Georges Rouault
Publié le 26/02/2010
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Parisien, Rouault commença un apprentissage de peintre verrier puis suivit les cours du soir de l'École des arts décoratifs. Sa formation dans l'atelier des maîtres verriers rejaillira sur les thèmes et le style de sa peinture. En 1898, il entra à l'École des beaux-arts, étudiant aux côtés de Matisse et de Marquet dans l'atelier de Gustave Moreau. Admirateur de Rembrandt, ses premières oeuvres dénotaient encore d'une formation académique dont il se libéra vers 1905, où les tableaux aux traits gras qu'il exposa au Salon d'automne traduisaient son rapprochement avec les Fauves. Il trouva sa véritable inspiration dans la ferveur catholique. Il exprima sa piété en traçant le portrait d'archétypes de l'humanité misérable et de l'injustice sociale, des clowns, des prostituées et autres figures qu'il étudiait dans les tribunaux. Après la Première Guerre mondiale, il puisa son inspiration directement dans le thème religieux, atteignant l'apogée de son style dans les années 30. Rouault s'essaya à d'autres formes d'art : gravures, céramiques, dessins pour la tapisserie et décors scéniques (pour Diaghilev). Soutenu toute sa carrière par Ambroise Vollard, Rouault fit un procès retentissant de 1939 à 1947 aux héritiers de son marchand où il obtint gain de cause et établit par la jurisprudence le droit d'un artiste à disposer de la liberté de mettre en vente une oeuvre ou non. Il brûla en public les trois cent quinze toiles restituées, en signe de la liberté absolue de l'artiste sur sa création.

«
ROUAULT
1811
CET homme a mis tant de soins à se ménager une solitude, quand il n'était pas séquestré,
qu'on hésite à dire de sa vie plus que n'en laissent voir l'état civil, les palmarès, les catalogues
d'exposition
ou les gazettes de tribunaux.
A savoir: qu'il naquit le 27 mai 1871, 51 rue de la
Villette à Belleville, d'une Parisienne et d'un Breton vernisseur de pianos chez Pleyel; qu'il
entra en apprentissage à quatorze ans chez un verrier du nom de Hirsch, et qu'après avoir
fréquenté des cours
du soir et une école d'arts décoratifs, il fut admis aux Beaux-Arts en 1891
par Elie Delaunay, auquel succéda à la fin de cette même année Gustave Moreau.
Il obtient
en juillet 1892 un prix d'atelier pour une série d'œuvres à sujets religieux, en 1894 le prix Chena
vard pour l'Enjànt Jésus parmi les docteurs, en 1895 le prix Fortin d'Ivry et une récompense au
Salon.
Mais il se voit refuser, en 1893, le prix de Rome auquel il concourt avec son Samson tour
nant la meule et, également en 1895, avec son Christ pleuré par les saintes femmes qui avoisine aujour
d'hui le Christ de Grünewald au Musée de Colmar.
Après ce
dernier échec, il quitte, sur le conseil de son maître, le quai Malaquais et dès
lors
n'a plus guère de vie publique qu'en ses expositions et ses procès.
Exclu du Salon, ainsi que
la plupart des élèves de Moreau, après la mort de celui-ci (en 1898), il se réfugie aux Indépendants
et participe, en 1903, à la fondation du Salon d'automne.
Il participa aussi, vers la même époque,
à
un misérable litige qui opposait un de ses confrères à la Municipalité de Bordeaux et, de la
sorte, prit connaissance d'une Magistrature à laquelle il devait recourir pour son compte, de
1943 à 1947, afin de mettre un terme à la singulière affaire qui, pendant trente ans, réserva son
œuvre et jusqu'à sa personne à Ambroise Vollard.
Quand on aura ajouté que Rouault s'éloigna rarement de Paris et jamais plus loin que
la Suisse, qu'il fit un séjour à Ligugé avec Huysmans, fréquenta Léon Bloy, puis Jacques Maritain,
fut conservateur du :tusée Gustave-Moreau et qu'il est père de quatre enfants, on aura tracé
tout son curriculum vitte.
Mais tel quel, celui-ci dissimule un pittoresque que l'intéressé ne répugne
pas toujours à dévoiler et, surtout, il laisse ignorer certains drames et certaines grandeurs- dont
sa peinture n'est que l'image.
De ses confidences, retenons d'abord celle de son premier cri dont il pourrait faire aussi
son dernier,
car il prête autant à la prière qu'à la révolte.
Cri d'une innocence emprisonnée
dans
un univers de mornes besognes et de misères banales, mais plus favorable peut-être qu'au
cun autre à la lucidité intérieure: «Autre chose, autre part».
Nul risque toutefois que ce besoin
d'au-delà n'égare cet être en une évasion trop gratuite.
Il appartient à ce monde auquel nous
devons tous les génies religieux
de ces derniers temps: un Bloy, un Péguy, un Claudel, un Ber
nanos,
et qu'on appelle si justement celui des humbles parce qu'il est en effet le plus proche
de l'humus originel.
Il est le fils d'un homme dont il nous suffit de savoir ce beau mot: « Ah!
ces femmes qui font souffrir le bois! » Il n'est pas exagéré de prétendre que les êtres de cette
race ont une idée du travail humain et un sens de la matière qu'on peut qualifier littéralement.
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