FREUD: L'homme n'est point cet être débonnaire
Publié le 08/04/2005
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QUESTIONNEMENT INDICATIF
• Quelle est l'importance des mots « instinctives «, « primaires « dans la détermination de la thèse de Freud ? • Les faits rapportés par Freud dans le premier paragraphe prouvent-ils en toute rigueur sa thèse ? Comment d'autres penseurs en rendent-ils compte ? • En quoi peut-on soutenir que « l'intérêt du travail solidaire « participe au maintien de la société civilisée ? En quoi Freud peut-il soutenir que c'est un « intérêt rationnel « ? • Comment comprenez-vous « réactions psychiques d'ordre éthique « ? • Que signifie ici « inhibé «, « identification « ; en quoi cela peut-il « limiter l'agressivité humaine «, « en réduire les manifestations « ? • De quoi Freud veut-il rendre compte dans ce texte ? Quelles sont les implications « morales « et philosophiques de sa thèse ? Que pensez-vous de sa thèse et de son argumentation ?

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violence lui est-elle naturelle ou provient-elle de causes purement culturelles, clairement identifiables et contraires àsa nature ?Ce questionnement doit être replacé dans son contexte.
Freud affirme avoir été frappé par le déchaînement deviolence qui s'est produit, au niveau mondial, pendant la guerre de 1914-1918, et c'est le choc que causa en luil'ampleur de cette guerre qui l'amena à s'interroger sur la source de l'agressivité humaine.
La thèse qu'il défend icicherche à dénoncer un mythe, celui de l'homme naturellement bon, de ce prétendu « être débonnaire, au coeurassoiffé d'amour », idée que répandit en particulier Rousseau au XVIII siècle.Pour Freud, la violence est une donnée naturelle et «première», active et non réactive, une conduite qui puise sasource dans les instincts de l'homme.
C'est pourquoi elle peut être rangée au rang de ses besoins, comme l'attestel'expression « besoin d'agression ».
Quelles preuves peut-on donner de cela ? Il suffit de constater ce que nousenseignent les crimes entre individus, comme ceux commis entre les peuples.Le « prochain », c'est-à-dire l'autre qui partage avec moi la vie en société, n'est pas seulement celui dont l'entraideet la coopération permettent, grâce à la division du travail, l'émergence d'une société complexe et organiséesuscitant l'éclosion de tous les fruits de la vie civilisée.
La philosophie a trop insisté sur la valeur d'« auxiliaire »,c'est-à-dire d'aide, que chaque homme représente pour tous les autres.
Elle a trop insisté aussi sur le fait que leshommes et les femmes, comme objets sexuels possibles, sont la condition de la reproduction de l'espèce.En réalité, la principale fonction ou signification d'autrui est d'être un objet de tentation, une cible sur laquelle jevais être tenté de « défouler » mes pulsions agressives.
C'est donc bien autrui qui me permettra d'avoir cette formede jouissance qui naît lorsqu'un besoin est satisfait, et ce besoin particulier, Freud l'a nommé «besoin d'agression».C'est pourquoi la thèse soutenue par ce texte tient principalement en ces lignes : «l'homme est, en effet, tenté desatisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain».
De cet enseignement, la sagesse antique a mêmetiré un proverbe que le philosophe anglais Thomas Hobbes rappela au XVII siècle dans son ouvrage Du citoyen : «Homo homini lupus » (l'homme est un loup pour l'homme).
Ce à quoi s'oppose cet extrait:
Freud s'oppose ici à tous ceux qui, comme Rousseau, font de la violence humaine une conséquence de la vie ensociété.
Ce dernier pose en effet que les hommes, à l'état de nature, connaissent cette solidarité mutuelle quefonde le sentiment de la pitié.
Par « pitié », Rousseau entendait la capacité de se mettre à la place de celui quisouffre, capacité qui amenait tout homme à aider son prochain.
Or l'état de société est venu rompre une tellesolidarité en créant, avec l'invention de la propriété privée, les injustices qui poussèrent les hommes à s'opposer etnon à s'entraider.Freud rejette une telle conception.
Selon lui, la tendance de l'homme à l'agressivité n'est pas seconde et dérivée,mais première et naturelle.
Nous en faisons l'expérience lorsque nous éprouvons en nous la violence immédiate de ceque les philosophes de l'âge classique ont appelé les « passions », c'est-à-dire les sentiments que la raison necontrôle pas, comme la haine et la colère.
Une fois admise la réalité de cette agressivité, il faut alors livrer laconclusion qui s'impose : elle « constitue le principal facteur de perturbation dans nos rapports avec notre prochain».
Autrement dit, elle n'est pas un phénomène social provisoire, appelé à disparaître avec l'émergence de sociétésou de systèmes politiques plus justes.C'est une donnée indépassable de la nature humaine, sans solution définitive.
Aussi, contrairement à ce qu'affirmeRousseau, il faut inverser les perspectives que ce dernier avait établies.
On ne doit pas dire que l'homme estnaturelle-ment bon et que c'est la civilisation qui l'a perverti, mais affirmer au contraire que l'homme estnaturellement agressif et que la civilisation est un remède provisoire et précaire.
Remède qui tente, tant bien quemal, d'adoucir les moeurs et de «policer» les rapports entre les hommes.Solution fragile, qui ne doit pas nous enlever notre lucidité, voire notre pessimisme, car le caractère originaire decette hostilité implique que, quelle que soit sa forme d'organisation politique, « la société civilisée » reste «constamment menacée de ruine.
»
FREUD (Sigmund). Né à Freiberg (Moravie), en 1856, mort à Londres en 1939. Agrégé de neuropathologie en 1885, il suivit à Paris les cours de Charcot et s'intéressa à l'étude de l'hystérie.
Ilfonda en 1910 l'Association Psychanalytique Internationale.
Il fit une série de cours aux États-Unis, devintprofesseur et, en 1920, professeur extraordinaire à l'Université de Vienne.
Il dut quitter l'Autriche en 1938.
-L'apport incalculable de Freud à l'histoire de la pensée consiste dans la création de la psychanalyse, qui est à la foisune psychothérapeutique, une « psychologie abyssale» exploratrice de l'inconscient et une théorie psychologique.
-Les composants psychiques de la personnalité sont : le moi, le ça et le surmoi.
L'inconscient est un systèmestructuré, qui se révèle par les rêves, les actes manqués.
Freud a insisté sur le rôle de la sexualité dans les conflitsde l'inconscient, les refoulements et les complexes.
Freud a eu l'immense mérite d'écarter« la dangereuse psychosede la dissimulation ».
Oeuvres principales : Etudes sur l'hystérie (en coll.
avec Breuer, 1895), La science des rêves (1900),.
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