Georges Duhamel écrit : « Le cinéma, parfois, m'a diverti; parfois même ému; jamais il ne m'a demandé de me surpasser. Ce n'est pas un art, ce n'est pas de l'art. » De son côté, le metteur en scène Jean Grémillon réplique : « Le cinéma dispose d'une puissance de conviction jamais encore égalée dans l'histoire des arts. » Examinez ces deux opinions et, à votre tour, dites en vous justifiant, si vous considérez le cinéma comme un art.
Publié le 30/06/2015
Extrait du document
«
sans pareille car, il n'est pas donné à n'importe qui de s'éle·
ver à l'univers poétique ou musical.
Il se demande alors, ce que le cinéma apporte au spec
tateur.
Duhamel reconnaît que ce spectacle l'a parfois
diverti et même ému.
Il lui confère des pouvoirs comiques
ou émouvants, mais lui dénie le pouvoir d'éveiller, chez le
spectateur, la possibilité de se surpasser.
Il le considère comme c un passe-temps d'illettrés, une
distraction d'ilotes, de créatures misérables, ahuries par leur
besogne et leurs soucis :.
.
Il
ajoute : c Le cinéma ne soulève aucune question,
n'aborde sérieusement aucun problème, n'allume aucune
passion, n'éveille au fond des cœurs aucune lumière.
:.
Selon lui, ce spectacle est mécanique.
Les images proje
tées sont si rapides et automatiques, la place accordée à la
parole si grande, que le cerveau du spectateur reste vide.
Mieux.
Duhamel pense que le cinéma ne développe pas
les qualités intellectuelles.
On va au cinéma pour se mélan
.ger et se perdre dans la foule, pour ne penser à rien.
On
devient une ombre comme tant d'autres dans une salle
obscure où chacun s'endort tout éveillé.
Duhamel ne croit même pas possible, pour le spectateur
de cinéma, de s'attacher à la féerie des images.
c Le dyna
misme même du cinéma nous arrache les images sur les
quelles notre songerie aimerait à s'arrêter.
:.
Bref, le cinéma
demeure une façon de s'oublier, de s'envoler dans le néant.
Ill.
- CE QU'ON PEUT EN PENSER.
De prime abord, le réquisitoire de Duhamel apparait
sévère.
Cependant, il s'explique par rapport à l'époque à
laquelle il a été prononcé.
Le cinéma faisait ses premiers pas.
Comme toute inven
tion nouvelle, il a provoqué enthousiasme et confusion.
Mais,
dans ses progrès constants, il a nettement pris conscience des
fins artistiques à atteindre et a évolué rapidement vers une
maturité féconde.
Tout laisse d'ailleurs croire qu'en émettant son juge
ment, Duhamel a surtout songé aux films de seconde caté-
-77.
»
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