François BACON et la nouvelle science
Publié le 22/02/2012
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Bacon a ébauché les règles de la méthode expérimentale.
a) La partie la plus originale de son œuvre, à cet égard, est peut-être l'analyse de tous les genres possiblesd'erreur.
Avant d'exposer la vraie méthode, Bacon s'emploie à chasser les préjugés, les fantômes qui, occupantl'esprit, le ferment à la vérité.
Ces fantômes à exorciser sont les idola tribus (fantômes de la tribu, de l'espèce), lesidola specus (fantômes de la caverne), les idola fori (fantômes du forum), les idola theatri (fantômes du théâtre).Voilà qui demande deux mots d'explication.
Les fantômes de la tribu sont les illusions anthropomorphiques les plusbanales, les erreurs provoquées par nos sens, par nos passions, par tout ce qui est en nous, comme on dira plustard « humain, trop humain » : par exemple notre tendance à croire qu'il y a dans l'univers plus d'ordre et d'harmoniequ'il n'y en a réellement, illusion qui pousse les astronomes à imaginer que les astres mobiles décrivent tous descercles parfaits.
Les fantômes de la caverne (allusion à la caverne de Platon) ce sont les illusions de l'hommeindividuel dues aux singularités de son hérédité, de son éducation, des événements de sa vie.
Les fantômes duforum ce sont les illusions qui procèdent du langage, l'habitude de croire vrai tout ce à quoi nous donnons un nom,la tendance à réaliser des abstractions.
Enfin les fantômes du théâtre sont les illusions propagées par les systèmesphilosophiques : « Car ces systèmes sont comme autant de pièces de théâtre que les divers philosophes sont venusjouer chacun à leur tour ».
L'éloquence de ces maîtres habiles — qui font leurs trois petits tours sur la scène del'histoire avant de céder la place à leurs successeurs — fait des disciples et des dupes.
C'est ainsi que dans lesdiscussions scientifiques les noms de Platon, d'Aristote ou de Pythagore sont brandis en guise d'arguments etretardent le progrès.
b) La partie positive de la méthode est essentiellement un appel à l'observation des faits, à l'expérience.
Ce n'estpas en faisant des syllogismes qu'on découvrira les secrets de la nature, car les syllogismes sont des assemblagesde mots, ils conviennent pour répondre à des arguments dans des disputes verbales, ils sont inefficaces pourarracher à la nature ses secrets.
Ce qu'il faut c'est accumuler les observations faire littéralement « la chasse auxfaits » que Bacon appelle « la chasse de Pan ».
Les faits répertoriés, il faut les classer selon des tables de « présence », d'« absence » ou de « degrés » quipréfigurent la méthode des concordances, des différences, des variations concomitantes que J.
Stuart Mill exposeraau XIXe siècle.
On reconnaît la présence d'une loi naturelle à ce signe que deux « natures » en connexion sonttoujours présentes ou absentes ensemble et qu'elles croissent et décroissent proportionnellement.
La lecture de ces « tables » permet de proposer l'hypothèse ; encore faut-il la vérifier par des expériences decontrôle.
Signalons à ce propos que c'est Bacon qui a créé le terme d'« instantia crucis » autrement dit d'expériencecruciale qui doit mettre la nature à la « croisée des chemins », c'est-à-dire permettre le choix entre deuxhypothèses, ou bien simplement dire si l'hypothèse proposée est vraie ou fausse sans équivoque ni discussionpossible.
Bacon, dans sa Préface à la Grande Restauration des sciences, caractérise ainsi sa méthode : « Nous croyonsmarier à jamais et d'une manière aussi stable que légitime, la méthode empirique et la méthode rationnelle, méthodesdont le divorce malheureux et les fâcheuses dissonances ont troublé tout dans la famille humaine, » Rationaliste etempirique à la fois, Bacon trouvera en fait des disciples dans ces deux courants de pensée.
a) Nous allons retrouver l'idée de méthode, de recherche rationnelle, l'idée d'une physique mécaniste chezDescartes.
b) Les philosophes anglais retiendront plutôt l'aspect empiriste de la pensée de Bacon.
Il est vrai que François Bacons'inscrit lui-même dans une tradition anglaise empiriste (celle de Guillaume d'Occam qui ne voyait que des mots dansles entités scolastiques, celle de Roger Bacon qui déjà mettait l'expérience au-dessus du raisonnement).
La traditionempiriste va se poursuivre avec Hobbes..
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