Gilles Deleuze, inventeur d'univers

Apparentée aussi par certains aspects - en particulier par l’attention accordée à la vie - à l’existentialisme de Sartre, cette philosophie s’en distingue par le rejet du subjectivisme et de l’egologie. Le caractère anonyme du « plan d’immanence » rend son abord souvent déroutant pour des esprits familiers de la phénoménologie dans son interprétation du vécu.

Selon Deleuze, la vie ne se limite pas au vécu mais déborde le clivage entre sujets et objets, « pour-soi » et « en-soi ». Elle échappe à une réduction à l’« organique », qui n’en constitue qu’un aspect. Seul peut en rendre compte un concept comme celui de la monade leibnizienne, qui loge une vie immanente en tout point, sous réserve de lui faire subir cette transformation que Deleuze lui a imposée dans le Pli, Leibniz et le baroque (1988) : la vie est l’infinité des plissements qui irisent en tout point l’espace de l’Univers. Au philosophe de les déceler et de les exprimer, multipliant les vies, multipliant les univers.

Le philosophe Gilles Deleuze est né à Paris le 18 janvier 1925. Il enseigne de 1969 à 1988 à l'université de Vincennes-Paris VIII.

Une maladie le conduit à se donner la mort en « stoïcien », le 4 novembre 1995. Sa philosophie, qualifiée par Michel Foucault de « fulguration », a bouleversé les habitudes et les images traditionnelles de la pensée. Différence et répétition, Logique du sens (1969), puis l’Anti-Œdipe (1972) et Mille plateaux (1980), écrits en commun avec Félix Guattari, sont en résonance avec les aspirations de toute une génération. Qu’est-ce que la philosophie ? (1989) couronne, sans la conclure, cette œuvre révolutionnaire.