FREUD: l'essence grandiose de la religion
Publié le 09/04/2005
Extrait du document
— Texte assez facile à cerner : il s'agit de comparer la religion et la science, en précisant les trois fonctions de la première, et comment la science ne leur correspond que très partiellement. — Le plan s'impose de lui-même : on consacrera une partie à chaque fonction, en suivant l'ordre suggéré par Freud dans la deuxième phrase de l'extrait. Il suffira alors d'illustrer ses affirmations en empruntant des exemples aux religions, mais aussi aux sciences. — Que peut-on en déduire quant à la possibilité d'une critique de la religion avec des arguments scientifiques ?
«
C.
Les causes finalesLa religion peut considérer l'existence d'une finalité globale du monde, alternativement consolante et encourageante.Que l'on admette qu'après la mort s'ouvre le terrain des « chasses éternelles », ou que l'on affirme que « lespremiers seront les derniers », ce qui importe est l'effacement de la souffrance actuelle et l'espoir d'un bonheur finalet définitif.
D.
Ambivalence de la scienceLorsque la science permet d'éviter certains dangers (on pense au progrès médical), elle ne propose aucun pari surl'au-delà.
De plus, elle demeure muette face à la misère : le religieux peut consoler, le scientifique n'a rien à dire.
Ceque l'on peut même ajouter à Freud, c'est que la science peut devenir responsable de certains désastres.
L'universtechnoscientifique peut déboucher sur des conséquences négatives pour l'humanité (militaires, mais pas seulement :problèmes d'écologie, etc.)
III - L'aspect moral
A.
La religion moraliseC'est l'aspect sur lequel la religion « s'éloigne le plus de la science ».
La croyance au divin (animiste, polythéiste oumonothéiste, pour reprendre la classification historique de Comte) s'accompagne de règles de vie.
Exemple : lesinterdits alimentaires (du respect de l'animal totémique à l'institution du Carême).
Le respect des règles permetd'espérer une sanction finale positive de l'existence.
B.
La science ne peut pas moraliserLes valeurs qui règlent la science n'ont rien à voir avec le bien ou le mal : une loi physique est juste ou fausse, enaucun cas bonne ou mauvaise.
Pour les scientifiques, le fonctionnement du monde ne peut être apprécié d'un pointde vue éthique.
La science est de surcroît étrangère à l'élaboration d'une morale.
Elle peut obéir à un codedéontologique (honnêteté, transparence des expériences, etc.), mais celui-ci n'est qu'une morale professionnelle,qui suppose en fait l'existence antérieure d'une morale générale dont elle constitue une application.
C.
L'hypothèse de la technocratieLorsque Burnham considère que le pouvoir devra appartenir aux « savants », il déduit de leur compétencescientifique une compétence relative au « bien public ».
Mais l'histoire du xxe siècle montre plutôt une disponibilitéde la science, pour tout usage que l'on parviendra à faire de ses résultats (Michel Serres : la science est « libre »,mais au sens où elle est « à prendre » — et la technocratie laisse place à la « thanatocratie », union singulière de lascience, de l'industrie et du politique).
En fait, loin de pouvoir produire des valeurs morales, la science a besoin derecommandations de l'extérieur (comités d'éthique).
Conclusion
Avec les trois fonctions qu'y repère Freud, la religion renvoie à une demande de l'enfance : l'être humain chercheune référence ou un pouvoir qui lui assure savoir, sécurité et justice.
Au contraire, la science ne s'adresse pas à unêtre en quête de sécurité ou de justice (elle risque même de l'inquiéter davantage), et elle ne comble pastotalement le désir de savoir.
Elle peut donc être décevante pour un esprit auquel sa revendication d'une raisonsans « tutelle », comme disait Kant, ayant accédé à sa libre maturité, peut même sembler aussi orgueilleusequ'incompréhensible..
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