FREUD: L'homme n'est point cet etre debonnaire
Publié le 17/04/2009
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QUESTIONNEMENT INDICATIF
• Quelle est l'importance des mots « instinctives «, « primaires « dans la détermination de la thèse de Freud ? • Les faits rapportés par Freud dans le premier paragraphe prouvent-ils en toute rigueur sa thèse ? Comment d'autres penseurs en rendent-ils compte ? • En quoi peut-on soutenir que « l'intérêt du travail solidaire « participe au maintien de la société civilisée ? En quoi Freud peut-il soutenir que c'est un « intérêt rationnel « ? • Comment comprenez-vous « réactions psychiques d'ordre éthique « ? • Que signifie ici « inhibé «, « identification « ; en quoi cela peut-il « limiter l'agressivité humaine «, « en réduire les manifestations « ? • De quoi Freud veut-il rendre compte dans ce texte ? Quelles sont les implications « morales « et philosophiques de sa thèse ? Que pensez-vous de sa thèse et de son argumentation ?
• Définitions Agressivité : « Tendance ou ensemble de tendances qui s'actualisent dans des conduites réelles ou fantasmatiques, celles-ci visant à nuire à autrui, le détruire, le contraindre, l'humilier, etc. « (Laplanche-Pontalis). Identification : « Processus psychologique par lequel un sujet assimile un aspect, une propriété, un attribut de l'autre et se transforme, totalement ou partiellement, sur le modèle de celui-ci « (id.). Inhibé quant au but : « Qualifie une pulsion qui, sous l'effet d'obstacles externes ou internes, n'atteint pas son mode direct de satisfaction (ou but) et trouve une satisfaction atténuée dans des activités ou des relations qui peuvent être considérées comme des approximations plus ou moins lointaines du but premier « (id.). • Cette hostilité primaire : La pulsion d'agression recouvre les pulsions de mort en tant que tournées vers l'extérieur. Or les pulsions de mort, avec les pulsions de vie auxquelles elles s'opposent, constituent une catégorie fondamentale, primordiale, de la vie psychique. • La civilisation... éthique : C'est par l'appel à la morale (religieuse ou laïque) et aux interdits qu'elle impose que la société tente de refouler l'agressivité, de la canaliser (par ex. dans la compétition) ou de la détourner (par ex. dans la guerre ou le sacrifice). • Restriction de la vie sexuelle : Selon Freud, « une partie de la pulsion de mort est mise directement au service de la pulsion sexuelle où son rôle est important «. C'est la raison pour laquelle les pulsions sexuelles ont tendance à être impérieuses et agressives.

«
courir ce risque, il prend pour objets de son amour « non plus des êtres déterminés mais tous les êtres humainsen égale mesure ».
Par là il évite « les péripéties et les déceptions inhérentes à l'amour génital en sedétournant de son but sexuel et en transformant les impulsions instinctives en un sentiment à « but inhibé »,c'est-à-dire distinct de la vie amoureuse génitale, même s'il en procède »'.
Mais la société et la civilisationtirent trop à elles l'individu, et la famille — en particulier les femmes — « ne veut pas lâcher l'individu ».
Lesfemmes en viennent « à contrarier le courant civilisateur ».
Or, « comme l'être humain ne dispose pas d'unequantité illimitée d'énergie psychique», il s'ensuit que «la part qu'il en destine à des objectifs culturels c'estsurtout aux femmes et à la vie sexuelle qu'il la soustrait».
La civilisation tend aussi bien «à restreindre la viesexuelle qu'à accroître la sphère culturelle ».
Les sociétés totémiques interdisent « le choix incestueux del'objet » et « par les tabous, les lois et les moeurs » multiplient les restrictions.
Nos sociétés elles-mêmescondamnent toute manifestation de la vie sexuelle enfantine et préparent ainsi les limitations de la vie sexuellede l'adulte, à qui n'est permis que l'amour hétérosexuel limité par la légitimité et la monogamie d'une unionindissoluble.
Mais «la vie sexuelle de l'être civilisé est [...] gravement lésée », ce qui est source de conflits etde violences réciproques entre l'individu et la société.Toutefois la civilisation impose à l'individu de plus lourds sacrifices par sa lutte contre l'agressivité innée del'homme.
Celle-ci ne fait pour Freud aucun doute.
« Il est vrai, dit-il avec quelque dédain, que ceux quipréfèrent les contes de fée font la sourde oreille quand, on leur parle de la tendance native de l'homme à la «méchanceté», à l'agression, à ladestruction, et donc aussi à la cruauté ».
Freud a été amené, en effet, à reconnaître que, à côté du principedu plaisir ou instinct érotique, « qui tend à conserver la substance vivante et à l'agréger en unités toujoursplus grandes, il devait en exister un autre, qui lui fût opposé, tendant à dissoudre ces unités et à les ramener àleur état le plus primitif, c'est-à-dire à l'état anorganique ».
Donc « leur action conjuguée ou antagonistepermettait d'expliquer les phénomènes de la vie ».
Ces deux principes, principe du plaisir (Éros) et instinct demort (Thanatos), se combinent en des alliages divers, le principe du plaisir se tournant vers le monde extérieuret se composant avec une pulsion agressive ou destructrice ou, au contraire, se tournant vers soi ets'accompagnant d'une tendance à l'autodestruction.
Cette ambivalence apparaît typiquement dans le sadismeet le masochisme.D'un côté, le processus de la civilisation est au service de l'Éros et tend à « réunir des individus isolés, plustard des familles, puis des tribus, des peuples ou des nations, en une vaste unité : l'humanité même».
Mais, del'autre, « la puissance agressive naturelle aux hommes, l'hostilité d'un seul contre tous et de tous contre unseul s'opposent à ce programme de civilisation» et l'évolution de la civilisation montre «la lutte entre l'Éros et lamort, entre l'instinct de vie et l'instinct de mort, telle qu'elle se déroule dans l'espèce humaine ».Une question se pose alors : «à quels moyens recourt la civilisation pour inhiber l'agression?».
Paradoxalement,elle retourne l'agression contre le propre Moi, en l'intériorisant grâce à cette partie du Moi qu'elle crée et quis'oppose à la partie agressive : le Surmoi.
Celui-ci, sous forme de conscience.
morale, exerce à l'égard du Moi« la même agressivité rigoureuse que le Moi eût aimé satisfaire contre des individus étrangers ».
Ce surmoi semanifeste comme sentiment de culpabilité et comme besoin de punition.
« La civilisation domine donc ladangereuse ardeur agressive de l'individu en affaiblissant celui-ci, en le désarmant, et en le faisant surveillerpar l'entremise d'une instance en lui-même, telle une garnison placée dans une ville conquise ».
Ce qui est bienet ce qui est mal est décrété par autrui et la dépendance absolue de l'individu à l'égard d'autrui se traduit par« une angoisse devant le retrait d'amour ».
L'instauration du surmoi, à qui rien ne peut rester caché, pas mêmedes pensées, fait qu'« un méfait uniquement médité» peut «tout aussi bien faire naître un sentiment deculpabilité qu'un acte de violence effectif ».
« L'agression par la conscience perpétue l'agression par l'autorité».
D'où l'état de tension continuel propre au sentiment de culpabilité.
Renforcer toujours davantage cesentiment, c'est le seul moyen dont dispose la civilisation pour obéir à sa « poussée érotique interne visant àunir les hommes en une masse maintenue par des liens serrés ».Tel est, selon Freud, «le problème capital du développement de la civilisation », dont le progrès «doit être payépar une perte de bonheur due au renforcement de ce sentiment ».
D'où un conflit permanent, latent ou ouvert,entre l'individu et la société.
La question de fond est de « trouver un équilibre approprié, donc de nature àassurer le bonheur de tous, entre ces revendications de l'individu et les exigences culturelles de la collectivité».
Cet équilibre est-il possible ? De la réponse dépend le destin de l'humanité.
FREUD (Sigmund). Né à Freiberg (Moravie), en 1856, mort à Londres en 1939. Agrégé de neuropathologie en 1885, il suivit à Paris les cours de Charcot et s'intéressa à l'étude de l'hystérie.
Ilfonda en 1910 l'Association Psychanalytique Internationale.
Il fit une série de cours aux États-Unis, devintprofesseur et, en 1920, professeur extraordinaire à l'Université de Vienne.
Il dut quitter l'Autriche en 1938.
-L'apport incalculable de Freud à l'histoire de la pensée consiste dans la création de la psychanalyse, qui est à la foisune psychothérapeutique, une « psychologie abyssale» exploratrice de l'inconscient et une théorie psychologique.
-Les composants psychiques de la personnalité sont : le moi, le ça et le surmoi.
L'inconscient est un système.
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