demande donc à le voir.
Puis Gorgias arrive et déclare pouvoir répondre à n’importe quelle
question.
Mais Polos qui estime que son ami a besoin de repos, demande à ce que la question de
Chéréphon lui soit adressée.
Ainsi, l’ami de Socrate lui demande la nature de l’art de Gorgias.
Or, Polos
à tendance à faire l’éloge de l’art de Gorgias et ne le nomme pas.
Pour Socrate, Polos s’exerce plutôt
« à ce qu’on appelle la rhétorique qu’au dialogue » à la ligne 12 de la page 10.
Puis il pose directement
la question à Gorgias qui lui, dit que son art est bien la rhétorique et que par conséquent, il est un
orateur.
Puis Socrate poursuit l’entretien en demandant à Gorgias d’être le plus précis et concis possible
dans ces réponses, Gorgias se considère comme l’un des meilleurs dans sa discipline.
Socrate suit donc
sa méthode (« la méthode Socrate ») qui vise à définir les termes importants du sujet de l’échange (ici
la rhétorique) avant de débattre, de parler de ces notions, de philosopher.
Gorgias explique alors que
la rhétorique est la science des discours, or elle n’est pas la science de tous les discours.
Pour lui, on
parle de rhétorique lorsque le savoir dont il est question « agit et achève son œuvre uniquement au
moyen de la parole » (lignes 10-11 de la page 13), sinon les autres arts, eux, prônent un savoir qui se
rapporte à des opérations manuelles.
Selon Gorgias, il faut considérer un art comme rhétorique si la
parole occupe une place principale et solitaire dans le processus.
Par exemple, le peintre ou le
sculpteur n’ont pas besoin de parler pour réaliser leurs œuvres, ces formes d’arts ne sont donc pas
rhétoriques.
Enfin, l’arithmétique qui allie parole et actes matériels, n’est, pour lui, pas suffisante pour
parler de rhétorique.
On peut donc en dégager une première définition proposée par Socrate :
⮚ La rhétorique (selon Gorgias) : un des arts qui se servent uniquement du discours pour
achever et parfaire leur œuvre.
(Définition proposée aux lignes 5 à 7 de la page 15).
Mais quand Socrate interroge Gorgias sur le sujet de ces discussions, ce dernier reste vague
car il explique que c’est le plus grand des biens, le bien suprême, supérieur à la santé, à la beauté du
corps ou encore aux biens financiers, celui qui donne la liberté pour soi et la domination sur les autres
(par le pouvoir de persuasion).
La rhétorique pourrait alors être définie comme tous les efforts visant
à persuader son auditoire or d’après Socrate, elle n’est pas le seul art qui a pour but la persuasion
d’une assemblée.
Ce à quoi Gorgias rétorque que la persuasion propre à la rhétorique est celle des
tribunaux et autres assemblées et elle a pour objet le juste et l’injuste.
Puis Socrate interroge Gorgias sur les notions de « savoir » et de « croire ».
Deux termes que
ce dernier considère comme distincts (selon l’argument qu’il y a des croyances vraies et des croyances
fausses alors qu’il n’existe pas de science vraie ou de science fausse).
Or, ces deux notions amènent à
la persuasion, il faut donc distinguer la croyance avec la science de celle qui ne la possède pas.
La
rhétorique serait donc de ce deuxième type : « la croyance sans la science » car il s’agit d’une opinion
qui vise à persuader un auditoire sans pour autant l’instruire.
Cet art de la rhétorique est très puissant,
il ne faut donc pas en abuser.
Or, parce que les réponses de Gorgias ne sont pas compatibles avec ses
propres propos tenus en début d’entretien, Socrate pense qu’il se trompe sur la notion de rhétorique.
Aussi, il dit que sans avoir étudié, simplement par la parole, un orateur peut paraître plus
savant que le savant lui-même alors qu’il n’en est rien, et ce seulement devant des « ignorants » car
dans le cas contraire, les individus se rendraient compte du subterfuge.
Enfin, Socrate conclut la
première partie de l’entretien en opposant les premières paroles de Gorgias qui disaient qu’un orateur
pouvait user injustement de son pouvoir de persuasion or « la rhétorique ne pouvait jamais être chose
injuste, puisqu’elle ne s’occupait que de la justice » aux lignes 16-17 de la page 29.
Il y a donc un
problème, des incohérences dans le raisonnement de Gorgias.
2.
L’entretien entre Socrate et Polos :
Puis la discussion se poursuit avec Polos, cela marque le deuxième grand moment du texte.
Ce
dernier reproche à Socrate d’avoir, par ses questions, voulu montrer les incohérences du
raisonnement de Gorgias, ce qu’il considère comme injuste.
A cela, Socrate répond qu’il doit le corriger
s’il considère qu’il se trompe mais toujours de façon concise dans ses interventions.
Les rôles
s’inversent alors, Polos interroge Socrate qui lui répond.
Polos lui demande alors ce qu’est, pour lui, la
nature de la rhétorique.
Ce à quoi Socrate répond qu’il ne s’agit pas d’un art mais plus d’une forme
d’empirisme et de routine, ainsi qu’une discipline mêlée à la flatterie.
Il propose alors cette définition :
⮚ La rhétorique (selon Socrate) : il s’agit d’une pratique étrangère à l’art, mais qui exige une
âme douée d’imagination, de hardiesse, naturellement apte au commerce des hommes.
(Définition proposée aux lignes 5 à 8 de la page 33).
Il livre alors une vision péjorative de la rhétorique, qui selon lui, est une discipline laide et mauvaise.
Puis Polos, lui, démontre que la rhétorique amène à la toute-puissance comme cela pourrait être le
cas pour un tyran.
Or, Socrate considère qu’il n’y a pas moins puissant qu’un orateur et un tyran car
ces derniers, qui agissent en vue d’obtenir des choses précises, vont avoir tendance, par leurs actions
à désirer des choses positives pour eux.
Il explique cela de la manière suivante : si une action est
nécessaire mais qu’elle lui apporte un désavantage, l’individu va devoir réaliser cette action à cause
de son caractère nécessaire mais il ne fera pas ce qu’il veut puisqu’elle lui est désavantageuse par
rapport à sa situation initiale, pourtant il la fait quand même.
Il n’est donc pas tout puissant parce que
la décision ne vient pas forcement de lui, il peut être contraint dans ses choix ou actions.
●
Citation de Socrate : « Le plus grand des maux, c’est de commettre l’injustice » lignes 1-2, page 43.
On a ensuite une opposition entre Polos qui envie le tyran et Socrate qui préférerait lui, la subir
plutôt que de la faire subir.
Pour lui, la puissance réside dans la capacité à faire le bien car le tyran
finira toujours par être puni à un moment ou un autre.
De plus, quelqu’un qui tenterait de le renverser
criminellement n’est pas moins malheureux aux yeux de Socrate, une conception que rejette
totalement Polos.
Socrate préfère donc subir l’injustice plutôt que de la créer (voir citation ci-dessus),
il ne se place pas du côté du tyran ce qui marque, une fois de plus, une opposition avec Polos.
Il
considère qu’il est plus laid de commettre une injustice que de la subir et de ce fait, il y aura une
souffrance plus importante chez celui qui commet l’injustice par rapport à celui qui la subit.
Les deux
hommes mettent un terme à ce sujet de discussion sans pour autant se mettre d’accord.
Le second sujet de discussion porte sur la question : « le plus grand des maux est-il de payer
sa faute quand on a péché ou est-il plus mal de ne pas l’expier, de ne pas le réparer ? » Socrate
commence par l’interroger sur la notion de justice, est-il juste de châtier à hauteur du dommage causé
quelqu’un qui a commis un crime ? Il estime également qu’une âme comporte des défauts qu’une
peine juste peut aider à bonifier car elle permet de se libérer de la méchanceté, ce qui rend cette
sanction « belle » et utile pour le criminel.
Socrate comme Polos se mettent d’accord sur l’idée que le
plus beau des arts est celui de la justice qui vient donc devancer celui de la médecine et de la finance.
Puis, le philosophe hiérarchise le malheur qui frappe les individus en fonction de leur situation :
Le plus heureux est donc celui qui ne possède pas le mal de l’âme, arrive ensuite celui qui
possède ce mal mais qui subit un traitement afin de la curer.
Enfin, le plus malheureux de tous est celui
qui garde son mal sans le traiter.
C’est à travers ce dernier point que Socrate lie le malheur de ces
personnes à celui d’un tyran qui ne sera jamais libéré de son mal par peur des conséquences que cette
décision pourrait impliquer pour lui.
Socrate se livre alors à une conclusion :
▪
1ère conclusion de Socrate : « commettre l’injustice n’est que le second des maux en grandeur ;
mais y persévérer sans expier et de tous le plus grand est le premier.
» Lignes 4 à 6, page 62.
Selon Socrate, la rhétorique se révèle être d’aucune utilité sinon d’échapper à une condamnation et
donc selon ses conclusions, vivre dans un malheur profond jusqu’à la fin de l’existence de l’individu
qui n’aura pas su s’expier de l’injustice dont il est l’auteur.
3.
L’entretien entre Socrate et Calliclès :
On entre alors dans la dernière grande partie du texte, l’entretien entre Calliclès et Socrate.
Ce
dernier reproche à Calliclès d’acquiescer tous ses raisonnements sans jamais dire « non » ce qui le
conduit à être en désaccord avec sa position initiale, avec lui-même.
Pour sa défense, Calliclès dit que
Socrate utilise la mauvaise foi pour défaire les arguments de ses amis car il utilise la nature et la loi qui
sont deux éléments, qui selon lui se contredisent.
Il les utilise en interrogeant sur l’un quand il est
question de l’autre pour créer une contradiction.
Puis Calliclès aborde le sujet de la philosophie et dit
qu’elle est importante pour des jeunes gens mais qu’elle n’a plus sa place lorsque l’on prend de l’âge.
Dans sa conception, elle nous écarte de ce qui se passe dans la société et ne nous donne en rien les
capacités, les armes pour se défendre face à des accusations (lors d’un procès par exemple).
Socrate
répond alors que Calliclès semble posséder trois qualités importantes qui permettent de savoir si une
âme vit bien ou pas : le savoir, la bienveillance et la franchise.
Il explique que rare sont les individus
qui possèdent ces trois qualités en même temps, Gorgias et Polos par exemple, manquent de franchise.
Ainsi, Socrate conclut que si Calliclès et lui tombent d’accord sur certains points, grâce aux trois
qualités que tous deux possèdent, on peut les considérer comme « suffisamment éprouvé de part et
d’autre » pour être considérés comme vrai, ou du moins ne pas avoir besoin d’être rediscutés.
Puis Socrate l’interroge sur la justice selon de la nature, le rapport de force qu’il peut exister
entre le fort et le plus faible.
Il commence par parler du droit naturel (ce qui est conforme à l’ordre des
choses) qui sert à juger de la légitimité du droit positif (les règles en vigueur dans une société donnée).
Pour Calliclès, le meilleur est aussi le plus puissant et le plus fort.
A la suite de la première partie de
l’entretien et ayant obtenu l’acquiescement de Calliclès, Socrate conclut que « selon la loi, il est plus
honteux de commettre une injustice que de la subir, et que la justice est dans l’égalité : c’est aussi
selon la nature » (lignes 4 à 6).
Il n’y aurait donc pas de de contradiction entre la nature et la loi.
De
plus, Calliclès démontre que pour lui, l’homme le plus puissant sera celui qui est le plus raisonnable,
intelligent, sage et courageux et qui intervient dans les affaires publiques, de l’État.
Ce sont également
ceux qui laissent libre cours à leurs passions et à leurs envies intérieures, ce que tout le monde n’est
pas en capacité de faire.
Socrate et Calliclès semblent se mettre d’accord sur l’idée que celui qui vit
sans but, sans besoin n’est pas heureux.
Puis, Socrate lui expose sa célèbre théorie des « tonneaux
percés ».
Cela s’explique par la nature insatiable de nos désirs, puisque le fait de répondre à un désir
en amène toujours des nouveaux et de ce fait, on n’est jamais satisfait de ce que l’on a puisqu’on veut
toujours plus, d’où cette image des tonneaux percés.
Socrate lui, considère qu’une vie bien réglée sans
tonneaux percés et une vie plus heureuse qu’une vie désordonnée.
Le philosophe en vient à des
théories poussées et étranges pour tester les positions de Calliclès (cf.
les malades de la gale sont-ils
heureux en se grattant ?).
Puis Socrate revient sur ce qu’avait dit Calliclès.
En effet, ce dernier avait déclaré que « le plaisir
et le bien sont identiques, mais que la science et le courage différent entre eux et différaient du bien.
»
Ensuite, il l’interroge sur ce qui est bon ou mauvais mais également à lui dire quelle sorte d’individus
peuvent être jugés ainsi.
De ce fait, selon Calliclès, le sage et le courageux sont bons ; le lâche et
l’insensé sont mauvais ; celui qui éprouve de la joie est bon ; le mauvais est celui qui éprouve de la
douleur, ainsi la joie et la douleur sont égaux au bon et au mauvais.
Après, Calliclès sous-entend qu’il
y a des bons et des mauvais plaisirs, que les bons sont utiles quand les mauvais sont nuisibles.
Puis Socrate en revient au langage.
Il prend l’exemple de la poésie qui est censée être agréable
pour une foule, or si l’on enlève le mètre et la musique, il ne reste que le discours au peuple, ce qui
pourrait marquer un lien avec la rhétorique et faire des poètes des orateurs.
Il dit alors qu’il existe
deux types d’orateur : ceux qui ont pour objectif d’instruire la foule et de les rendre meilleurs par leur
discours, et ceux qui sacrifient l’intérêt public pour leur intérêt privé.
Il soutient que les orateurs
mettent en place des stratagèmes pour influencer leur auditoire en utilisant des éléments qui, mis
bout à bout, forment un ensemble qui vise à convaincre, il y a donc un certain ordre.
Socrate fait alors
un parallèle avec l’ordre de l’âme (la discipline qui constitue la justice et la sagesse), et l’ordre dans le
corps qu’il appelle le sain (qui est responsable de la santé et des capacités physiques).
Puis Calliclès,
qui commence à en avoir assez des stratagèmes de Socrate, lui demande de conclure seul ou avec un
autre.
Socrate se lance donc dans un monologue qui reprend toute la conversation avec Calliclès
depuis le début.
Ainsi, l’agréable et le bon ne sont pas identiques mais....
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